QUAND LA GANG S’INSTALLE!

Roger-Luc Chayer

Depuis peu, un groupe de jeunes sans abris se promène dans
le Village gai de Montréal et peut passer plusieurs jours devant
un magasin, ou un commerce particulièrement fréquenté par des
personnes homosexuelles, dans le but d’offrir aux passants des
services de prostitution ou une vaste panoplie de drogues. Ils sont
3 ou 4, toujours les mêmes, et occupent ainsi les devantures de
commerces, 24 heures par jour, certains dormant carrément dans
les marches de commerces désaffectés ou sur le trottoir.
Souvent sous l’emprise de drogues, ils trouvent le moyen de se
brancher une rallonge électrique soit sur le circuit de la Ville audessus
de certains lampadaires, soit là où ils peuvent trouver des
prises électriques fonctionnelles et passent leur temps sur leurs
cellulaires, musique à fond la caisse et occupent ainsi un espace
comme s’ils y vivaient. Le phénomène des itinérants dans les entrées
de commerces n’est pas nouveau dans le Village, mais le
fonctionnement de ce groupe particulier est plus récent et absolument
envahissant pour les commerçants qui voient leur clientèle
intimidée par le fait de se faire solliciter pour du sexe ou pour des
drogues, tout cela sans se cacher, en toute transparence.
Récemment, les policiers du poste 22 ont été contactés pour faire
partir ce groupe de squatters de trottoirs, mais une fois les policiers
partis, le groupe revient et reprend possession des lieux, avec le
bruit et les inconvénients liés à ces activités peu reluisantes.
La situation est problématique particulièrement en ce qui a trait à la
prostitution et aux services sexuels offerts par les membres de ce
groupe de jeunes âgés de 19 à 25 ans à première vue, car depuis
la réforme du Code criminel canadien, les prostitués ne sont plus visés par les autorités, seuls les clients peuvent faire l’objet d’arrestations
et d’amendes. De ce côté-là, rien de particulier à faire.
Quant au fait de vendre des drogues aux passants, le groupe qui
n’est pas novice en la matière semble avoir compris que tant que
la drogue n’est pas sur soi, mais cachée ailleurs, ils n’ont rien à
craindre des fouilles policières. Un client veut du crack, pas de problème,
le jeune quitte les lieux et revient quelques minutes plus
tard avec la commande.
Quant à la question du flânage sur la voie publique, là c’est une
autre affaire. Il existe plusieurs règlements dans l’arrondissement
Ville-Marie que les policiers peuvent invoquer pour mettre
à l’amende et saisir les biens de ces personnes. Le règlement
concernant la paix et l’ordre sur le domaine public et surtout le règlement
sur le civisme, le respect et la propreté, à l’article 45, interdit
d’offrir quelque service payant que ce soit sur la voie publique,
mais là encore, il doit y avoir plainte et intervention des policiers.
Gay Globe a demandé quelques commentaires et recommandations
au poste de police 22 du SVPM et le sergent Ayotte nous
a contactés pour nous dire qu’il avait été préoccupé par la situation
et a expliqué que les deux règlements municipaux cités plus
haut étaient exactement ceux qu’il pouvait utiliser. Normalement,
lorsqu’il y a un tel signalement, les policiers se déplacent pour identifier
les personnes, voir si elles sont recherchées ou disparues,
ensuite on demande de circuler et seulement s’il y a récidive, les
policiers peuvent émettre une contravention ou procéder à l’arrestation
des gens, mais cette mesure est très rare. Le sergent Ayotte
insiste pour recommander aux commerçants de contacter le 9-1-1
sans gêne, c’est le travail des policiers d’appliquer la loi.