Roger-Luc Chayer
Voilà qu’au début de 2019, on nous a annoncé qu’une partie de l’ancien hôpital Royal-Victoria de Montréal serait transformé en «refuge de dépannage», de nuit, pour les itinérants qui n’arriveraient pas à trouver une place ailleurs et cela, pendant la saison froide. Yeah!!!!!
Comment ça yeah? En lisant les détails de la nouvelle, j’ai été profondément choqué par la façon de traiter ces personnes sans la moindre ressource. Comme si les itinérants avaient besoin d’aide seulement quand il fait -15 et surtout pas le jour. Pire, dans cet immense complexe qui a été autrefois un hôpital universitaire pouvant accueillir des centaines de patients, voilà qu’on ne fera de la place que pour 80 itinérants, divisés en trois groupes plus ou moins égaux entre les hommes, les femmes et ceux qui ont des animaux. Le programme devrait prendre fin le 15 avril selon Rosannie Filato, responsable du dossier de l’itinérance à la Ville de Montréal.
Pour le moment, la Ville de Montréal n’est pas en mesure de chiffrer le budget nécessaire à cette opération d’urgence, mais on nous informait en conférence de presse que des partenaires comme la Mission Old Brewery et l’Accueil Bonneau s’occuperont de l’entretien des lieux et de transporter au matin les personnes qui souhaiteront avoir un petit-déjeuner. C’est bien beau tout ça, mais ça ne règle rien et franchement, on passe totalement à côté de la réalité en ne considérant les itinérants que comme des personnes qui ne méritent qu’un plan d’urgence des autorités plutôt qu’un réel plan de sauvetage, À LONG TERME! Car on ne viendra jamais à bout de ce problème de société avec un café chaud et une paillasse!
Le problème de l’itinérance à Montréal est vieux comme le monde et c’est justement dans le Village gai de l’Arrondissement Ville-Marie (Mairesse Valérie Plante) que le problème est le plus visible, avec des conséquences économiques terribles pour les commerçants, pour les propriétaires fonciers et pour le tourisme. Si nous en sommes-là en 2019, c’est que tous les maires antérieurs n’ont rien fait pour aider ces personnes à sortir de leur état. Sortir de l’itinérance ne nécessite pas que de la volonté pour les personnes qui vivent cette situation, il faut des ressources, des moyens pour permettre à ces personnes de se fixer en toute sécurité, de trouver de la nourriture de façon stable tout en leur donnant une aide qui ne peut être autrement que sécurisante.
Prenons le cas d’un homme qui vit en itinérance et qui souhaite sortir de cet état. Il doit pouvoir manger tous les jours, se laver, rester à l’abris été comme hiver et pouvoir se refaire une santé, se couper les cheveux et la barbe, aller à ses rendez-vous médicaux et psycho-sociaux, et j’en passe.
Pourquoi est-ce que les autorités s’entêtent-elles à disposer d’une salle commune l’hiver, un repas le matin et de ficher tout le monde à la porte à 8h jusqu’à 16h pour faire quoi? De l’itinérance. Il aurait été tellement simple de se servir de l’hôpital Royal-Victoria ou de tout autre immeuble non utilisé comme centre de transit, non pas vers la rue une fois le beau temps revenu, mais vers une vie plus normale. Un centre où l’on prendrait en charge les itinérants pour qu’ils deviennent des femmes et des hommes de la société, avec les mêmes chances que les autres. Mais ça, ça demande un peu de ressources et de volonté et on n’y est pas encore!