Nice a son carnaval gay : Lou Queernaval

Nice-provence

Réjouissons nous ! Nice a enfin son carnaval gay, qui débutera le 27 février prochain.

Généralement, il est de bon ton de s’émerveiller à l’annonce de ce type d’évènement, censé être une marque d’ouverture, de tolérance et d’amitié envers la communauté gay, et donc de MO-DER-NI-TÉ.

Comme Rio et Sydney ! nous l’annonce avec fierté « Métronews ». C’est dire comme nous serions à la pointe du progrès.

Franchement, il ne nous manquait plus que ça. Cette initiative est pourtant totalement « has-been », voire complètement grotesque.

Un peu d’histoire ne fait pas de mal. À l’origine étaient les marches de la fierté, les fameuses « Gay Pride » qui ont tant défrayé la chronique. Celles-ci sont nées à New York en 1969 lors des émeutes de Christopher Street, suite aux descentes opérées par la police new-yorkaise dans les bars gays de Greenwich Village. La première manifestation homosexuelle française et officielle sera ainsi organisée à Paris le 25 juin 1977.

Il s’agissait d’une manifestation quasi-confidentielle ayant comme objectif un « coming out collectif » mettant en cause le statut de minoritaire dans lequel les hétérosexuels enfermeraient les gays, les lesbiennes, les trans- ou les bisexuel(le)s.

En France, le défilé s’ouvrait sur des slogans comme « nationalisation des usines à paillettes », «l’important, c’est le maquillage », ou encore « CRS, desserrez les fesses ».

De manifestations confidentielles, elles sont devenues manifestations urbaines de masse au point que cet événement s’est totalement banalisé pour deux raisons.

D’une part, la gay-pride n’a plus rien de subversif. Tous les hommes politiques s’y pressent et plus personne n’ose critiquer un tel événement, encore moins l’homosexualité. De facto, elle admise ou subie par tous.

D’autre part et surtout, la logique aveugle de l’égalité pour tous et à n’importe quel prix est devenue la règle. Les homosexuels peuvent donc se marier et pourront bientôt louer le ventre d’une femme pour avoir des enfants. En somme, la « communauté gay » n’a plus de droits à conquérir et l’on peut même affirmer qu’elle se complait dans un conformisme confondant.

Alors pourquoi faire un queernaval ?

La première réponse se trouve dans l’article paru le 28 novembre dans Metronews : « La capitale azuréenne travaille son image « gay friendly » (…) L’idée a germé il y a trois ans dans le cerveau de Jean-Louis Longo, l’un des organisateurs de la Pink Parade qui a lieu chaque année en juillet à Nice. « La ville nous avait donné son accord dès l’an dernier, mais comme on était en période électorale, ça aurait pu être interprété comme un avantage donné à une communauté… »

Non seulement le maire de Nice, Christian Estrosi, renvoie l’ascenseur à son électorat gay, mais en outre, nous prend pour des idiots en reportant l’événement d’une année afin que cela ne soit pas interprété comme un avantage donné à une communauté…

La seconde réponse s’inscrit dans le mouvement de détournement et de destruction de tout ce qui se rattache à une tradition et à une appartenance.

Le carnaval est sans doute l’une des plus anciennes traditions de Nice et de son comté. Elle remonte a minima à la création de Nikaia par les Grecs. La semaine de Carnaval (Apôkria) était étroitement liée à la fin de l’hiver et au début du printemps.

Il était coutume de célébrer la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps par une fête consacrée à Dyonisos, qui était le dieu de la fertilité et de la fête. On y retrouve déjà à cette époque une parade avec un char suivi de danseurs et de chanteurs déguisés et masqués qui chantaient des chansons satyriques.

Carnaval, du latin carnelevare (carne « viande » et levare « enlever ») signifie littéralement « entrée en carême », fête dont la durée de 40 jours est hautement symbolique.

De la même façon, la tradition du déguisement nous vient de Rome où le carnaval était une manifestation d’inversion des rôles (maitre /esclave, homme/femme), voire des pôles.

Comme l’indique Raïs dou Païs Nissart, « c’était l’occasion de régler des contentieux collectifs, des conflits sociaux, des luttes politiques. Une période où l’on est tiraillé entre l’hiver et le printemps, le gras et le maigre, le riche et le pauvre ».

C’est donc bien une fête traditionnelle populaire et non communautaire !

À quand la fête de la châtaigne « gay » ? Ne riez pas, ce n’est pas une blague.

Bernard Antoine

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