43- Les séropositifs interdits dans certains pays Des associations protestent

PARIS (AFP) – “Dans au moins onze pays, dont les États-Unis et la Russie, les séropositifs sont interdits dʼentrée sur le territoire”, dénoncent deux associations françaises, exigeant que ce problème soit posé lors des prochaines conférences onusiennes.
“Êtes-vous atteint dʼune maladie contagieuse ayant une incidence sur la santé publique ?” est lʼune des questions posées au demandeur dʼun visa de séjour temporaire aux États-Unis. Les étrangers porteurs du virus du sida entrent dans la catégorie des “non admissibles”, sauf dérogation.
Cʼest en 1987, “quand de nombreuses personnes croyaient quʼune maladie mortelle surnommée le “cancer gay” pouvait sʼattraper au contact dʼun simple verre ou dʼune poignée de porte”, que le congrès américain avait ajouté le VIH/sida à la liste des maladies empêchant lʼentrée aux États-Unis, a récemment rappelé le journal Chicago Tribune.
Lʼinterdiction reste en vigueur, même si les séropositifs la contournent en mentant, protestent Act Up-Paris et Élus locaux contre le sida (ELCS). Ces associations listent dix autres pays – Arabie saoudite, Arménie, Bruneï, Chine, Corée du Sud, Irak, Moldavie, Qatar, Russie, Soudan – où “une découverte de la séropositivité conduit à une expulsion immédiate”.
“Seul élu français à sʼêtre déclaré séropositif”, Jean-Luc Romero connaît trop bien cette “barrière” : “le 11 août, à ma sortie des États-Unis, mon sac a été fouillé et les douaniers ont trouvé mes médicaments gardés en cabine”. “Quand ils mʼont demandé ce que jʼavais, si cʼétait le sida, jʼai dit que jʼavais un cancer. Comme je quittais les États-Unis, ils ne mʼont pas plus embêté que ça… Vous rendez-vous compte à quel point cʼest humiliant ? dit-il. On ne peut pas dire aux gens “nʼayez pas honte de votre maladie” tout en les obligeant à mentir sʼils veulent voyager!” Pour être discrets, des séropositifs changent leurs médicaments de boîtes, voire interrompent leur traitement pendant leur séjour, affirme Act Up.
À Paris, une source consulaire américaine répond : “Il nʼest pas vrai quʼaucune personne séropositive ne peut entrer aux États-Unis : si quelquʼun nous explique son cas – sʼil a le sida et veut entrer aux États-Unis pour y être soigné, assister à une conférence, etc. – on peut demander une dérogation particulière”. Pour certains événements, Washington accorde des “dérogations générales” : “un télégramme a ainsi été envoyé à tous les postes diplomatiques pour autoriser le transit par les États-Unis de tous les participants à une conférence sur le sida à Toronto, fait valoir le consulat. Une même dérogation générale avait concerné les Gay Games à Chicago”.