
Roger-Luc Chayer (Image: IA / Gay Globe)
Hier, le 14 février, j’ai participé à une recherche pilotée par l’Université Laval de Québec portant sur la désinformation, la mésinformation et la malinformation sur les réseaux sociaux et dans les médias. J’avoue qu’au cours de l’entretien avec le chercheur principal, j’ai été amené à me poser des questions et à réfléchir sur ces enjeux, tout en découvrant pour la première fois le terme malinformation.
J’ai donc décidé de partager avec vous des informations sur ces comportements en ligne afin de sensibiliser les lecteurs et, surtout, de prévenir les conséquences souvent néfastes de ces actions.
Que signifient ces termes au juste ?
La désinformation désigne la diffusion intentionnelle de fausses informations dans le but de tromper, manipuler l’opinion publique ou influencer des décisions. Elle repose souvent sur des mensonges, des déformations ou des montages visant à induire en erreur. Utilisée dans divers contextes, notamment politiques et médiatiques, elle exploite les émotions et les biais cognitifs pour asseoir une narration fausse ou biaisée. Contrairement à une simple erreur, elle implique une volonté délibérée de nuire ou d’induire en erreur. À l’ère numérique, elle se propage rapidement sur les réseaux sociaux, amplifiée par des algorithmes favorisant l’engagement, rendant sa détection et sa correction plus difficiles.
La mésinformation désigne la diffusion d’informations incorrectes ou trompeuses, souvent sans intention malveillante. Elle peut résulter d’une erreur, d’un manque de vérification des faits ou d’une mauvaise interprétation des données. Contrairement à la désinformation, qui implique une volonté délibérée de manipuler l’opinion publique, la mésinformation peut être propagée de bonne foi, par exemple à travers des rumeurs ou des informations non vérifiées. Toutefois, bien qu’elle ne soit pas toujours intentionnelle, la mésinformation peut avoir des effets négatifs en influençant la perception des individus et en perturbant la compréhension des enjeux réels.
La malinformation désigne la diffusion d’informations exactes mais utilisées dans un contexte trompeur ou pour induire intentionnellement en erreur. Contrairement à la mésinformation, qui est incorrecte mais sans intention malveillante, la malinformation repose sur des faits réels qui sont manipulés, souvent pour nuire à la réputation de personnes, de groupes ou d’institutions. Cela peut inclure la publication de documents authentiques sortis de leur contexte, ou la présentation sélective d’informations pour créer une impression déformée de la réalité. L’objectif de la malinformation est généralement de manipuler l’opinion publique, de provoquer des conflits ou de nuire à des cibles spécifiques.
Les nuances entre ces trois termes sont très subtiles, mais leurs significations sont cruciales à comprendre, surtout à l’ère de la diffusion et de la propagation massives, tant sur les réseaux sociaux, sur le web que dans certains médias, plus ou moins orientés vers la nouvelle spectaculaire ou émotionnelle.
Quels sont les intérêts des auteurs et des propagateurs à commettre de tels actes ?
l y a toujours des intentions négatives derrière les auteurs de ces gestes, et personne ne gagne à encourager ces propagateurs de faussetés, qu’elles soient volontaires ou non. Permettre la diffusion continue d’informations fausses conduit à des décisions et des conclusions erronées de la part d’utilisateurs moins avertis du web, qui reposent sur cette fausseté. Souvent, les auteurs de ces fausses information ont des intentions criminelles comme la fraude.
Les auteurs de désinformation, de mésinformation et de malinformation peuvent avoir plusieurs intérêts à publier de telles informations. Pour ceux qui propagent la désinformation, l’objectif est souvent de manipuler l’opinion publique, de servir une cause politique ou idéologique, ou encore de nuire à une personne ou une organisation spécifique. Ça relève souvent de la diffamation.
Les propagateurs de mésinformation, bien qu’agissant souvent sans intention malveillante, peuvent rechercher l’attention, générer du trafic ou alimenter des rumeurs qui leur confèrent une forme de pouvoir ou de crédibilité.
Quant à ceux qui diffusent de la malinformation, leur intention est généralement de déformer la réalité en jouant sur des faits véridiques, afin d’induire délibérément en erreur, de semer la confusion, voire de créer des conflits. Dans tous les cas, ces pratiques ont des répercussions importantes sur la société, la confiance publique et la qualité de l’information. C’est d’ailleurs la triste spécialité du président Trump.
Comment s’en protéger?
Il est impératif de comprendre que l’objectif de ces publications est d’obtenir une réponse de votre part, une interaction qui permettra aux auteurs frauduleux de distinguer ceux qui répondent des autres. Cette interaction est vitale pour valider votre compte, que ce soit sur Facebook, Instagram, Bluesky, X ou n’importe quel autre média.
Par la suite, ces individus mal intentionnés entameront une série d’échanges avec vous afin de créer une amitié factice. Celle-ci sera d’abord basée sur l’émotionnel, mais évoluera rapidement vers des demandes d’aide. Cette méthode est particulièrement efficace auprès des personnes seules, tristes ou âgées.
De plus, en ce qui concerne les médias, sites web, blogs ou groupes Facebook qui semblent légitimes, l’objectif est d’obtenir à tout prix votre clic afin de monétiser leur contenu inventé. Autrement dit, ils cherchent à gagner de l’argent grâce à vos clics. En tombant dans le piège du clic ou du partage de fausses informations sur votre propre page, vous contribuez involontairement à la prolifération de ces contenus et à la multiplication des clics rémunérés.
Dès que vous découvrez qu’un site est faux ou qu’une nouvelle est inventée, il est impératif de vous désabonner de la page ou du groupe afin de limiter la visibilité de ces contenus frauduleux en ligne.
N’envoyez jamais d’argent ni de renseignements personnels, car c’est précisément ce que ces escrocs recherchent. Votre empathie, votre compassion, votre intérêt, votre affection et vos inquiétudes sont autant d’émotions qu’ils exploiteront pour, ultimement, obtenir votre argent par virement ou tout autre moyen. Et ce ne sont pas les stratagèmes qui manquent.
Enfin, le plus important est de toujours vérifier si une nouvelle est corroborée par d’autres sources fiables, indépendantes des réseaux sociaux. Ces criminels professionnels maîtrisent parfaitement l’art de créer de fausses preuves pour donner l’illusion qu’une information est vraie simplement parce qu’elle est largement partagée.
Coluche, l’humoriste français aujourd’hui décédé, disait : « Ce n’est pas parce qu’ils sont plusieurs à avoir tort qu’ils ont raison. » Matière à réflexion… et bonne chance dans le monde de l’internet frauduleux.
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