
Edward Sanger
Les démarches de changements de nom et de genre sont plus accessibles. Le processus reste le même: raconter son histoire et mener des combats pour réussir.
Durant une formation au GRIS Estrie, j’ai rencontré plusieurs personnes inspirantes. Parmi elles, j’ai fait la connaissance de Charlie. Étudiant à l’Université de Sherbrooke, en quête d’obtenir son baccalauréat en droit, Charlie est non-binaire et « gender fluid ».
Être gender fluid signifie, durant le parcours de vie, d’osciller entre les genres sans s’identifier à l’un d’eux. Cela varie pour chaque personne selon comment elles se sentent dans leur identité de genre et leur expression de genre.
« Au départ, j’avais une forte poitrine. Je détestais cette partie de mon corps. À 16 ans, j’ai donc eu une opération. Avant je pleurais, mais maintenant je suis très heureux.se. J’aime ma poitrine, bien qu’il m’arrive de la cacher lors des journées ou je me sens plus masculin. »
À 24 ans Charlie s’est mis plus à l’écoute pour explorer son expression de genre. C’est à 26 ans qu’il s’est annoncé, avec fierté, être non-binaire. La dysphorie de genre peut engendrer de l’anxiété, de la dépression ou encore de l’irritabilité. Ça été le cas avec Charlie pour sa poitrine. Après l’opération de réduction mam-maire, il est passé de la taille double D à la taille B.
« Les cicatrices se sont bien adaptées. En découvrant ma nouvelle poitrine, j’étais heureux d’avoir une taille que j’aimais. J’étais envahi de bonheur. »
De plus, via un groupe de soutien sur le thème de la dépendance affective, Charlie a pu réaliser une grande victoire.
« Par l’écoute, la compassion et leurs histoires, j’ai été sur un nuage euphorique. Après un moment de lucidité, j’ai crié dans ma voiture que je n’étais pas une femme. Deux jours plus tard, j’ai fait mon coming-out sur mon identité de genre. »
Sur sa lancée, Charlie a fait des démarches pour obtenir un changement de nom dans ses dossiers civils. Cela peut être demandé par voie administrative ou judiciaire, pour diverses raisons comme le ridicule d’un nom, la prononciation compliquée, un patronyme utilisé sans être au certificat de naissance ou encore l’évocation d’un tort psychologique.
«Seule ma carte étudiante a été changée. Pour des raisons psychologiques, mon médecin et ma sexologue m’ont appuyé dans mes démarches. Maintenant, j’attends pour recevoir le verdict de changement de nom. Si c’est rejeté, j’irai me défendre en cours. Dans le pire des cas, il me faudra attendre 5 ans pour que mon vœu soit exaucé. Mais je reste confiant pour la suite.»
Par son soutien et celui de ses proches (son père lui a donné un tuyau pour rencontrer une endocrinologue), Charlie a su se comprendre lui-même pour apporter des changements à son bonheur.
À l’avenir, il aspire à devenir avocat dans la criminalité jeunesse et aussi pouvoir aider les personnes LGBT+ immigrantes.
«C’est correct de se poser des questions. Faire un changement, ce n’est pas se donner une étiquette, au contraire, c’est une reconnaissance de soi pour permettre de s’ouvrir aux gens au lieu de se renfermer dans un être qui nous est inconnu.»