Question d’un lecteur : Les médias LGBT sont-ils soumis aux mêmes normes que les médias traditionnels ?

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Roger-Luc Chayer (Image: Générée par IA – Gay Globe)

Un lecteur nous demande si les normes éthiques pour les médias s’adressant aux communautés LGBTQ+ sont les mêmes que celles appliquées aux médias traditionnels et nationaux. C’est une excellente question qui mérite une explication approfondie.

Tout d’abord, il est important de comprendre que, dans la plupart des pays démocratiques d’Amérique et d’Europe, la presse bénéficie de libertés garanties par des constitutions ou des lois. Au Canada, par exemple, la liberté de la presse est protégée par la Charte canadienne des droits et libertés. L’article 2 de la Charte stipule :

« Chacun a les libertés fondamentales suivantes :
a) liberté de conscience et de religion ;
b) liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication ;
c) liberté de réunion pacifique ;
d) liberté d’association. »

La Charte canadienne s’applique à toutes les provinces et territoires du pays, y compris le Québec. De plus, le Québec protège également la liberté d’expression dans sa propre Charte québécoise des droits et libertés.

Ainsi, en théorie, les médias s’adressant aux communautés LGBTQ+, comme tous les autres médias, sont soumis aux mêmes libertés et responsabilités en vertu de ces protections juridiques. Toutefois ce n’est pas toujours le cas dans les faits.

Gay Globe et l’éthique

Le Groupe Gay Globe, tout en étant soumis aux lois canadiennes et québécoises, publie et diffuse ses propres règles éthiques à l’adresse suivante : https://gayglobe.net/deontologie/. Ce document explique de manière détaillée les principes déontologiques que nous suivons, afin de garantir à nos lecteurs des articles et du contenu journalistique de première qualité.

Il convient de noter que chaque média est indépendant et peut établir ses propres règles éthiques.

Le Conseil de Presse du Québec et la FPJQ

Le Conseil de presse du Québec et la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) sont deux organisations importantes qui jouent un rôle majeur en matière d’éthique journalistique. Le Conseil de presse, une institution rare dans le monde, se décrit même comme un « tribunal moral ». Il reçoit les plaintes du public à l’encontre des médias et rend des décisions qui, bien que non exécutoires, peuvent avoir des répercussions sur la réputation des médias et des journalistes jugés fautifs, en théorie.

Je dis « en théorie » car les mécanismes décisionnels du Conseil de presse manquent parfois de transparence. Malheureusement, il arrive que certaines décisions contiennent des erreurs factuelles, obligeant ainsi les médias et les journalistes concernés à se tourner vers les tribunaux civils pour obtenir réparation.

Cela dit, il convient de souligner que le Conseil de presse et la FPJQ publient deux excellents guides déontologiques. Ces ressources peuvent être particulièrement utiles pour orienter les médias et les journalistes des communautés LGBTQ+ dans l’exercice de leur métier.

L’absence de représentants LGBTQ+ au sein des organisations journalistiques

Si, au Groupe Gay Globe Média, nous avons choisi de définir et de publier nos propres règles éthiques, c’est pour mieux répondre aux préoccupations de nos lecteurs issus des communautés LGBTQ+. Malheureusement, malgré nos demandes répétées au fil des années, le Conseil de presse du Québec persiste à examiner des plaintes contre des médias LGBTQ+ sans divulguer l’identité des personnes qui étudient ces plaintes et sans inclure la moindre représentativité des médias LGBTQ+ dans ses comités d’étude des plaintes ou au sein de son conseil d’administration.

Au moment de la rédaction de cet article, le conseil d’administration du Conseil de presse était composé de 21 membres représentant les entreprises de presse, les journalistes ou le public. Une analyse de la composition montre qu’aucun média LGBTQ+ n’est représenté parmi les entreprises de presse, que les journalistes membres proviennent exclusivement de médias nationaux, et que, parmi les représentants du public, on trouve une liste prestigieuse de personnalités issues du droit, des municipalités et d’autres secteurs influents. Toutefois, il n’y figure aucun représentant des communautés LGBTQ+.

Il est donc évident que le Conseil de presse du Québec n’est pas représentatif des communautés LGBTQ+. En conséquence, l’absence de représentants de ces communautés pose un problème de légitimité et place potentiellement le Conseil en situation de conflit d’intérêts lorsqu’il rend des décisions qui affectent les journalistes ou les médias LGBTQ+.

Il en va de même lorsqu’il s’agit de traiter des plaintes déposées par des membres du public s’identifiant aux communautés LGBTQ+, alors que ces dernières ne bénéficient d’aucune représentativité au sein du Conseil de presse du Québec (CPQ).

On n’est jamais mieux servi que par soi-même

Voilà donc pourquoi Gay Globe publie et applique ses propres règles déontologiques, qui tirent une partie de leurs origines du guide déontologique du CPQ, de la FPJQ, de Radio-Canada, ainsi que de notre expertise dans notre domaine depuis plus de 30 ans. Nous encourageons également les autres médias LGBTQ+ à travers le monde à adopter des règles déontologiques visant à protéger leur public et leurs lecteurs, tout en garantissant la publication de contenu professionnel.

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