DEHORS, LES POLITIQUES DE LA DIVERSITÉ

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Opinion par: Roger-Luc Chayer / Image: Générée électroniquement ©Gay Globe

Depuis quelques mois, un nombre croissant d’entreprises à travers le monde, notamment aux États-Unis, en Europe et au Canada, ont décidé d’abandonner leurs politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), souvent sous des prétextes divers. Ces politiques, mises en place depuis les années 1980 grâce aux efforts des communautés LGBTQ+ et de leurs représentants, ont conduit à des avancées significatives. Elles ont été adoptées par la majorité des grandes entreprises internationales et de nombreux gouvernements. Cependant, l’abandon de ces politiques soulève des interrogations sur l’avenir de la diversité et de l’inclusion.

Les politiques DEI ont pour objectif de promouvoir un environnement de travail respectueux et équitable. Elles se déclinent en trois volets : la diversité, qui vise à intégrer des individus de différents horizons (ethniques, de genre, de sexualité, etc.), l’équité, qui cherche à éliminer les obstacles systémiques pour garantir des chances égales de réussite, et l’inclusion, qui assure que chacun se sente accepté et valorisé dans son environnement professionnel.

Récemment, des entreprises comme Walmart ont décidé de revenir sur leurs engagements DEI.

Walmart a annulé un centre d’équité créé après le meurtre de George Floyd et a retiré son index des droits des homosexuels. Ces décisions surviennent dans un contexte politique où des groupes conservateurs, encouragés par la décision de la Cour suprême des États-Unis de mettre fin à la discrimination positive dans les admissions universitaires, attaquent désormais les politiques de diversité dans le monde du travail. Molson a également abandonné ses politiques DEI, expliquant qu’elle adopte désormais une « vision plus large » de l’inclusion, sans prioriser les groupes historiquement marginalisés.

Cet abandon des politiques DEI s’inscrit dans un contexte plus large, celui de l’évolution des revendications des communautés LGBTQ+. Depuis les années 1970, les demandes des gais et des lesbiennes ont évolué, d’abord axées sur l’égalité devant la loi et les droits au mariage et à l’adoption, puis se diversifiant pour inclure de nouvelles orientations sexuelles et identités de genre. Ce large éventail, aujourd’hui symbolisé par l’acronyme LGBTTQ2QIAAPMS+, est perçu par certains comme une confusion, un « fourre-tout » qui dilue les revendications originales des communautés gaies et lesbiennes. Une critique émerge, notamment face à des demandes parfois radicales, comme celle de l’inclusion des pédophiles au sein des communautés LGBTQ+, un sujet qui divise profondément l’opinion publique.

L’abandon des politiques DEI par certaines entreprises semble être une réaction à ce phénomène d’extension excessive des catégories identitaires. Ce retour du balancier est également renforcé par les débats internes au sein des communautés LGBTQ+, où certains membres se demandent si leur place est toujours reconnue dans un ensemble devenu trop vaste et hétérogène. Le phénomène d’abandon des politiques DEI pourrait également signaler un retour des forces conservatrices. En 2023, plus de 120 projets de loi restreignant les droits des LGBTQ+ ont été votés aux États-Unis, et des milliers d’autres sont en préparation à l’échelle mondiale. Ces lois visent principalement les personnes transgenres et, dans certains cas, remettent en question des protections légales acquises par les communautés LGBTQ+. Le climat politique devient de plus en plus hostile, avec des figures comme Donald Trump promettant de démanteler les protections fédérales en faveur des droits des LGBTQ+.

L’abandon des politiques DEI par certaines entreprises pourrait marquer le début d’une période difficile pour les communautés LGBTQ+, avec la montée en puissance de groupes extrémistes de droite qui exploitent la régression des avancées sociales et juridiques. Si ce phénomène se généralise, il pourrait entraîner un recul des droits des personnes LGBTQ+ à l’échelle mondiale. Seul l’avenir dira si nous assistons à une régression de la lutte pour les droits des minorités sexuelles ou à l’émergence d’un nouvel ordre social qui pourrait redéfinir la place des communautés gaies et lesbiennes dans le monde.

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