
Par Safa Ben Saad
Loin de la trame narrative contemporaine voulant que la rigueur religieuse et le conservatisme
moral soient l’apanage d’une société musulmane puritaine et conservatrice, la diversité sexuelle
et de genre (ci-après DSG) est une partie intégrante de l’histoire de cette société et de son
héritage culturel. Particulièrement, le adab (littérature) parvient au lecteur contemporain riche
d’informations à la fois comme un lieu de libération, voire de transgression et d’hérésie et
un véhicule de « sortie de placard » pour les personnes issues de la DSG. Ainsi, la littérature,
conjuguée à la rigueur de l’étude historique, permet d’informer sur différentes époques de
l’histoire arabo-musulmane (préislamique, les premières années de l’islam, la période médiévale,
prémoderne et moderne). Elle permet, conséquemment, de comprendre la progression de
l’acceptation sociale, qui va de la tolérance au tabou, voire à la persécution. En effet, les sociétés
arabo-musulmanes ont toléré l’homosexualité jusqu’au 19e siècle. Capturé en Algérie en 1678,
un jeune anglais rapporte à son retour : « Ce péché abominable de sodomie est si loin d’être
châtié chez eux que se vanter de ce genre de détestables agissements fait partie de leurs
conversations habituelles. Il est aussi courant ici pour les hommes de tomber amoureux de
garçons que ça l’est en Angleterre d’être amoureux d’une femme. »