Par: Roger-Luc Chayer / Image: Générée électroniquement ©Gay Globe
Depuis quelques mois, toutes sortes de peurs liées à l’intelligence artificielle (IA) circulent dans les médias en général et sur les réseaux sociaux. Bien que dans certains cas très précis, des inquiétudes puissent être fondées, il semble qu’on ait oublié que l’IA n’est pas une nouveauté, loin de là, et que, justement, grâce à l’IA du passé, l’humanité a pu évoluer de manière très positive. Parlons-en.
L’abaque ou le boulier : il y a déjà plusieurs millénaires, les anciennes civilisations comme les Abyssiniens d’Éthiopie utilisaient des cailloux disposés de manière à leur faciliter le calcul des inventaires de grains ou d’animaux. Déjà, à cette époque, on se servait d’une sorte de calculatrice, et même les personnes qui ne savaient pas compter pouvaient manipuler cet outil de calcul, qui était une forme rudimentaire d’intelligence artificielle. Selon Wikipédia, c’est après la Seconde Guerre mondiale, avec l’invention des ordinateurs programmables, que l’intelligence artificielle commence à se développer véritablement. Nommée ainsi par John McCarthy, l’IA est établie comme discipline scientifique lors de la conférence de Dartmouth en 1956.
Nous avons tous vu ces immenses ordinateurs de la taille d’immeubles, comme les IBM, utilisés pour effectuer des calculs relativement rudimentaires, ainsi que les cartes perforées servant à alimenter ces machines en informations. C’est ainsi que l’on a pu commencer à tenir des fichiers informatiques, non seulement pour la recherche scientifique, mais aussi pour assister les États dans la gestion des programmes sociaux. Et il y a eu les calculatrices, les premiers ordinateurs personnels comme les Apple, les systèmes de surveillance automatisés basés sur les mouvements, les téléphones cellulaires, ainsi que les logiciels de correction automatique de la langue, tels que le Correcteur 101 ou Antidote, qui permettaient aux auteurs et aux journalistes de fournir des textes révisés et corrigés artificiellement, exactement comme la calculatrice permettait aux personnes ne sachant pas compter de faire leur budget.
À toutes les époques, on a crié à la fin de l’humanité et à la robotisation des esprits à chaque découverte et nouvelle utilisation de l’IA. Et voilà que ça recommence en 2024 ! Et c’est lorsque la panique s’installe que les pires décisions sont prises. Quand ChatGPT est arrivé, avec sa cohorte de systèmes similaires, on a crié au scandale, affirmant que ce logiciel allait permettre la rédaction de textes artificiels, ce qui nuirait à l’exactitude de l’information, etc. Évidemment, si on se sert de ces outils pour commettre des actes irrévérencieux, ce n’est pas mieux que de lancer un ordinateur sur la tête de quelqu’un ! Le ridicule ne tue pas, mais parfois il blesse…
Sans entrer dans la criminalisation, car tout est possible même avec un dictionnaire en papier si on pousse à l’extrême, il reste que l’IA permet de fournir des textes révisés et corrigés, comme ceux de Gay Globe. Elle permet également d’augmenter la créativité artistique de façon exponentielle grâce à des logiciels de création d’images, comme ceux utilisés parfois dans ce magazine. Plutôt que d’avoir peur de ces outils, il faut encourager leur utilisation avec l’objectif de progresser vers le mieux, le meilleur.
L’intelligence artificielle est là pour servir l’humanité. Il suffit de l’accepter et de laisser les autorités compétentes distinguer le bien du mal, tout comme il était mal au temps des Abyssiniens d’utiliser un abaque pour frauder et falsifier les inventaires. Finalement, il n’y a rien de nouveau là-dedans.