Roger-Luc Chayer
Suite à la publication d’un article, fin novembre, sur la page
Facebook de Radio-Canada portant sur la circoncision, j’ai observé
un très grand nombre de réactions et de commentaires qui correspondaient
à de vieux clichés, des préjugés sur cette opération
et même des affirmations carrément fausses. L’essentiel des commentaires
résultait d’une mauvaise connaissance de la technique.
Par exemple, une des idées préconçues associe la circoncision
à la castration, causant une perte de libido voire même de toute
sensation sexuelle. FAUX! La circoncision consiste en l’ablation
du prépuce, ce petit bout de peau qui recouvre le gland du pénis,
alors que la castration concerne les testicules, bien plus loin. La circoncision
n’implique aucun nerf et ne concerne que la muqueuse.
L’opération est simple, elle ne prend que quelques minutes et les
complications sont très rares.
Certains pensent aussi que la circoncision a la même origine religieuse
que l’excision et qu’au Québec, elle a été longtemps pratiquée
pour des raisons religieuses. FAUX! La vaste majorité des
Québécois jusqu’à tout récemment était catholique. Or, dans cette
religion il n’est pas question de circoncision, il n’existe aucune obligation
religieuse à le faire. Au Québec, la circoncision a presque
toujours été pratiquée à des fins hygiéniques, esthétiques ou pour
corriger certains problèmes fonctionnels.
À une certaine époque, comme partout dans le monde après la
Première Guerre mondiale, l’accès aux bains était plus rare et les
gens se lavaient souvent «à la mitaine». Comme le prépuce est un
repli de peau qui garde l’humidité, peu importent les circonstances,
certains hommes développaient souvent des infections ou d’autres
conditions déplaisantes alors que les antibiotiques n’existaient pas.
La circoncision était recommandée, à cette époque, pour permettre
au gland d’être aéré et sec le plus souvent possible, évitant de
nombreuses infections. Et ça marchait!
L’excision, qui consiste en l’ablation du clitoris chez la femme, n’a
strictement rien à voir avec la circoncision. L’excision est un geste
religieux qui ne concerne que quelques religions ou cultes très
spécifiques. Cette pratique est illégale au Canada puisqu’elle est
justement reconnue comme une mutilation.
D’autres raisons militent en faveur de la circoncision. Prenons le
cas d’un bébé qui naît avec un Phimosis, une déformation du prépuce,
trop petit, qui empêche le gland de sortir et qui comporte un
fort risque d’infections récurrentes et de troubles érectiles. La circoncision
vient régler ce cas de façon permanente puisque l’opération
retire le prépuce et dégage le gland. Problème réglé!
Une autre raison très importante en faveur de cette opération est
l’état de la recherche en matière de VIH. En effet, selon le réseau
canadien CATIE, la recherche démontre que la circoncision peut
protéger avantageusement les hommes gais qui sont «tops», c’està-
dire qui pénètrent leur partenaire. Le prépuce comporterait de très
nombreux récepteurs cellulaires spécifiques au VIH, il serait une
porte d’entrée privilégiée du virus. On a aussi observé dans certains
pays où la circoncision est recommandée une baisse de 50%
à 60% du taux de VIH chez les hommes circoncis, même chose
avec l’herpès, la syphilis et le virus du papillome humain (VPH).