LES MÉDIAS GAIS PROFESSIONNELS

Roger-Luc Chayer

Je lisais récemment sur la page Facebook d’une association de citoyens de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, à propos d’une série de critiques formulées à l’encontre de la mairesse de Montréal Valérie Plante, un commentaire à l’effet que les médias francophones ne couvraient pas adéquatement la Mairie, et que seuls les médias anglophones osaient publier des articles controversés sur Madame Plante. J’avais alors répondu que les médias francophones comme Gay Globe parlaient régulièrement de Valérie Plante et on m’a répondu que nous n’étions pas un média «main stream», mais spécialisé, donc de petite envergure.

Or, ce n’est pas le cas. Les médias à grands budgets font un travail quotidien et publient des nouvelles générales portant sur de nombreux sujets, mais quant à la question LGBT ou aux sujets qui nous intéressent comme représentants de 15 à 25% de la population, nous avons une pertinence parfois bien plus importante que TVA, Radio-Canada ou Le Devoir. Il y a d’ailleurs des sujets que ces médias ne traiteraient jamais, d’où l’importance d’une presse LGBT professionnelle, libre et efficace.

Le problème est que dans la tête de certains politiciens, un média gai est moins important, est moins diffusé donc pas la peine de répondre à ses questions. Faux! Nous ne sommes plus à l’ère du journal de papier vendu dans les dépanneurs ou livré à domicile dans lequel la nouvelle est strictement encadrée par le papier qui ne trouve aucun autre débouché pour circuler. Nous sommes à une ère de médias super-spécialisés qui ont parfois beaucoup plus de diffusion selon le public auquel ils s’adressent. Et c’est exactement le cas des médias gais professionnels. Non seulement le papier n’occupe plus l’essentiel de la distribution, le PDF informatique,

les blogues, les pages Facebook et comptes Twitter, de même qu’Instagram font un énorme travail de diffusion des nouvelles spécialisées. Prenons le cas du Groupe Gay Globe. Quand on publie dans la version papier un article cinglant sur le comportement irrespectueux de la mairesse Plante et de son associé Robert Beaudry de l’arrondissement Ville-Marie, que vous pouvez lire au https://gayglobe.us/blog/?p=18619, il se retrouve automatiquement sur le PDF intégral du magazine publié sur notre page web, sur notre fil de presse, sur Facebook et Twitter. Ultimement, après 24 ou 48 heures, cet article se retrouve référencé sur Google et sur les centaines d’autres moteurs de recherche de la planète et il devient accessible en permanence, partout. Résultat? L’article est mieux diffusé par Gay Globe qu’il ne le serait par Le Devoir ou par n’importe quelle télé ou chaîne de radio. C’est ça l’intégration médiatique, la fameuse convergence!

Pour y arriver, il est indispensable qu’une presse gaie professionnelle existe. Qui peut le mieux traiter des victimes du VIH, de la recherche de nouveaux médicaments et de leur impact sur les personnes atteintes ou publier des témoignages touchants de personnes de nos communautés plus d’une fois dans l’année? Les journalistes professionnels LGBT ont leur place et non, ce n’est pas des publireportages à outrance comme on en retrouve dans certains «guides gais» qui doivent être considérés comme des articles professionnels.

Il faudrait aussi adapter les règles désuètes du Conseil de Presse du Québec qui ne reconnaissent même pas la contribution des journalistes autonomes et indépendants dans le cadre du financement de leurs médias, mais ça, c’est un autre sujet…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

quatre × cinq =