Roger-Luc Chayer
Le 11 janvier dernier, en écoutant gentiment un épisode de la série Columbo au canal Prise 2, je vois passer une ombre fantôme sur le plateau de tournage et à l’époque, le producteur avait certainement décidé de laisser passer ou ne l’avait simplement pas vue, la télé HD n’existait alors pas.
Trouvant la situation cocasse, je fais marche arrière, prends mon cellulaire, effectue une capture vidéo d’environ 30 secondes et place la vidéo sur Facebook avec le commentaire suivant: « Est-ce que vous voyez ce qui se passe? » Comme une sorte de quizz.
Le 13 janvier, soit deux jours après, je reçois un avis de Facebook qui m’annonce que mon compte est bloqué dans les termes suivants: « Nous avons retiré le contenu suivant que vous avez publié sur Facebook, ou nous n’autorisons plus l’accès à celui-ci, à la suite d’une demande d’un tiers indiquant que le contenu enfreint ses droits d’auteur. Par conséquent, vous ne pouvez plus utiliser la fonctionnalité de publication sur Facebook pour l’instant. Ce blocage est temporaire et expirera dans 3 jours. Détenteur des droits : NBCUniversal. »
À ma plus grande stupéfaction, le propriétaire des droits sur la série Columbo, tournée il y a plus de 30 ans, NBC-Universal, a porté plainte à Facebook pour violation de son droit d’auteur sur un extrait de 30 secondes qui ne provient même pas d’un original mais filmé tout croche avec mon téléphone cellulaire. Mais voilà, la loi canadienne sur le droit d’auteur me permettait de diffuser cet extrait dans le cadre de « l’utilisation équitable ». Lorsque j’ai voulu contester auprès de Facebook ce blocage, la page du formulaire de réponse à la plainte ne m’était pas accessible, puisque j’étais bloqué!!!
Selon l’article 29 de la loi canadienne sur le droit d’auteur: « L’utilisation équitable d’une oeuvre ou de tout autre objet du droit d’auteur aux fins d’étude privée, de recherche, d’éducation, de parodie ou de satire ne constitue pas une violation du droit d’auteur. »
Dans mon cas, effectivement, l’extrait de 30 secondes était pour me moquer d’un défaut de tournage, mon message était donc satyrique. Selon le dictionnaire Larousse, la satire est « écrit ou dessin qui tourne qqn ou qqch en ridicule. » Je n’ai pas contesté plus longuement les décisions ridicules de NBC ou de Facebook, mais j’ai quand même écrit un courriel à NBC, à l’adresse indiqué par Facebook, pour leur expliquer le contexte et leur demander de procéder au déblocage tout en soulignant que cette affaire avait pour effet de priver des milliers de lecteurs des nouveaux messages du Groupe Gay Globe, qui est un média s’adressant aux communautés LGBT. Rien à faire, je n’ai pas eu droit à quelque réponse que ce soit.
Pendant ces trois jours donc, je n’ai pas été en mesure de communiquer sur Messenger avec qui que ce soit ni de publier ou interagir tant sur ma page personnelle que sur celle de Gay Globe. Cette situation a constitué une violation flagrante de la libre circulation des nouvelles, un droit fonda-mental pourtant garanti par la Constitution canadienne. On a donc, de facto, censuré un média, et pour cela, j’ai procédé à la fermeture du compte média de Gay Globe chez Facebook de façon définitive. Il y a un prix à payer pour faire cela Facebook!!!