Les « amants de Pompéi » étaient-ils homosexuels ? Ces deux moulages de deux personnes tuées lors de l’éruption du Vésuve en l’an 79 n’ont pas fini de faire parler d’eux. L’un ayant la tête reposée sur la poitrine de l’autre, on a voulu y voir un homme et une femme, tendrement enlacés… Mais selon une récente décou- verte rapportée la semaine dernière par l’agence Ansa, au vu des résultats d’analyses génétiques réalisées à partir des restes orga- niques emprisonnés dans le moulage, il s’agirait en fait de deux jeunes hommes!
Lorsqu’il a été découvert en 1914, le moulage présentait une scène si frappante et si émouvante que les deux personnages ont rapide- ment été surnommés « les amants ». Pour le régime fasciste de Mus- solini, il ne pouvait bien sûr s’agir que d’un homme et d’une femme…
Au-delà de cela, de nombreuses autres suppositions ont été faites sur ces deux personnages surpris par l’éruption du Vésuve, sur leur sexe mais aussi sur la nature de la relation qui les unissait. Ainsi, l’archéologue italien qui avait découvert les célèbres ruines avait d’abord imaginé qu’il s’agissait de deux femmes, une mère et sa fille par exemple.
Évidemment, qu’il s’agisse d’un homme et d’une femme ou bien de deux hommes, dans un cas comme dans l’autre, rien ne prouve qu’il s’agit d’un couple, dans l’absolu. Il est bien difficile de deviner par leur simple position ce que ces deux personnes étaient en train de faire juste avant leur mort : les deux corps semblent être tendre- ment enlacés, mais il peut aussi s’agir de deux amis qui sont morts côte à côte, ou même de deux personnes en train de se battre..Ceci dit, la thèse du couple homosexuel n’est pas écartée par les historiens, loin de là, elle est même extrêmement plausible: dans la Rome antique, l’homosexualité était très présente, comme en at- testent de nombreux écrits, et elle était en fait bien moins taboue que dans la société actuelle. Elle était pratiquée par Cicéron, Jules Cé- sar, et même Néron qui prendra publiquement l’un de ses esclaves comme époux. En réalité, on peut considérer les Romains comme bi- sexuels: le distinguo entre hétérosexualité et homosexualité n’avait pas vraiment de sens dans la civilisation romaine, puisque dans leur conception de l’amour et du sexe, il y avait une différence très nette entre le plaisir charnel et la passion amoureuse proprement dite.