Quoi de plus agréable que de vous parler d’un sujet qui m’intéresse particulièrement mais de là à battre mon propre record de temps à effectuer une entrevue avec un musicien des plus agréable (2h30), ça c’est plus rare. Je vous présente un organiste de 30 ans qui a le privilège fort convoité d’être responsable du prestigieux orgue de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus de Montréal. En effet, il s’agit d’un instrument datant de presqu’un siècle et devant être rénové dans les mois qui viennent. Ce Casavant de la grande époque est une machine de près de 3 tonnes que Régis manie comme s’il s’agissait de la plus simple des flûtes. Il faut dire que notre invité est un spécialiste de la chose: 1er Prix d’orgue en 1987 dans la classe de monsieur Robert GIRARD, 1er Prix de contrepoint en 1987, 2ème Prix d’harmonie en 1986 du Conservatoire de Chicoutimi suivi d’un Diplôme d’Etudes Supérieures en interprétation musicale de l’Université Concordia sous la direction de Bernard LAGACEE. Cette année, il amême trouvé le temps de terminer un Doctorat portant sur les oeuvres de l’organiste français Jehan Alain à l’Université de Montréal.
L’origine de l’instrument est absolument fascinante. En fait, le premier orgue à faire son entrée en Europe fut celui offert par l’empereur Constantin de Byzance à Pépin Le Bref, roi des francs vers l’an 750. On le laissa de coté pendant quelques siècles pour le voir réapparaître dans les monastères français vers la fin du 10ème siècle. L’orgue est donc un instrument d’origine arabe christianisé!
C’est avec un enthousiasme mal contenu que Régis, qui vient tout juste de passer deux années en France pour s’y perfectionner, plonge dans les nouveaux projets et défis que demandent une chaire paroissiale.
Tout au long de notre entretien, il est facile de remarquer que Régis est un être modeste et plein de sagesse. C’est avec sensibilité qu’il me raconte ses nombreuses aventures et ses voyages tant en Ontario qu’en Europe et de l’entendre qualifier son orgue de « Roi des instruments » finit par me convaincre que j’ai devant moi un véritable musicien. Mal payé évidemment, ce n’est pas ce qui l’empêche d’offrir à son public une symphonie de sons magiques. D’ailleurs, quand je demande à Régis si le fait d’être le seul instrumentiste à ne pouvoir pratiquer son art que dans un lieu de culte a eu un effet sur ses croyances, il me répond tout simplement qu’il n’est pas nécessaire d’être croyant en quelque religion que ce soit pour pouvoir manipuler l’instrument. Il se considère un peu comme un chef d’orchestre qui doit maîtriser la masse imposante de l’instrument. <<…En fait, il n’y a pas de véritable obligation d’avoir la foi mais l’ambiance de l’église me fait réfléchir sur la valeur spirituelle de la musique…>> affirme t’il.
Régis se considère tout à fait heureux, que ce soit lors d’un opéra de Strauss au Palais Garnier de Paris ou simplement dans la vie de tous les jours, à Montréal.
Pour terminer, je vais partager avec vous une découverte tout à fait surprenante faite grâce à Régis. Saviez-vous que l’on devrait toujours dire les plus beaux orgues de Montréal et non pas les plus belles …? Le féminin pluriel n’est utilisé que pour parler d’un seul instrument comme les belles orgues de l’église Notre-Dame. Le monde à l’envers n’est-ce pas?
Régis ROUSSEAU se produira le dimanche 13 novembre prochain en après-midi à l’église St-Marc de Rosemont. Vérifiez l’heure à la Maison de la culture Frontenac, l’entrée est gratuite et c’est un concert à ne pas manquer. Régis ROUSSEAU, 384–1843.