Roger-Luc Chayer
En ce mardi 5 mai 10h45, alors que je réfléchis à toute la situation causée par la crise de la COVID-19 et que je prends la mesure de ses conséquences et de ce qui est proposé par les gouvernements de Montréal, du Québec et du Canada, j’ai décidé de parler ouvertement et de m’objecter au plan d’immunité naturelle qu’on semble vouloir discrètement mettre en place au Québec. Pourquoi?
Depuis le début de la pandémie, j’ai observé toutes les consignes de sécurité qui ont été diffusées par nos gouvernements avec sérieux, cohérence et sens des responsabilités face à nos sociétés et à leur avenir. J’ai suivi les règles édictées par le Premier ministre Legault, j’ai apprécié l’intervention du Premier ministre Trudeau et je l’ai fait pour MA sécurité face à une nouvelle maladie dont on ne connaisait rien, mais dont les conséquences se précisent de plus en plus. Chaque jour apporte une découverte et l’aventure de la COVID-19 est loin d’être terminée. Si j’ai observé les règles et si j’ai suivi les consignes, c’est parce que le plan avait pour objectif de PROTÉGER la population et de permettre de trouver soit un médicament ou un vaccin pour que l’on puisse reconstruire la nation. J’ai accepté que le pays soit sur « pause », que tout soit fermé ou presque, parce que le plan me concernait, il concernait MA sécurité et MON avenir.
Depuis quelques jours toutefois, le gouvernement du Québec semble vouloir faire cavalier seul et parle de plus en plus, même si ce n’est plus devant les médias ou la population, d’un plan d’immunité naturelle, que je considère être plutôt un plan d’immunuté par le laisser-aller, par la non intervention. Ce plan ne vise plus à ME protéger, mais à PROTÉGER le système de santé, les infrastructures et les murs des hôpitaux. Je suis devenu, avec le nouveau plan du gouvernement, un élément secondaire. Voilà qu’on nous demande de mettre le Québec sur « pause » pour sauver la brique des CHSLD, les salaires des médecins et l’investissement de l’État dans le modèle québécois de santé. Le Premier ministre Trudeau s’est objecté dès la première mention de ce plan, arguant que les canadiens ne souhaitaient pas cela et qu’il y avait des alternatives. Il a même été assez catégorique. L’exemple des CHSLD prouve que de vouloir protéger les murs et leur contenu est une futilité honteuse et catastrophique.
Pourquoi est-ce que je m’oppose à ce nouveau plan du Québec? Parce que mon corps m’appatient, il n’appartient pas à l’État et l’État a la responsabilité de ME protéger. À partir du moment où j’ai la certitude que l’action du gouvernement ne vise plus MA santé ou celle de mes entreprises, mais bien à limiter les dommages sur les finances publiques, nonobstant le coût en vies humaines, LÀ JE DIS NON!
Mon raisonnement est tout à faire en droite ligne avec mes autres convictions et principes depuis mon enfance. Par exemple, depuis le début de la pandémie du VIH, j’ai respecté toutes les règles, consignes, mesures de prévention et techniques visant à éviter de contracter ce virus mortel ultimement et je l’ai fait parce que les autorités nous recommandaient de le faire NON PAS pour sauver des coûts ou des meubles d’hôpitaux, mais pour sauver MA QUALITÉ DE VIE! Je me suis donc protégé.
Enfant et adolescent, j’ai vécu dans un environnement familial assez pourri. À 16 ans, POUR ME PROTÉGER, j’ai quitté le foyer et j’ai demandé l’assistance de l’État pour le faire. Avec l’aide de la Direction de la Protection de la Jeunesse et plusieurs membres de ma famille (cousins, etc), j’ai continué mes études jusqu’à la fin du 3ème cycle universitaire, je suis déménagé seul et sans ressources en France pour entrer au Conservatoire et en sortir 10 ans plus tard avec un premier prix de cor et un Premier prix de musique de chambre sans parler des milliers de souvenirs qui ont fait l’homme que je suis aujourd’hui.
C’est la première fois qu’on décide pour moi de M’EXPOSER à une situation potentiellement mortelle, sans me demander mon avis, alors que tous mes réflexes sont de ME protéger depuis ma naissance. Pour sauver les institutions qui ont faillies aux québécois, on me demande de prendre une chance et de me laisser faire, de me laisser frôler par le virus, pour voir ce qu’il restera de moi après, avec l’espoir que je ne coûterai pas trop cher au pays. Je n’ai jamais été un adepte du casino ou de la roulette russe et si j’ai su conserver toutes mes valeurs actuelles, parfois devant une advertité presque insurmontable, ce n’est pas pour qu’on décide pour moi de laisser un virus s’essayer face à moi. Je ne suis pas arrivé là où je suis aujourd’hui avec les responsabilités qui m’incombent, pour accepter béatement que le Directeur nationale de la santé publique du Québec, un type que je ne connais pas, décide de de ce sera ma vie.
ALORS JE DIS NON!
Les gouvernements ont la responsabilité de la santé et de la sécurité de tous les citoyens. Ils en ont la responsabilité et sont redevables de ces responsabilités. L’État ne peut exiger de quiconque qu’il accepte de s’infecter, que ce soit de la COVID-19, du VIH, de l’Hépatite C ou de quelque maladie que ce soit. C’est dans le pire d’une crise qu’on reconnaît les grandes personnes dans une société. Même chose avec les États. C’est dans le pire d’une crise que l’on reconnaît les grands États parce « Quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement ». (Robert Bourassa, Premier ministre du Québec, 22 juin 1990. Après l’échec de l’Accord du Lac Meech qui aurait permis au Québec d’entrer à part entière dans la Fédération Canadienne).