Roger-Luc Chayer
En octobre dernier, l’animateur vedette et comédien ouvertement gai Joël Legendre plaidait coupable à une accusation d’obscénité ou d’indécence selon l’article 4,08a du règlement municipal de Longueuil et était condamné du coup à 438$ d’amende.
Selon l’accusation, Monsieur Legendre avait été surpris en flagrant délit par un policier dans le Parc Marie-Victorin à poser un geste indécent.
Selon le dictionnaire Larousse, être indécent est «le caractère de quelqu’un, de son comportement qui ne respecte pas les convenances en matière sexuelle, qui manque de pudeur». Quand à l’obscénité, il s’agit d’une «action, parole, image qui blesse la pudeur». Nous sommes donc ici dans la sexualité!
Or, Joël Legendre, lorsqu’interrogé par le Journal de Montréal, a déclaré qu’il n’avait fait qu’un petit pipi au parc, un parc reconnu pour les rencontres homosexuelles. Faire pipi derrière un arbre n’a rien de sexuel, tout au plus il s’agirait d’un autre règlement sur le fait d’uriner en public.
Ce qui frappe le plus dans le comportement de Monsieur Legendre, c’est que lorsque confronté par le Journal de Montréal, il a d’abord déclaré que l’affaire ne lui disait rien. Lorsque le journaliste lui a montré les documents, il a répondu qu’il s’agissait d’une histoire inventée, mentant en pleine face à la population sur des gestes qui ne lui font absolument pas honneur. C’est ce qui m’a inspiré ce texte, car Joël Legendre n’est pas n’importe qui!
Présenté comme un modèle à suivre dans la société, autant dans le milieu gai que pour certaines oeuvres caritatives, Joël Legendre a effectivement le devoir de se comporter de façon irréprochable dans sa vie publique. Un personnage public qui fait pipi ou se branle dans un parc public ne peut invoquer le droit à sa vie privée. Son association avec Enfant Soleil et sa morale de vie que l’on présente comme propre, sans alcool ni viande, l’obligent certainement à une rigueur morale au-dessus de la moyenne puisque sa carrière repose essentiellement sur ces valeurs. Est-ce que se promener la bitte à la main ou, si on devait le croire, pisser derrière un arbre dans un parc était sa seule contribution pour remercier le Québec? Était-ce là sa seule contribution à une société qui se sera fiée sur lui pour montrer l’exemple, le bon exemple du moins? L’indécence n’a rien à voir avec l’urine, il y avait des toilettes dans ce parc, il aurait pu y aller si ça avait été vrai. Non, Joël Legendre s’est fait prendre la bitte à l’air en train de faire «allez savoir quoi» et c’est à son conjoint qu’il faut songer, à ses enfants qui vont devoir vivre avec cette honte toute leur vie. En agissant ainsi, M. Legendre a suscité des réactions extrêmes de la part du public qui a associé homosexualité et perversité, de même qu’homosexualité et pédophilie. Joël Legendre a fait reculer les acquis de la communauté gaie québécoise des dernières années, et c’est en cela que l’offense est grave! Est-ce qu’il devrait toujours être un exemple de gai à suivre? Non merci.