Matthew Shepard: 20 ans déjà!

Exécuté aux États-Unis du simple fait de son homosexualité, Matthew Shepard est devenu l’image d’un mouvement collectif qui ne tolère plus les exactions contre les personnes des LGBT. Il est mort il y a 20 ans, à l’âge de 21 ans, tué par des voyous alors qu’il avait été attaché à une clôture, dans les champs, etcomme pour le drapeau gai, son image signifie plus qu’un crime, c’est un symbole.

Matthew Shepard, né le 1er décembre 1976 à Casper (Wyoming) et mort le 12 octobre 1998 à Fort Collins (Colorado), est un étudiant américain, torturé et assassiné par deux jeunes gens, à l’âge de 21 ans, en raison de son homosexualité.

Sommaire

Biographie

Jeunesse Meurtre

Réactions
Polémiques et autres versions Notes et références

Voir aussi

Articles connexes Liens externes

Biographie

Jeunesse

Matthew Shepard est le premier des deux fils de Judy Peck et Dennis Shepard. Son frère, Logan, est né en 1981.

Après avoir vécu quelque temps en Suisse, il étudie la science politique à l’université du Wyoming, dont il est major en première année.

Meurtre

Lors d’un voyage scolaire, en 1995, Matthew Shepard est frappé et violé, ce qui provoque chez lui une dépression et des crises d’angoisses.

Trois ans plus tard, le 6 octobre 1998, il se retrouve seul au Fireside Bar, à Laramie, après le
départ de ses amis1. Matthew se fait aborder par deux jeunes gens, Aaron McKinney et Russell Henderson, qui lui demandent s’il est homosexuel. Ceux-ci se font alors passer pour des gays et lui proposent un tour de voiture, ce que Matthew Shepard accepte.

Les deux individus l’emmènent alors dans un lieu isolé et le font sortir du véhicule à coup de crosse de .357 Magnum. L’ayant attaché à une barrière, ils le dépouillent, le torturent et le frappent jusqu’à lui briser le crâne. Le croyant mort, ils l’abandonnent.

Prévenus par un cycliste l’ayant d’abord pris pour un épouvantail, les secours arrivent sur place 18 heures après l’agression et le transportent à l’hôpital de Poudre Valley, dans le Colorado. Il présente de multiples coupures au visage, certaines atteignant l’os, et de nombreuses brûlures sur le corps. Il meurt dans la soirée du 12 octobre 1998, après avoir passé plusieurs jours dans le coma, entouré des siens.

Réactions

Dès l’annonce de sa mort, les associations gay ont décidé de réagir en organisant des candlelight vigils, des veillées où chacun vient avec sa bougie. Le but était double : se rassembler pour rendre un hommage silencieux et ému à Matthew et réclamer l’adoption d’une loi contre les crimes haineux afin d’éviter que cette tragédie ne se reproduise.

La première veillée a eu lieu le 15 octobre, à Washington, sur les marches du Capitole. Plus de 5 000 personnes s’y sont rassemblées, des sticks phosphorescents à la main, pour écouter les discours d’amis de Matthew, de célébrités, de représentants des associations gay et de défense des

Matthew Shepard

Naissance Décès

Nom de naissance

Nationalité Domiciles Formation

Activité Père Mère

Site web

Biographie

1er décembre 1976 Casper

12 octobre 1998 (à
21 ans)
Poudre Valley Hospital (en)

Matthew Wayne Shepard

Américain Laramie, Casper

Université du Wyoming Natrona County High School (en)
Catawba College (en) The American School In Switzerland (en)

Étudiant
Dennis Shepard (en) Judy Shepard

Autres informations

www.matthewshepard.org (http://www.matthewshepa rd.org/)

1 of 3 10/6/18, 9:49 AM

Matthew Shepard — Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Matthew_Shepard

droits de l’homme, et d’hommes politiques.

Le 16 octobre, jour des funérailles, les pages d’accueil des sites internet homosexuels prennent le noir comme couleur dominante. Ce même jour, des militants de la Westboro Baptist Church, emmenés par leur pasteur Fred Phelps, manifestent près de l’église où a lieu la cérémonie, au cri de « God hates fags » (Dieu hait les pédés), en brandissant des pancartes « Matt in Hell » (Matthew en Enfer). Romaine Patterson, une amie de Shepard, organise une contre-manifestation. Des personnes portant des robes blanches et des ailes gigantesques (évoquant celles des anges) se rassemblent autour du groupe d’homophobes et masquent leurs pancartes, permettant aux funérailles de se dérouler dans le respect.

En 1999, les deux assassins de Matthew Shepard, Russell Henderson et Aaron McKinney, alors âgés de 21 et 22 ans, sont condamnés à la perpétuité, sans possibilité de libération.

La mère de Matthew Sheppard (en bleu) à la Maison-Blanche, 28 octobre 2009.

L’histoire de Matthew Shepard a inspiré trois films : Le Projet Laramie (d’après la pièce du même nom), The Matthew Shepard Story (en) et Anatomy of a Hate Crime. The Laramie Project et The Matthew Shepard Story ont tous deux reçu de nombreux prix.

Plusieurs artistes ont évoqué le crime dans leurs chansons : Melissa Etheridge (Scarecrow sur son album Breakdown, 1999), Elton John et Bernie Taupin (American Triangle sur Songs from the West Coast, 2001, avec chœurs de Rufus Wainwright), Amy Ray (Laramie, sur Stag, 2001), Ron Sexsmith (God Loves Everyone, sur Cobblestone Runway, 2002), Janis Ian (Matthew, sur Billie’s Bones, 2004), Thursday (M. Shepard, sur War All the Time, 2004), Cyndi Lauper (Above the Clouds, sur The Body Acoustic, 2005), Tori Amos (Merman, sur A Piano: The Collection, 2006), Brian Houston (The Ballad of Matthew Shepard, sur Sugar Queen, 2006), Trivium (And Sadness Will Sear, sur The Crusade, 2006), et plusieurs autres.

Une loi contre les crimes de haine fondés sur l’orientation sexuelle a été déposée le 20 mars 2007, au nom de Matthew Shepard. Elle est passée au Sénat des États-Unis, mais le président George W. Bush a indiqué qu’il lui opposerait son veto. Réintroduit plusieurs fois sous diverses formes, le Matthew Shepard Act a été adopté par la Chambre des Représentants le 8 octobre 2009, puis par le Sénat le 22 octobre 2009, et enfin signé par le président des États-Unis Barack Obama le mercredi 28 octobre 2009.

Polémiques et autres versions

En 2004, le programme de nouvelles 20/20 d’ABC News diffuse un reportage au cours duquel Russell Henderson, Aaron McKinney, sa petite amie Kristen Price, le procureur et un enquêteur principal affirment que le meurtre n’a pas été motivé par la sexualité de Shepard mais plutôt un vol lié à la drogue qui a mal tourné. Kristen affirme avoir menti à la police quand elle a affirmé que McKinney s’était mis en colère à cause d’une avance sexuelle inopportune. Elle déclare à la journaliste de télévision Elizabeth Vargas ne pas penser que ce soit un crime de haine2,3.

L’enquêteur Ben Fritzen affirme à l’interviewer : « la préférence sexuelle de Matthew Shepard ou son orientation sexuelle ne constituait certainement le mobile du crime… »4.

Dans un article de la revue LGBT The Advocate, Aaron Hicklin écrit qu’après des années d’enquête, le producteur du spectacle, l’écrivain homosexuel Stephen Jimenez, a interrogé plus de 100 personnes et a « amassé suffisamment de preuves anecdotiques pour soutenir de manière convaincante que la sexualité de Shepard était, sans être accessoire, nettement moins importante à cette affaire que le consensus populaire voudrait nous faire croire5. »

Le procureur dans cette affaire affirme qu’il y a de nombreuses preuves que la drogue était au moins un facteur dans ce meurtre6. L’agent Waters confie à la journaliste britannique Julie Bindel : « Je crois encore aujourd’hui que McKinney et Henderson essayaient de trouver la maison de Matthew afin de voler la drogue qui s’y trouvait. C’était assez bien connu dans la communauté de Laramie que McKinney n’était pas quelqu’un qui frapperait par homophobie7. »

Le 1er octobre 2013 est publiée une enquête de Steven Jimenez qui contredit fortement la thèse du « martyr homosexuel »8. Selon cette enquête, Shepard était un revendeur de drogue et connaissait ses agresseurs avec qui il aurait eu des relations sexuelles avant le soir du drame. Son assassinat serait motivé par la drogue et non par son orientation sexuelle9.

La qualité de cette enquête est critiquée par la Fondation Matthew Shepard10. Le livre est également critiqué par la journaliste Alyssa Rosenberg comme pauvrement référencé : « (…) en ne distinguant pas quelles citations sont forgées à partir de souvenirs, lesquelles sont des paraphrases de propos rapportés par des sources, et lesquelles lui ont directement été rapportées »11. Des officiers de police interviewés après la publication du livre ont remis en cause certaines assertions du livre. Dave O’Malley, le chef de la police de Laramie, a ainsi déclaré que les allégations de Jimenez selon lesquelles Matthew Shepard était dealer de méthamphétamine sont « presque de l’humour ». Pour Rob Debree, enquêteur principal de l’époque, le livre contient des « erreurs factuelles et des mensonges » et l’allégation de Jimenez selon laquelle Matthew Shepard était un trafiquant de drogue est « proprement risible »12.

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