
Roger-Luc Chayer
Le Magazine Gay Globe, dans le cadre d’un projet de témoignages de nos partenaires sur leur vécu pendant la crise sanitaire de la COVID au Québec, vous présente l’entrevue accordée par Monsieur Olivier Guay, Gestionnaire de marché pour les Salons funéraires Guay et le Service de Crémation DIRECT.
« Dès le début, on a eu une augmentation du nombre de décès liés à la COVID-19. J’estimerais cette hausse à environ 10%. C’était essentiellement des personnes âgées.
Dès la déclaration d’urgence sanitaire, ça a été très difficile, on a eu un immense stress au niveau de l’équipe parce qu’on avait plusieurs contraintes, plusieurs directives de Québec qui changeaient régulièrement, donc c’était des défis qu’on a relevés. Un des gros défis a été pour les familles qui ne pouvaient plus voir leur être cher avant le décès ou au décès, on ne pouvait pas faire d’embaumement à l’époque, la seule province au Canada et probablement la seule entité en Amérique du Nord qui interdisait l’embaumement pour des raisons de sécurité. Cette interdiction a été levée un an plus tard. Le gros problème pour les familles est qu’elles ne pouvaient pas vivre leur deuil comme elles le voulaient.
Même au plus fort de la crise, on a toujours été là pour soutenir les familles et celles qui voulaient faire quelque chose, on pouvait accueillir une dizaine de personnes seule-ment, ça a causé des problèmes parce que certaines familles étaient constituées de 40 ou 50 proches. La COVID a fait peur aux gens et certaines familles préféraient ne rien faire, ça a bouleversé toute notre façon de faire », nous explique Olivier, qui est dans le domaine depuis très longtemps.
« On a encore aujourd’hui une augmentation de décès, on a un surplus de décès toujours à cause de la COVID, mais parce que les patients ont été mal suivis par le système de santé, des maladies n’ont pas été soignées comme il le fallait, et ça nous donne l’augmentation actuelle. À l’intérieur de l’entreprise, on a essayé d’être le plus présents possible pour notre équipe, on a aidé du mieux possible nos employés financièrement ou même autrement pour les valoriser et les remercier de toujours être présents. Il y a quelque chose d’important que je voudrais ajouter: les familles sont des Québécois et les Québécois aujourd’hui sont tannés, frustrés, ont moins de patience à cause de la pandémie. On voit dans la population de l’irritation, ils sont au bout du rouleau et ça devient plus difficile pour le service à la clientèle. Les gens sont plus critiques que jamais.
La pandémie est pratiquement terminée, mais elle laisse encore des traces chez nos clients qui sont les mêmes clients qui vont chez Walmart ou au restaurant, on voit que les gens sont plus à fleur de peau et malheureusement, ils le font savoir de la mauvaise façon. Quand on ajoute l’exaspération au deuil, ça fait un mélange toxique que nous observons souvent de nos jours », conclut Olivier Guay, qui administre plusieurs salons funéraires, qui s’occupe d’ailleurs de plusieurs membres de ma famille décédés qui vivaient à Terrebonne ou à St-François (Laval) et qui est un partenaire très apprécié de notre publication depuis longtemps. Merci, Olivier, pour cette intéressante entrevue.