LE MUR DE MONTRÉAL

Image Voie Camillien-Houde

Roger-Luc Chayer (Image: Wikipédia)

La Ville de Montréal a récemment mis en œuvre son nouveau plan de circulation sur la voie Camillien-Houde, cette artère unique qui permet de traverser la ville d’Est en Ouest en passant par le Mont-Royal. Ce plan, loin de faire l’unanimité auprès des Montréalais, empêche désormais la traversée des voitures d’un bout à l’autre en installant une barrière au niveau du Lac des Castors. Cette entrave oblige les automobilistes venant de l’Est à faire demi-tour, de même que ceux qui arrivent de l’Ouest ou du centre-ville. En bouleversant ainsi des décennies de circulation au cœur du plus grand parc de la ville, les élus ont, selon certains, créé une sorte de « mur de Berlin » avec des effets tout aussi désastreux.

Pourquoi une telle analogie? Le mur de Berlin était destiné à diviser et à bloquer les échanges entre deux visions politiques, économiques, sociales et militaires dans la capitale allemande. Toute critique à son encontre faisait de l’opposant un paria. Ce phénomène se retrouve dans les débats autour de ce nouveau « mur de Montréal ».

La réalité est bien là : bien que Montréal se présente comme la deuxième ville francophone au monde, la situation est plus complexe. Depuis la Conquête et, plus tard, avec l’immigration européenne au 19e siècle, ceux qui ne parlaient pas français s’installaient à l’ouest de la ville, où il y avait davantage d’espace à développer. La ville est ainsi devenue une entité aux multiples visages, parfois même bipolaire. À l’Est, on retrouve la vieille population francophone ainsi que les nouveaux arrivants d’origines latine, haïtienne, et européenne (Italie, Portugal, Grèce, Espagne). À l’Ouest, ce sont plutôt les anglophones d’origine irlandaise, britannique, allemande et scandinave.

Depuis plus de 200 ans, la voie Camillien-Houde était le seul passage commun et central entre ces cultures historiques, mais aujourd’hui, elle est fermée. Ce « mur de Montréal » coupe toute possibilité de communication directe entre des communautés déjà parfois en décalage. Même en politique, les votes diffèrent : à l’Est, le soutien va souvent au PQ, à QS ou à la CAQ, tandis qu’à l’Ouest, les Libéraux dominent.

On parle d’un projet pilote de juin à octobre 2018, mais soyons clairs : la Ville envisage de rendre cette division Est-Ouest permanente, sous prétexte de favoriser piétons et cyclistes. Mais quelles en seront les répercussions à long terme pour les communautés culturelles? L’avenir nous le dira.

Valérie Plante laissera donc en héritage aux montréalais une voie fermée aux automobilistes en 2027.

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