La logique d’Elon Musk : créer des descendants pour sauver le monde, ou pour dominer ?

Photo Musk

Roger-Luc Chayer (Photo: Chip Somodevilla/via Reuters)

Pour de nombreuses personnes, le désir de fonder une famille est profond et s’inscrit dans une logique d’amour durable. Des parents souhaitent avoir des enfants pour transmettre une part d’eux-mêmes, vivre une relation unique et profonde, et prolonger leur histoire. Ils recherchent souvent un sens à leur vie, un lien affectif durable et la joie que procure l’éveil d’un enfant. L’idée de guider un être humain, de le voir grandir, apprendre, aimer, donne une impression de continuité et d’accomplissement. Certains y trouvent un élan naturel, d’autres y voient un projet de vie.

Mais il est malheureusement arrivé dans l’histoire de l’humanité que ce qui semble un projet anodin et noble à la fois tourne à la folie des grandeurs. On se souviendra qu’en Allemagne nazie, on souhaitait développer une race supérieure aryenne pour que le pays soit peuplé d’être ayant des caractéristiques similaires tout en excluant plus facilement les autres.

Qu’est-ce qu’une race aryenne ?

La notion de race aryenne provient d’une théorie pseudo-scientifique du XIXe siècle qui prétendait qu’il existait un groupe humain supérieur issu des peuples indo-européens. Popularisée et déformée par les idéologies racistes, notamment par le régime nazi, cette idée associait l’aryen à une image idéalisée de pureté, de supériorité intellectuelle et physique.

En réalité, il ne s’agit pas d’un concept biologique ou anthropologique valide, mais d’une construction idéologique utilisée pour justifier des politiques d’exclusion, de domination et de persécution. Évidemment aujourd’hui, cette notion est rejetée par la communauté scientifique et considérée comme dangereuse, car elle repose sur des fondements essentiellement racistes.

Elon Musk voudrait une « légion » d’enfants pour sauver l’humanité

Déjà dans la mire des observateurs internationaux pour un salut nazi effectué peu après l’élection de Donald Trump aux États-Unis — geste qu’il a toujours nié comme porteur de connotation idéologique — voilà qu’il relance la machine en déclarant vouloir peupler la Terre d’enfants, une véritable légion de bébés, pour, dit-il, « sauver l’humanité », et ce, avec son propre sperme…

Sauver l’humanité de quoi, me demanderez-vous ? Personne ne semble avoir de réponse claire à cette question. Mais si l’on pousse un peu la logique de Musk, en imaginant qu’il parvienne à engendrer 30, 40, voire 60 enfants de son vivant, lesquels se reproduiraient à leur tour sur une période de cent ans — soit quatre générations selon les modèles humains de reproduction — cela pourrait théoriquement mener à environ 2 400 descendants.

Calcul approximatif :

  1. Génération 1 (enfants de l’homme) : 60
  2. Génération 2 (petits-enfants) : 60 × 3 = 180
  3. Génération 3 (arrière-petits-enfants) : 180 × 3 = 540
  4. Génération 4 (arrière-arrière-petits-enfants) : 540 × 3 = 1 620

Total approximatif des descendants en 100 ans :

60 + 180 + 540 + 1 620 = 2 400 descendants

On connaît déjà les ravages qu’un seul Elon Musk peut provoquer aujourd’hui, sans parler de la froideur et de la cruauté dont il peut faire preuve. Imaginez maintenant 2 400 autres Musk, dans cent ans, formés et éduqués avec pour mission de dominer. N’est-ce pas là, en fin de compte, une version actualisée du modèle aryen prôné par un certain despote du passé ?

Et que ferait-il des enfants autistes, handicapés ou homosexuels ?

L’autre question qu’il faut se poser est d’ordre purement scientifique. Il est hautement improbable que tous les descendants de Musk lui ressemblent parfaitement, dotés — selon lui — d’une intelligence supérieure. Ce qu’il omet constamment de rappeler, c’est qu’il est lui-même autiste. Alors que ferait-il des enfants issus de sa semence qui présenteraient des fragilités ? Des enfants handicapés, atteints de troubles d’apprentissage ou de troubles de la personnalité les empêchant de s’intégrer normalement à la société ? Et pire encore, que ferait-il des jeunes nés de sa reproduction qui seraient homosexuels, ou plus tabou encore à ses yeux : transgenres ?

Elon Musk a révélé publiquement être atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme faisant partie du spectre des troubles du neurodéveloppement. Il a fait cette annonce en mai 2021 lors de sa participation à l’émission Saturday Night Live, où il a déclaré : « Je suis la première personne avec Asperger à animer SNL… ou du moins la première à l’admettre » .

Est-ce qu’il ségréguerait ces enfants ? Les parquerait-il dans des centres spécialisés, isolés du monde, pour dissimuler ce qu’il considérerait comme les « échecs » de sa génétique défectueuse ? Verrait-on alors le retour de camps de concentration peuplés des descendants « ratés » d’Elon Musk ?

Ne trouvez-vous pas que cette logique rappelle tragiquement celle du nazisme ?

Pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

onze + 10 =