Par lesechos.fr
C’est la journée internationale du coming out ! Dans le monde de l’entreprise, si 80% des salariés LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuel.les, transgenres…) se disent prêt.e.s à dévoiler leur orientation sexuelle… dans les faits, seule la moitié sont “out” au travail. Tels sont les résultats de la 4ème édition du baromètre sur les perceptions et attentes des LGBT+ dans le monde professionnel publié par le Boston Consulting Group (BCG).
Pour réaliser cette enquête, de juillet à septembre 2018, plus de 4.000 personnes de 9 pays différents ont été interrogées. D’emblée, on constate que tous les pays n’ont pas le même niveau de maturité quand il s’agit de l’inclusion des LGBT+ en entreprise.
Parmi les bons élèves, on retrouve le Royaume-Uni et les Pays-Bas avec 90% des salariés LGBT+ qui se disent hyper à l’aise à l’idée de révéler leur orientation sexuelle au boulot. Mais le discours change plus on redescend vers le sud de l’Europe. En Espagne et en Italie, un tiers des répondant.e.s LGBT+ sont plutôt réfractaires à l’idée d’en parler au travail.
La France à la traîne
Mais qu’en est-il pour la France ? L’étude réalisée avec le soutien de TÊTU, un média LGBT français, classe la France à la 7ème place sur les 9 pays étudiés. En France, être “out” au travail est de moins en moins perçu comme un risque. Mais les Français peinent encore à le voir comme un atout contrairement à leurs homologues allemands ou américains. “Moi je n’en parle que si je sens que je suis dans un environnement professionnel gay-friendly, confie Mathilde, jeune lesbienne de 25 ans, en contrat d’apprentissage dans une banque française. J’ai toujours peur d’être discriminée à cause de ça”.
Pourquoi est-ce si difficile pour les Frenchies ? “Les entreprises françaises sont assez normées, et nous n’avons pas encore de grands patrons, ni de grands leaders qui ont fait leur coming-out officiel”, poursuit Elie Sic Sic, le co-fondateur de Tell me The Truffe, une agence de communication et de formation spécialisée sur les sujets du handicap, de l’égalité homme-femme et de la diversité. « Nous n’avons pas encore un Tim Cook ou une Ellen DeGeneres », ajoute-t-il.
Mener des actions concrètes en entreprise
Plus d’un tiers des LGBT+ – tous pays confondus – considère qu’être “out” au travail serait un frein pour leur carrière. Ce paradoxe montre que malgré “une tendance positive à l’inclusion des LGBT+, il y a encore un net écart entre les intentions et les faits”, explique Thomas Delano, l’un des responsables monde du réseau LGBT+ du BCG.
Mais est-ce un atout pour attirer les jeunes talents ? Au moment de choisir entre deux offres, la culture inclusive de l’entreprise arrive dans le top 3 des critères de sélection des jeunes LGBT+ français. Cette notion est plus importante que le prestige de l’employeur mais après le salaire et l’importance géographique. À l’inverse, la culture inclusive est le critère numéro UN en Allemagne et en Amérique du Nord.
Pour faire la différence, les employeurs doivent mener des actions concrètes : développer des réseaux au sein de leur organisation, sensibiliser l’ensemble des employé.e.s aux problématiques LGBT+ ou s’assurer que les personnes LGBT+ puissent accéder aux mêmes avantages sociaux que le reste des employé.e.s comme la mutuelle étendue au conjoint.e. de même genre dans les pays où cela n’est pas une obligation légale.