RENAISSANCE DE TÊTU

Le Monde

Une interview exclusive avec Emmanuel Macron. Trois jeunes gens, non dénudés, qui se tiennent avec solidarité et détermination, surmontant un slogan qui est aussi un programme : « A nous! Vers de nouveaux horizons militants ».

La couverture du numéro 213 du magazine Têtu, qui renaissait, mardi 28 février, après un an et demi d’absence, tranche avec le style des derniers numéros parus en 2015, qui exhibaient d’iconiques corps masculins.

Il fait en revanche écho au tout premier numéro du journal gay, apparu en 1995, qui lui aussi lançait un mot d’ordre : « Sortez du placard, à la plage, dans la rue », comme le rappelle dans son édito Adrien Naselli, nouveau rédacteur en chef, âgé de 5 ans à l’époque. « Bye bye le cover boy flashé, musclé, huilé, explique cet ancien collaborateur de France Culture. Internet est là pour ça. Têtu sur papier ne se fera pas le chantre des corps parfaits. »

Mais le constat du nouveau Têtu est aussi celui de « la propagation d’un mouvement ultraconservateur » et des risques que font peser le programme de François Fillon sur l’adoption plénière pour les couples homosexuels ou celui de Marine Le Pen sur leur droit au mariage.

Dans ce contexte, le titre entend opérer un retour au politique, par une génération marquée par « La Manif pour tous ». D’où ce long entretien avec un candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, dont la rédaction est ressortie mitigée : « Son programme pour les droits LGBT [lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres] se révèle assez tiède », écrit-elle.

A noter que l’entretien a été réalisé avant celui accordé par le candidat à L’Obs, dans lequel l’ancien ministre de l’économie avait suscité l’ire de la communauté LGBT en jugeant que les partisans de La Manif pour tous avaient été « humiliés ». Des propos par la suite vivement critiqués par l’ancienne ministre de la justice, Christiane Taubira, notamment dans un entretien au Monde.

L’équipe du magazine, composée d’une dizaine de personnes d’une moyenne d’âge de 26 ans, veut donc « repositionner Têtu comme un acteur important sur les questions politiques ». M. Naselli parle aussi d’un « journalisme de solutions », ancré dans le concret. Cela n’empêche pas la légèreté, comme le portrait en images d’une figure gay d’Instagram, ou la présence de sujets modes de vie, culturels ou sexo.

Ce retour de Têtu sur papier, tous les deux mois, fait suite à la relance de son site Internet, fin 2015. Tetu.com accueille aujourd’hui environ 500 000 visiteurs uniques par mois, selon sa direction, et cela a convaincu le nouveau propriétaire du titre, la start-up iDyls, de passer à l’étape du papier, ce pour quoi une levée de fonds de 300 000 euros a été menée courant 2016.

Le titre vise une diffusion de 50 000 exemplaires. « On est assez confiants, il y a une vraie attente de la communauté gay quant au retour de ce média », pense Julien Maquaire, repreneur après la liquidation judiciaire et désormais directeur de la publication. Si le succès est au rendez-vous, l’entrepreneur imagine décliner Têtu dans les services ou encore les événements. Rendez-vous dans quelques mois.

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