Roger-Luc Chayer
Le 11 novembre 2012, sur ordre de Sa Majesté la Reine, demeure une date qui résonne toujours en moi. Non seulement parce que j’ai toujours eu une profonde admiration pour la Reine Élisabeth II en tant que chef d’État du Canada, mais aussi en raison de sa générosité et de son leadership qui ont permis à ma personne d’être le premier éditeur de médias gais à recevoir une récompense aussi prestigieuse : une médaille royale.
La cérémonie de remise de la médaille s’est déroulée de manière mémorable au Collège Régina Assumpta, en présence du Lieutenant-gouverneur du Québec (représentant la Reine à l’Assemblée nationale du Québec puisque le Québec, ne l’oublions pas, est une monarchie constitutionnelle), de nombreux militaires, ainsi que d’un public composé de nos proches et amis. Ce moment privilégié a été empreint de reconnaissance et d’émotion, symbolisant à la fois la reconnaissance de mon engagement et le soutien apporté par la monarchie à la diversité et à l’inclusion.
La Reine Élisabeth II, par son geste significatif, a souligné l’importance de la diversité au sein de la société canadienne, marquant ainsi une étape historique dans la reconnaissance des contributions des individus de la communauté LGBTQ+.
Cette médaille royale demeure un honneur qui va au-delà de ma personne, représentant la reconnaissance collective des efforts déployés pour promouvoir l’inclusion et la diversité au sein de notre société. Je reste profondément reconnaissant envers Sa Majesté la Reine Élisabeth II pour cette distinction inestimable, qui continue d’inspirer et de guider ma quête d’équité et de compréhension entre les communautés.
Quelques semaines avant la cérémonie, le sergent d’armes du Lieutenant-gouverneur m’avait contacté pour m’informer de mon invitation à la cérémonie de remise de la médaille. Cette distinction visait à reconnaître ma carrière en tant qu’éditeur de médias gais, ainsi que mon parcours en tant que musicien, tant au Canada qu’en Europe.
En tant qu’enfant ayant traversé une situation familiale difficile, ayant été pris en charge par la Direction de la Protection de la Jeunesse (DPJ) de 16 à 18 ans, et ayant poursuivi ses études au Conservatoire de Nice en France avec peu de moyens, cette médaille revêtait une signification toute particulière pour moi. Elle symbolisait la célébration de la détermination, un témoignage de la persévérance face aux obstacles.
Recevoir cette médaille était bien plus qu’une simple reconnaissance professionnelle ; c’était une affirmation de la résilience personnelle et de la capacité à surmonter les défis. C’était un hommage à la détermination qui m’avait permis de transcender les difficultés de mon passé et de réaliser des accomplissements significatifs tant dans le domaine de l’édition que de la musique.
Derrière moi dans la salle se trouvaient ceux que j’aimais et qui avaient contribué à cette carrière. Bien que j’aie eu droit à 10 ou 12 invités, j’ai sélectionné ceux qui méritaient également une part de cette médaille.
C’est donc entouré de personnes influentes, de soldats revenant d’Afghanistan, de membres du personnel civil représentant divers secteurs de la société, et accompagné de mon complice à l’Association canadienne des Journalistes, Robert Frank – qui ce soir-là agissait tout à fait par hasard comme mon propre sergent d’armes personnel – que je me suis avancé. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire…