Les bêtabloquants: le faux débat!

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Roger-Luc Chayer

Au moin de mai dernier, un débat est survenu dans les médias nationaux portant sur l’utilisation de bêtabloquants par certains musiciens ou artistes de la scène en les accusant de se « doper » pour pouvoir performer artificiellement. Le traitement de cette nouvelle était non seulement choquant, mais empreint de forts préjugés qu’il faut aujourd’hui expliquer… Selon la Fondation des maladies du Coeur, « Les bêtabloquants réduisent la charge de travail imposée au cœur. Ils réduisent ainsi votre fréquence cardiaque (votre pouls) et votre pression artérielle. Si votre cœur est affaibli, certains bêtabloquants peuvent le protéger et l’aider à se renforcer. » Non seulement les bêtabloquants ne sont pas des drogues pouvant créer une accoutumance, il s’agit de médicaments qui, même s’ils sont utilisés par des artistes de la scène pour contrer les effets de l’adrénaline, ne sont pas pour autant assimilables aux stupéfiants puisqu’ils n’ont aucun effet sur la conscience ou la perception de la réalité.

Prenons le cas de Flavio, violoniste professionnel dans un grand orchestre de Montréal. « Pendant des années, je ressentais toujours une sensation d’op-pression thoracique et cette sorte de tremblement intérieur qui me rendaient insécure en public, sans que je ne puisse comprendre ce qui se passait. Mon médecin m’a alors parlé de l’utilisation de bêtabloquants par plusieurs musiciens et gens du théâtre pour diminuer les effets de l’adrénaline, un excitant naturel produit par le corps, pour pouvoir focaliser sur son interprétation artistique. Pour moi ça a été une révélation», déclare le musiciens qui reçoit sa médication sous prescription depuis plus de 4 ans. Qu’un musicien traite les effets anormaux du stress pour mieux performer ou qu’une personne soigne son diabète ou son arthrite pour mieux livrer son spectacle n’a rien à voir avec l’utilisation de stupéfiants, comme le mentionnaient de nombreuses personnes en réplique à la nouvelle du principal média qui avait fait monter en épingle, comme toujours, une nouvelle qui n’avait pas sa raison d’être. Dans les faits, les bêtabloquants sont non seulement utilisés depuis plus de 40 ans pour les arts de la scène, ils le sont aussi pour traiter les états de stress post-traumatique avec succès. Il s’agit d’un élément positif à ne pas négliger et surtout, à ne pas soumettre aux préjugés…