30 ans d’histoire homosexuelle

 

Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National

« Bleu, blanc, rose » : 30 ans de luttes, fêtes, conquêtes et deuils homo

PARIS (AFP) – France 3 diffuse les samedi 22 et 29 juin à 22h45 « Bleu, blanc, rose », un documentaire qui retrace « trente ans de vie homosexuelle en France », témoignages de protagonistes mais aussi images et chansons d’époque à l’appui. »Le fait d’être insulté, +pédé, tante+… vous croyez que ça n’empêche pas quelqu’un de vivre normalement? », interpelle Jean-Louis Bory, ancien résistant et professeur, l’un des rares homosexuels à s’exprimer abondamment dans les médias dans les années 1970.

« Il y a des tas de gens qui sont homosexuels et qui ne demandent qu’une chose, c’est justement qu’on les laisse vivre banalement », explique-t-il lors d’un débat télévisé avec un neuropsychiatre qui le qualifie de « grand malade enfermé dans sa névrose » et lui demande s’il faut « l’appeler Monsieur ou Madame ».

A l’heure où les gays et lesbiennes revendiquent leur identité en masse dans la rue lors des « gay pride », « Bleu, blanc, rose » (2X65 minutes), écrit et réalisé par Yves Jeuland (« Paris à tout prix »), fait le point sur le chemin parcouru en trente ans.

Aujourd’hui, « tu peux aller en boîte et embrasser une fille sans qu’on te casse la gueule », résume ainsi une interviewée.

Qui se souvient que l’homosexualité avait été classée parmi les fléaux sociaux en 1960, au même titre que la tuberculose, jusqu’à sa dépénalisation en 1982 et la fin du fichage homo?

Morceaux choisis des 30 dernières années: une émission radio de Ménie Grégoire en 1972 interrompue par un groupe de militantes lesbiennes, la pièce de thâ’tre « La Cage aux folles », les nuits homo du « Palace » et lesbiennes du « Katmandou », l’irruption d’un mystérieux « cancer gay » (le sida), la révélation de sa maladie par le philosophe Jean-Paul Aron, ou la création du PACS.

« Bleu, blanc, rose » mélange images d’archives, parcours personnels d’hommes et de femmes et regards de douze « grands témoins » comme le chanteur Dave, Christine Delphy, chercheuse au CNRS et figure du MLF et des Gouines rouges, Jean-Paul Montarini, directeur de Montpellier danse et fondateur du Groupe de libération homosexuelle de Lyon ou Jean Le Bitoux, fondateur en 1979 du mensuel Gai-Pied et ex-membre du Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar).

Le documentaire n’oublie pas les chanteurs qui font partie de la mémoire collective gay : Patrick Juvet, Bronski Beat, Dalida, Village People ou Gloria Gaynor…

Les témoignages sur le début des années sida et le déni de cette maladie sont particulièrement forts: des journaux qui rejettent tout « alarmisme », une émission de télévision où on affiche un malade « guéri » du sida, ou encore le concept de « porteurs sains ».

Pour David Lebois, journaliste du site internet Media-G-net, qui étudie le traitement de l’homosexualité dans les médias, « Bleu, blanc, rose » « est un document de référence. « Il y a, dit-il, une somme de documents, de témoignages que je n’avais jamais vu réunis, une somme d’archives sonores et video, qui en font un document incontournable ».

Le privilége de réplique

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