La goutte est une maladie chronique fréquente liée au métabolisme de l’acide urique, dont la manifestation clinique la plus caractéristique est une monoarthrite aiguë du gros orteil. Elle est associée, bien que de façon inconstante, à une augmentation du taux circulant d’acide urique (hyperuricémie). Son évolution sans traitement se fait vers le dépôt d’acide urique dans plusieurs sites de l’organisme avec une prédilection pour les articulations (arthrite goutteuse), la peau (tophus) et les reins (néphropathie uratique), conduisant au maximum à des destructions articulaires invalidantes et à une insuffisance rénale terminale potentiellement fatale. Il ne faut pas confondre cette affection d’origine métabolique avec l’Hallux valgus, une déformation d’origine mécanique du premier métatarse du gros orteil, souvent causée par le port trop fréquent de chaussures inadaptées.
La cause exacte de la goutte reste inconnue. Une composante génétique est probable du fait de la fréquence des formes familiales et de la prévalence chez les sujets de sexe masculin, mais les facteurs environnementaux jouent un rôle non négligeable dans sa survenue : surpoids, consommation régulière d’alcool, alimentation riche en purines (viande rouge et abats notamment). Cependant, toutes les causes d’hyperuricémie ne sont pas des causes de goutte (il y a dans la population un sujet goutteux pour dix sujets hyperuricémiques). La prise en charge thérapeutique de la goutte comprend un volet symptomatique (soulagement des crises par les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou par la colchicine) et un traitement de fond (règles hygiéno-diététiques et dans certains cas médicaments hypo-uricémiants). Elle est complétée par une prise en charge en ergothérapie pour le soulagement des douleurs, l’éducation thérapeutique ainsi que la prévention articulaire.
La goutte est une maladie ancienne, décrite dès la Rome antique. La confirmation diagnostique n’est cependant faite que lorsqu’on retrouve des cristaux d’urates caractéristiques dans des tissus biologiques conservés jusqu’à nos jours. C’est le cas en particulier sur un doigt momifié de Charles Quint conservé au monastère Royal San Lorenzo de l’Escurial et examiné au microscope. Le diagnostic est bien souvent évident sur la description de l’atteinte articulaire et il n’est pas alors besoin de pousser plus avant les explorations. En cas de doute, la recherche des microcristaux d’urate au microscope dans le liquide de ponction de l’articulation atteinte assure le diagnostic. Lorsque la cause de la goutte, l’hyperuricémie, n’est pas traitée, la maladie devient chronique. Les dépôts de cristaux d’urate deviennent de plus en plus nombreux. C’est alors que l’on peut constater la présence de tophus. Cependant, les cristaux se déposent aussi au niveau des articulations, ce qui provoque une destruction du cartilage et des os avec des douleurs à chaque mouvement, et surtout au niveau du rein, où ils sont responsables d’une évolution vers l’insuffisance rénale, qui fait toute la gravité de la maladie. L’acide urique peut également précipiter dans l’urine, sous la forme de calculs (lithiase urinaire), qui bloquent les voies urinaires et y déclenchent des spasmes très douloureux. L’objectif du traitement est de diminuer l’uricémie en dessous de 60 mg/L (360 µmol/L)24, voire 50 mg/L (300 µmol/L). Un amaigrissement est souhaitable ainsi qu’une diminution significative de la prise d’alcool. La principale mesure est de réduire ou d’arrêter l’alcool. En particulier, la bière doit absolument être arrêtée, car elle contient des purines qui vont être dégradées en acide urique (curieusement la bière sans alcool expose au même risque d’hyperuricémie). Les alcools forts (cognac, whisky, etc.) doivent aussi être arrêtés. Le vin peut encore être consommé en quantité acceptable.