Le décès de Pierre Falardeau a été confirmé ce samedi 25 septembre 2009 au matin et fait suite à un long combat contre le cancer. Traité à Notre-Dame de Montréal depuis au moins 2 ans, M. Falardeau ne cachait pas sa condition mais n’aimait pas en parler publiquement, souhaitant consacrer ses derniers mois de vie à expliquer ses idées, son art et sa culture.
Pierre Falardeau a été un ardent défenseur de l’indépendance du Québec non pas dans un contexte de souveraineté-association comme le voulait René Lévesque mais selon la tradition des patriotes du passé, par le discours intellectuel d’abord et les muscles si nécessaires. Pierre Falardeau aura payé de sa qualité de vie ses opinions politiques, se voyant refusé régulièrement des subventions du Canada pour des films pourtant très populaires et rentables, il laisse en héritage au peuple québécois le goût de renouer avec les patriotes, exécutés par les anglais par le passé, parce qu’ils revendiquaient des droits pour la collectivité.
Selon Wikipedia
Pierre Falardeau (28 décembre 1946 à Montréal – 25 septembre 2009 à Montréal[1]) fut un cinéaste, écrivain et militant indépendantiste québécois.
Biographie
Falardeau raconte qu’il aurait eu son premier contact direct avec la politique en 1962, dans le contexte de la campagne électorale qui allait mener à la réélection de Jean Lesage. Son père l’aurait emmené à une assemblée publique au Monument national organisée par « les Amis du docteur Philippe Hamel », qui appuyaient le projet de nationalisation de l’électricité proposé par le gouvernement libéral sortant[2]. « Ce fut ma première leçon de politique. Avec mon père, je découvrais la détermination, l’acharnement et la patience. Il m’apprenait qu’il n’y avait rien de facile. Plus l’enjeu était grand, plus c’était difficile.[3] »
Dès les années 1960, Falardeau s’implique dans le Rassemblement pour l’indépendance nationale. Sa passion pour le projet indépendantiste québécois sera un thème récurrent dans la majorité, sinon la totalité de ses films.
Après avoir complété des études d’ethnologie à l’Université de Montréal, il réalise le court métrage Continuons le combat. Au cours des années 1970, ayant découvert « la vidéo et sa souplesse d’intervention[4] », il se joint à son ami comédien Julien Poulin dans la réalisation de plusieurs autres documentaires, au nombre desquels on compte Le Magra, Pea Soup (contenant la fameuse scène du PFK Kid[5]) et Speak White.
Ces premiers films, moins connus du public, culmineront avec la série des Elvis Gratton, mettant en scène un admirateur d’Elvis Presley, caricature de la petite bourgeoisie canadienne-française fédéraliste. Le film Elvis Gratton : le king des kings demeure aujourd’hui une œuvre marquante de la cinématographie québécoise et son personnage principal est entré dans le folklore québécois.
À partir de la fin des années 1980, Falardeau réalisera surtout des longs métrages de fiction, à l’exception du Temps des bouffons, un documentaire pamphlétaire d’une quinzaine de minutes dont la réalisation s’étalera sur plusieurs années. On retrouve des films plus sérieux tels que Le Party (1989), Le Steak (1992), Octobre (1994) et 15 février 1839 (2001). Falardeau poursuivra aussi dans la comédie en réalisant deux suites au premier Elvis Gratton : Elvis Gratton II: Miracle à Memphis (1999) et Elvis Gratton 3: Le retour d’Elvis Wong (2004).
Il a écrit également plusieurs textes, discours et lettres ouvertes, dont quelques-uns ont été publiés dans les recueils La liberté n’est pas une marque de yogourt (Stanké, 1995), Les bœufs sont lents mais la terre est patiente (VLB, 1999) et Il n’y a rien de plus précieux que la liberté et l’indépendance (VLB, 2009). Il a aussi eu l’occasion de collaborer comme chroniqueur dans plusieurs publications, notamment Le Couac et Le Québécois.
Depuis 2008, il est chroniqueur à l’hebdomadaire Ici. Il est décédé le 25 septembre 2009 à la suite d’un cancer.
Style et pensée politique
Remarqué pour son caractère et son franc-parler, Falardeau se réclame, entre autres, de l’œuvre de pionniers du cinéma direct québécois comme Pierre Perreault, Gilles Groulx et Michel Brault. Il estime les poètes Pablo Neruda et Gaston Miron, qu’il a beaucoup cités.
Falardeau fait une analogie entre l’indépendance du Québec et d’autres luttes pour l’indépendance nationale et la décolonisation dans le monde :
« L’histoire nous enseigne que la défaite de 1760 marque le début de l’occupation militaire de notre territoire. La défaite de 1837-38, elle, marque le début de notre mise en minorité collective et l’annexion définitive de notre pays, annexion préparée par le Union Act de 1840 et consacrée par le système néocolonial de 1867. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : notre pays a été conquis par la force et annexé par la force. Et ce système féroce d’exploitation coloniale puis néocoloniale dure encore. Il dure depuis 238 ans.[6] »
Son style mélange à la fois la réflexion intellectuelle, le joual et parfois même la vulgarité. En partie en raison de cette façon colorée de s’exprimer, les médias, en quête de sensationnalisme, font souvent appel à ses opinions.
Controverse
À compter de 1995, son projet de film sur Chevalier de Lorimier, un notaire pendu lors des révolutions manquées de 1837-1838, suscite la polémique. Le financement du projet est bloqué par les instances publiques pour des motifs politiques. Une grande pétition d’intellectuels québécois et des manifestations publiques ont finalement raison du refus.[réf. nécessaire]
Les propos que tient Falardeau dans les médias québécois créent souvent la controverse. Si plusieurs applaudissent son discours, soulignant son courage et son intégrité, d’autres, au contraire, lui reprochent sa vulgarité et ses positions extrémistes. Les positions parfois radicales de Falardeau sont en effet loin de faire l’unanimité, et ses détracteurs lui reprochent notamment :
- D’être un sympathisant du Mouvement de Libération Nationale du Québec[7].
- D’avoir brandi le drapeau du Hezbollah pendant une manifestation de soutien au Liban tenue à Montréal le 6 août 2006[8].
- D’avoir traité en octobre 2008 le biologiste et environnementaliste David Suzuki de « petit japanouille à barbiche » dans les pages de l’hebdomadaire Ici, après que ce dernier se soit dit déçu des Québécois ayant appuyé le Parti conservateur[9].
Honneurs
- 1994 – Prix L.-E.-Ouimet-Molson, Octobre
- 1996 – Prix littéraire Desjardins, La Liberté n’est pas une marque de yogourt
- 2009 – Prix Pierre Bourgault, Défense du peuple québécois
Filmographie
- Continuons le combat (1971)
- À mort (1972)
- Les Canadiens sont là (1973)
- Le Magra (1975)
- À Force de courage (1977)
- Pea Soup (1978)
- Speak White (1980)
- Elvis Gratton (1981)
- Les Vacances d’Elvis Gratton (1983)
- Pas encore Elvis Gratton ! (1985)
- Elvis Gratton : Le king des kings (1985)
- Le Party (1989)
- Le Steak (1992)
- Le Temps des bouffons (1993)
- Octobre (1994)
- Elvis Gratton, président du comité des intellectuels pour le non (1995)
- Une minute pour l’indépendance (1995)
- Elvis Gratton II: Miracle à Memphis (1999)
- 15 février 1839 (2001)
- Elvis Gratton 3: Le retour d’Elvis Wong (2004)
Bibliographie
- Le temps des bouffons (1994)
- Octobre (1994)
- Cinq intellectuels sur la place publique (1995)
- Je me souverain (1995)
- Trente lettres pour un oui (1995)
- La liberté n’est pas une marque de yogourt (1995)
- 15 février 1839 (1996)
- Elvis Gratton, le livre (1999)
- Les bœufs sont lents mais la terre est patiente (1999)
- Elvis Gratton 2: Miracle à Memphis, le livre (2000)
- 15 février 1839: Photos de tournage (2001)
- Le party (2001)
- Presque tout Pierre Faladreau (2001)
- Québec libre! (2004)
- Il n’y a rien de plus précieux que la liberté et l’indépendance (2009)