ÉDITORIAL SPÉCIAL Roger-Luc Chayer: (Photo: AFP)
Le 6 novembre 2024, Donald Trump a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle américaine avec une large majorité. Il deviendra donc, le 20 janvier 2025, Président des États-Unis pour un second mandat. Comme il s’agira de son dernier mandat possible selon la Constitution américaine, il pourrait être tenté de réaliser tout ce qu’il n’a pas pu accomplir la première fois, ce qui pourrait avoir des répercussions coûteuses pour l’humanité.
Non seulement il a réussi à se faire réélire, mais il a également obtenu une majorité au Sénat, alors que jusque-là, les républicains y étaient à égalité avec les démocrates. De même, les républicains ont pris la majorité absolue à la Chambre des représentants. Il est important de comprendre qu’un président qui contrôle les deux chambres du Congrès américain détient, en pratique, un pouvoir quasi absolu, sans opposition suffisante pour freiner ses projets.
Cela, sans compter les nombreuses élections locales dans les différents États, qui ont également placé une majorité de nouveaux élus républicains.
Le vote populaire
Le problème, pour ceux qui considèrent qu’il y en a un, est que Trump a également remporté le vote populaire avec une majorité écrasante. On pourrait penser que le meilleur candidat l’a emporté et que le peuple américain a simplement exprimé son choix. Pourtant, ce n’est pas aussi simple.
Malgré une campagne irréprochable de la vice-présidente Kamala Harris et un financement plus que suffisant, ce sont les électeurs démocrates qui, en grande partie, ne se sont pas mobilisés, alors que les résultats auraient pu être différents s’ils s’étaient déplacés.
Avec plus de 230 millions d’électeurs inscrits pour cette élection, l’importance d’aller voter prenait toute son ampleur, compte tenu des enjeux. Pourtant, 30 % des électeurs démocrates ne se sont pas présentés aux urnes ! On peut, et on doit, conclure que ce sont ces 30 % d’électeurs démocrates abstentionnistes qui portent la responsabilité de l’élection de Trump et de ses répercussions sur la composition du Congrès. Le vote populaire a été de 71,5 millions pour les républicains et 66,5 millions pour les démocrates.
Crise mondiale pour les LGBTQ
Une des conséquences de cette élection sera la menace qui pèse sur la communauté LGBTQ à l’échelle mondiale. Les républicains de Trump, on le sait déjà, ne considèrent plus les LGBTQ comme une minorité à protéger. Ils estiment qu’il s’agit de personnes vivant une sexualité jugée ‘hors norme’ et que, par conséquent, ce n’est pas à l’État de soutenir leur épanouissement. Pour certains républicains, le VIH/SIDA est perçu comme une conséquence d’actes immoraux, voire une forme de punition divine.
On peut donc s’attendre à des coupes importantes dans les services destinés aux LGBTQ, notamment à l’abolition de plusieurs programmes spécifiques aux personnes trans, comme la couverture médicale, l’aide à l’emploi et le soutien social.
Une autre conséquence grave pour les communautés LGBTQ à l’international concerne l’aide financière américaine, souvent conditionnée au respect des droits de l’homme, y compris ceux des minorités LGBTQ, dans de nombreux pays en développement.
Sous la présidence d’Obama, l’aide américaine avait été liée au respect des droits humains, notamment dans des pays africains qui adoptaient des lois répressives à l’encontre des personnes homosexuelles, allant jusqu’à la peine de mort, la persécution et le déni de droits sociaux. Cette condition avait grandement contribué à protéger les droits fondamentaux des communautés LGBTQ dans ces pays.
En 2023, Donald Trump avait déjà annoncé que, s’il était réélu, il ne lierait plus l’aide américaine aux droits des LGBTQ, jugeant cela comme une ingérence injustifiée dans les affaires intérieures des États indépendants. Il prévoyait plutôt d’orienter cette aide vers des engagements économiques afin de réduire l’influence de la Chine et de la Russie en Afrique.
Une crise des réfugiés à craindre pour le Canada
Une autre conséquence de l’élection de Donald Trump et de ses majorités absolues au Congrès est la menace qu’il fait peser sur les réfugiés étrangers présents aux États-Unis. Il a récemment pris pour cible les Haïtiens, affirmant qu’ils mangeraient les chiens et les chats des Américains et déclarant vouloir les expulser sans ménagement le plus rapidement possible.
Il en va de même pour les nombreux réfugiés et immigrants en attente de statut légal, qu’il qualifie d’illégaux alors qu’ils attendent en réalité des décisions judiciaires sur leur dossier. Trump les décrit comme des agresseurs, des violeurs et des criminels dangereux.
Il est facile de croire que ces immigrants, quel que soit leur statut, ne voudront pas attendre le 20 janvier 2025 pour fuir le pays et échapper à la persécution à laquelle ils risquent d’être soumis. Ils pourraient tenter de se rendre rapidement au Canada, ce qui pourrait entraîner une crise humanitaire majeure. Quant au Mexique, il est peu probable qu’il leur permette d’entrer, ayant déjà pris des mesures pour les expulser vers les États-Unis.
Une élection qui aura des conséquences à tous les niveau dans le monde
Seul le temps nous dira quelles seront les conséquences de l’élection américaine de 2024 sur le monde. Toutefois, la leçon à retenir de cette situation repose en grande partie sur les épaules des électeurs démocrates qui, pensant sans doute que Madame Harris l’emporterait facilement, ne se sont pas présentés aux urnes.
Ce qui est arrivé aux États-Unis pourrait également se produire dans n’importe quel autre pays démocratique. Le droit de vote est un droit fondamental. Dans certaines démocraties, pour éviter un scénario semblable, le vote est obligatoire sous peine de contravention. Plusieurs pays importants imposent le vote obligatoire, comme l’Argentine, l’Australie, la Belgique, le Brésil, Singapour et la Thaïlande, pour n’en citer que quelques-uns.
Bien que le vote obligatoire ne garantisse pas nécessairement de meilleurs résultats, il reflète plus fidèlement la volonté populaire et, dans certains pays, il est perçu comme un devoir civique, tout comme posséder un permis de conduire ou respecter les lois.
Souhaitons-nous bonne chance pour la suite…
Excellent commentaire, merci Richard.
Bonjour, très intéressant comme article sur les élections américaines 2024, en effet ma soeur qui vit à Philadelphie, l’a mentionné lors d’une entrevue avec des journalistes, sans s’en cacher, elle a sous-entendu que les démocrates surtout les femmes dont le mari était républicain, n’ont pas nécessairement eu le courage d’aller voter. Que sera sera, mais évitons de faire de l’anxiété, nous ne pouvons plus rien y faire. Il y aura sans doute beaucoup de déception du côté des Redneck qui ont votés pour Trump dans les prochaines années, ce sont encore les pauvres peu éduqués et influençables MAGA, qui vont en payer le prix. C’est malheureux et que dis-je concernant les politiques internationales. Ça risque d’être compliqué pour le monde entier sauf pour les riches qui ne cessent de s’enrichir. Il y a tellement à dire. Un vrai scénario de fiction.