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Ce rapport a été préparé par le Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Direction générale des programmes des maladies infectieuses et de la vaccination, Agence de la santé publique du Canada. La publication de ce rapport n’aurait pas été possible sans la collaboration des unités de surveillance de la santé publique et de l’épidémiologie de toutes les provinces et de tous les territoires, dont la contribution continue à la surveillance nationale du VIH est grandement appréciée. Ce rapport est possible grâce à l’étroite collaboration et la participation de tous les partenaires de la surveillance du VIH.
Nous tenons à souligner les contributions inestimables des membres du Groupe de travail d’experts des communautés noires, qui ont examiné de façon critique le langage utilisé dans le présent rapport : Dr. Geoffrey Maina, Dr. Lawrence Mbuagbaw, et Wangari Tharao. Un merci et une reconnaissance spécial à Dr. Winston Husbands, dont la défense continue des communautés noires et les efforts de collaboration ont joué un rôle déterminant dans la création du Groupe de travail d’experts des communautés noires. Nous tenons également à souligner les contributions des membres du Groupe de travail personnes ayant vécu ou vivant une expérience concrète; de Laurel Challacombe et Andrew Brett de CATIE; Dr. Alex McClelland de l’Université Carleton; et du Dr Nathan Lachowsky, de Chris Draenos et de Ben Klassen du Centre de recherche communautaire (CBRC), qui ont également examiné ce rapport de façon critique.
Reconnaissance du territoire
Nous reconnaissons et admettons respectueusement que les territoires sur lesquels nous avons élaboré ce rapport de surveillance sont les terres ancestrales des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Nous reconnaissons notre privilège de vivre et de travailler sur ces territoires et nous nous efforçons d’établir des partenariats équitables avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis et de collaborer pour faire progresser la réconciliation au Canada.
Les données présentées dans le présent rapport de surveillance ont été recueillies par les organismes locaux de santé publique et soumises à l’Agence de santé publique du Canada (ASPC) par les provinces, les territoires ou d’autres programmes de surveillance du VIH. Ces organismes de santé publique travaillent sur des territoires qui sont les terres ancestrales des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Nous invitons les lecteurs à réfléchir sur les générations de Premières Nations, d’Inuits et de Métis qui se sont épanouis et qui se sont installés dans les territoires que vous appelez maison, ainsi qu’à exhorter les lecteurs à reconnaître les connaissances autochtones locales et à contribuer à la revitalisation culturelle et à l’autodétermination des communautés autochtones.
Sommaire
Le VIH au Canada, Rapport de Surveillance en date du 31 décembre 2022, publié par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), présente et décrit les tendances épidémiologiques nationales sur les diagnostics de VIH au Canada par région géographique, âge au moment du diagnostic, sexe, race ou origine ethnique et catégorie d’exposition entre 2013 et 2022. Ce rapport de surveillance présente des renseignements sur les premiers diagnostics dans les treize provinces et territoires (PT) et fournit des données probantes solides pour la planification, l’évaluation et la mise en œuvre des programmes de prévention et de soins du VIH et d’éducation.
La pandémie de la COVID-19 (SRAS-CoV2/Maladie du coronavirus 2019) a entraîné des répercussions, connues et inconnues, sur l’accès aux services de dépistage, de prévention et de soins du VIH ainsi que sur les activités de surveillance au Canada. Pour cette raison, les données pour 2020, 2021 et 2022 doivent être interprétées avec prudence. Les répercussions réelles et les effets durables de la pandémie de COVID-19 sur la transmission du VIH au Canada pourraient devenir plus clairs avec la poursuite de la collecte et de l’analyse des données de surveillance du VIH dans les années à venir. Comme les données de surveillance sont affinées au fil du temps par les PT, puisque les données sont périodiquement revues et mises à jour, les PT peuvent également communiquer des données de surveillance pour les années antérieures avec l’ensemble de données de l’année en cours. Les données historiques présentées dans le présent rapport ne correspondent donc pas exactement aux données historiques présentées dans les rapports nationaux précédents.
Les principales constatations comprennent :
- En 2022, 1 833 cas de VIH nouvellement diagnostiqués (c.-à-d. aucune preuve antérieure d’un test positif) ont été déclarés au Canada. Il s’agit d’une augmentation de 24,9 % par rapport à 2021 (1 468 cas déclarés). Cette augmentation peut être causée, en partie, par le renouvellement de l’accès aux services de dépistage du VIH dans les dernières étapes de la pandémie de la COVID-19 et par l’augmentation des volumes d’immigration venant du monde entier (après la levée des restrictions de la pandémie), comme l’a souligné Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Les déterminants sociaux de la santé et les tendances épidémiologiques exposent certains immigrants à un risque accru d’infection par le VIH avant et après leur arrivée au Canada. Bien que le volume d’immigration ait augmenté après la pandémie, la proportion de tests de dépistage du VIH positifs lors d’un examen médical de l’immigration (EMI) est restée faible et assez stable (0,3 % ou moins). L’augmentation du nombre de cas recensés par les EMI est proportionnelle à l’augmentation du nombre de EMI liés à l’augmentation des volumes d’immigration.
- Le taux national de cas de VIH nouvellement diagnostiqués était de 4,7 pour 100 000 habitants en 2022, soit une augmentation par rapport à 3,8 pour 100 000 habitants en 2021. Bien que le taux de 2022 se situe dans les niveaux pré-COVID-19, il doit être interprété avec prudence, car le taux de diagnostic pour 2022 inclut seulement les premiers diagnostics, tandis que les données des années antérieures à 2020 peuvent inclure les cas diagnostiqués précédemment en raison de l’évolution des méthodes de rapport de surveillance.
- Les tendances globales des dix dernières années montrent que le nombre de premiers diagnostics de VIH au Canada était relativement stable jusqu’en 2020, avec un pic précédent de 1 850 cas en 2016 (taux de 5,2 pour 100 000 habitants), puis une baisse à 1 325 cas en 2020 (taux de 3,5 pour 100 000 habitants), suivi d’augmentations en 2021 et 2022.
- Les données reçues par l’ASPC indiquent le sexe des cas, classé selon les catégories mutuellement exclusives sexe masculin, sexe féminin, transgenre ou non fourni. Dans certains cas, le sexe et le genre peuvent être confondus à tort dans ces données. Par conséquent, les données pour les cas déclarés comme sexe masculin ou sexe féminin peuvent exclure ou non les personnes transgenres. La déclaration peut ne pas correspondre à l’identité de genre des personnes, en fonction des procédures de collecte et de déclaration des données des provinces et territoires. La SSVS travaille activement à l’amélioration de sa collecte de données et de ses rapports afin de mieux représenter les communautés de diverses identités de genre.
- Le taux de diagnostic du VIH était de 6,3 pour 100 000 habitants chez les personnes de sexe masculin et de 3,1 pour 100 000 habitants chez les personnes de sexe féminin en 2022, ce qui constitue une augmentation par rapport aux taux rapportés en 2021 (qui étaient respectivement de 5,5 et 2,1 diagnostics du VIH pour 100 000 habitants).
- Les tendances récentes du taux de diagnostic du VIH chez les personnes de sexe masculin montrent une baisse continue des taux, qui sont passés de 8,4 pour 100 000 en 2013 à 6,3 pour 100 000 en 2022. Chez les personnes de sexe féminin, la tendance montre une légère augmentation, qui a atteint un pic de 2,7 pour 100 000 en 2019, et qui a augmenté à 3,1 pour 100 000 en 2022. Alors que le taux de 2022 chez les personnes de sexe masculin est resté inférieur aux niveaux prépandémiques de COVID-19, le taux chez les personnes de sexe féminin était plus élevé que les niveaux prépandémiques de la COVID-19.
- Lorsqu’il est réparti par tranches d’âge de dix ans, le taux de diagnostic du VIH dans le groupe des 30 à 39 ans était le plus élevé de tous les groupes d’âge, avec 13,1 pour 100 000 habitants en 2022.
- Les taux de diagnostic du VIH étaient au moins deux fois plus élevés chez les personnes de sexe masculin que chez les personnes de sexe féminin dans tous les groupes d’âge, à l’exception des groupes des enfants de moins de 15 ans (où le taux de diagnostic du VIH était plus élevé chez les personnes de sexe féminin), des 15 à 19 ans et des 40 à 59 ans.
- Bien que le taux national global ait augmenté de 2021 à 2022, il n’était pas uniforme dans toutes les provinces et territoires (PT) – cette augmentation n’a pas été observée en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et dans les territoires.
- Le taux de diagnostic du VIH le plus élevé parmi les provinces et les territoires a été enregistré en Saskatchewan, avec 19,0 pour 100 000 habitants. Le taux de diagnostic le plus faible a été enregistré dans la région des Territoires, avec 1,5 pour 100 000 habitants.
- Contrairement aux années précédentes, la plus grande proportion de diagnostics de VIH chez les adultes en 2022 a été attribuée aux contacts hétérosexuels (39,2 %). Selon la catégorie d’exposition déclarée, les contacts sexuels entre hommes continuent de représenter la plus grande proportion de diagnostics chez les personnes de sexe masculin, soit 51,1 % des diagnostics. Les contacts hétérosexuels continuent de représenter la plus grande proportion de diagnostics chez les personnes de sexe féminin, soit 60,1 % des diagnostics. L’utilisation de drogues injectables demeure également un facteur important tant chez les personnes de sexe masculin que chez celles de sexe féminin, représentant 20,5 % de tous les premiers diagnostics en 2022.
- La proportion de diagnostics attribuables à différentes catégories d’exposition variait également selon le groupe d’âge. Dans le groupe d’âge des 20 à 24 ans, les contacts sexuels entre hommes représentaient la plus grande proportion de diagnostics (52,0 %). En revanche, chez les 40 à 59 ans, les contacts hétérosexuels représentaient la plus grande proportion de diagnostics (50,1 %).
- Les données fondées sur la race constituent un élément clé pour reconnaître et comprendre les disparités dans l’accès aux soins liés au VIH qui découlent du colonialisme, du racisme, et des iniquités systémiques et structurelles historiques et actuels au Canada. Cependant, la déclaration des données sur la race ou l’origine ethnique varie considérablement d’une région à l’autre. Dans l’ensemble, les données sur la race ou l’origine ethnique n’ont été déclarées que pour 42.3 % des premiers diagnostics en 2022. Aucune donnée sur la race ou l’origine ethnique n’a été rapportée du Manitoba, de la Nouvelle-Écosse et du Québec.
- Parmi les 776 cas de nouveaux diagnostics pour qui la race ou l’origine ethnique ont été déclarées, 30.5 % des cas ont été déclarés comme étant des personnes blanches, 22.6 % ont été déclarés comme étant des personnes autochtones (Premières Nations, Inuits, Métis ou Autochtones non déclarés ailleurs) et 18.0 % comme étant des personnes noires. Étant donné que les données sur la race et l’origine ethnique ne sont pas manquantes par hasard, il est peu probable que ces proportions soient représentatives de tous les premiers diagnostics et doivent être interprétées avec prudence. En collaboration avec les membres de la collectivité, le Système de surveillance du VIH (SSVS) national a mis sur pied un Groupe de travail d’experts des communautés noires pour fournir des conseils et coélaborer des stratégies visant à améliorer l’exhaustivité, l’interprétation et la contextualisation des données sur la race ou l’origine ethnique. Le SSVS cherche à établir des partenariats similaires avec des représentants ou organisations des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
- Un nombre accru de migrants (immigrants, réfugiés et résidents temporaires) ont obtenu un résultat positif au test de dépistage du VIH lors d’un examen médical de l’immigration (EMI) au Canada ou à l’étranger en 2022 par rapport à 2021. Les données fournies par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) ont démontré qu’en 2022, le nombre total de migrants ayant obtenu un résultat positif au test de dépistage du VIH était de 2 119, ce qui représente 0,26 % de tous EMI, une proportion semblable aux niveaux d’avant la pandémie. En 2021, cette proportion était plus faible (0,12 %), puisque 865 migrants ont obtenu un résultat positif au test de dépistage du VIH, ce qui correspond à des volumes d’immigration plus faibles au cours de cette période, suggérant que la forte augmentation des cas de VIH détectés chez les migrants en 2022 était le résultat d’une augmentation des volumes d’immigration.
- Parmi les 239 nourrissons signalés comme ayant été potentiellement exposés au VIH en 2022, 96,2 % sont nés de personnes ayant reçu un traitement antirétroviral (TAR). Il y a eu six nourrissons qui ont contracté le VIH de façon périnatale, dont deux étaient nés de personnes qui n’avaient reçu aucun traitement antirétroviral, trois étaient nés de personnes qui avaient reçu un traitement antirétroviral partiel et un était né d’une personne dont le statut de TAR n’était pas connu.
- En 2022, 84 cas de syndrome d’immunodéficience acquise (sida) ont été déclarés, soit une baisse continue depuis 2013. Cependant, les résultats doivent être interprétés avec prudence, car les données sur le sida n’ont été présentées que par quatre provinces en 2022 (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Ontario et Saskatchewan) et, où l’information était disponible, les cas sont probablement sous-déclarés.
- En 2022, 129 décès ont été attribués au VIH. Cela représente une diminution par rapport aux 133 décès attribués au VIH en 2021, mais ces décès sont encore probablement sous-déclarés.