Le Quebec Eldorado des chercheurs

Le Québec fait figure de deuxième patrie pour les chercheurs français, selon le numéro spécial Québec du magazine français Sciences et Avenir, en kiosque ces jours-ci.

«En France, on trouve une armée de chercheurs qui triment sans reconnaissance et quelques mandarins qui rayonnent; ici, on nous donne dès le départ un confort de travail avec un statut, un salaire et la possibilités de subventions», explique dans l’article Thierry Watine, directeur du département d’information et communication de l’Université Laval.

Une vision partagée par plusieurs autres chercheurs interviewés comme Françoise Winnick, spécialiste en nanotechnologies à l’université de Montréal, Claude Hilaire-Mracel, géochimiste à l’UQAM ou Sarah Jenna, directrice d’un laboratoire de génomique à l’UQAM. Les universités québécoises comptaient 617 professeurs français ou ayant terminé leurs études collégiales en France en 2007, sur 9315 professeurs. Le Québec attire autant d’étudiants de l’Hexagone (6800 en 2007) que les États-Unis. Selon Christophe Guy, directeur de l’École polytechnique de Montréal et français d’origine, 70 à 90% des chercheurs français immigrés au Québec s’y implantent définitivement.

Les chercheurs interviewés dans l’article ne tarissent pas d’éloges sur le système québécois. «On trouve ici une conception plus intelligente de la recherche scientifique avec beaucoup de discussions et de partage. Il ne s’agit pas de subir le système mais au contraire d’être sollicité pour réfléchir. Résultat, nous sommes motivés et productifs. Tout le monde y gagne», explique Julien Van Grevenynghe, chercheur en immunologie au CHUM. Il y a cinq ans, ce jeune Breton a rejoint l’équipe du Pr Rafick-Pierre Sékaly, célèbre pour ses travaux sur le sida…  et cerveau exilé en Floride depuis ce printemps. À son départ, cet imminent chercheur avait vertement dénoncé les compressions en sciences du gouvernement Harper. L’herbe est souvent plus verte chez le voisin…

L’interleukine-2 inefficace

Le traitement du VIH/sida avec l’hormone interleukine-2 (IL-2) est inefficace, ont montré des chercheurs québécois de l’Université McGill et des collègues américains et européens.

Dans un article publié dans le New England Journal of Medecine, les 14 scientifiques préconisent donc l’arrêt de tous les essais cliniques avec cette substance qui se tiennent dans le monde. Le Dr Jean-Pierre Routy, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, est l’un des signataires du document. L’interleukine-2 est actuellement utilisée en complément de la trithérapie antirétrovirale que reçoivent les patients atteints du VIH/sida.

La trithérapie contrôle de son côté la réplication du virus dans le sang et des chercheurs pensaient que l’IL-2 permettait de régénérer plus de cellules immunitaires CD4+ qui servent d’indicateur sur la progression virale. En aidant la maturation et la multiplication des cellules immunitaires, l’IL-2 aurait dû permettre d’augmenter l’immunité naturelle des patients, ce qui n’est pas le cas.

Le Dr Routy affirme que la présence de cette hormone entraîne bien une augmentation plus rapide des cellules immunitaires CD4+, mais celles-ci sont moins fonctionnelles que les cellules CD4+ régénérées naturellement par les patients sans apport d’IL-2.

Ainsi, le traitement par l’IL-2 n’apporte aucun avantage et ne permet pas d’éviter les maladies infectieuses liées au sida.