Suite à la diffusion du documentaire portant sur les agressions
sexuelles présumées de Michaël Jackson sur de jeunes enfants,
il est important de parler de quelques règles de droit qu’il faudrait
certainement appliquer à la situation.
Le public et de nombreuses entreprises ont été très vite à condamner
les gestes qu’on reproche à Michaël Jackson et on a même retiré
tout le répertoire de Jackson de certaines radios. Évidemment,
la réaction émotive est normale et le fait d’agir avec une grande
sévérité face à des allégations très graves sert aussi à envoyer un
message clair à ceux qui pourraient être tentés d’abuser d’enfants
innocents, mais cela ne permet pas les abus non plus contre la
succession de Jackson.
Les déclarations faites dans le documentaire par deux jeunes
hommes, qui ont été très détaillées, n’ont pas subi le test de la justice.
En effet, de son vivant, Michaël Jackson a fait l’objet de deux
procès criminels sur la question d’agressions sexuelles alléguées
et les deux fois, il a été acquitté, ne l’oublions pas.
Dans le procès de 2005, Jackson avait fait face à 12 accusations
très graves, allant du viol à l’enlèvement. Un jury l’avait acquitté de
toutes les accusations à l’unanimité, ce qui n’est pas rien. Un autre
procès, datant de 1993 et portant sur des faits similaires, s’était
terminé par une entente hors cour, Jackson ne souhaitant pas soumettre
certains témoins au cirque médiatique.
Toujours dans le cas des deux victimes alléguées dans le documentaire,
les informations sont corroborées certes, mais le principal
sujet n’est plus là pour se défendre. Michaël Jackson est décédé en 2009 à Los Angeles d’une surdose de médicaments. Or, la famille
de Jackson vient d’annoncer qu’elle déposera sous peu des
poursuites judiciaires en diffamation et dommages contre les auteurs
et participants au documentaire, déclarant que de très nombreux
faits étaient faux, inventés et non corroborés. Évidemment,
le documentaire a eu un effet très négatif sur les finances de la
succession.
Ce qu’il faut retenir dans toute cette affaire est que la prudence
est mère de sûreté et qu’avant de propager, de diffuser ou de participer
à la dissémination d’informations fausses ou incomplètes, il
existe un concept qu’on mentionne souvent, mais qu’on explique
très peu en matière de droit criminel ou civil, c’est la présomption
d’innocence. Au Canada, la Charte canadienne des droits et libertés
dit, à l’article 11: «Tout inculpé a le droit: d’être présumé innocent
tant qu’il n’est pas déclaré coupable, conformément à la loi,
par un tribunal indépendant et impartial à l’issue d’un procès public
et équitable.» Violer la Charte canadienne peut avoir de lourdes
conséquences en diffamation.
Aux États-Unis, comme pour la plupart des pays européens, la présomption
d’innocence est un principe fondamental du droit et elle
se fonde sur l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de
l’homme de 1948 de l’ONU. Toute violation par les médias ou diffuseurs
comme les participants aux médias sociaux, qui enfreignent
cette protection, s’exposent à des dommages importants, que le
jugement soit en faveur ou pas de l’accusé. Dans le cas de Michaël
Jackson, même décédé, il a droit à cette protection et je recommande
la prudence extrême avant de continuellement le traiter de
qualificatifs qui n’ont pas été corroborés par un jugement officiel!