LA PrEP À LA MODE!

Roger-Luc Chayer

Tout le monde, ou presque, connaît la nouvelle thérapie préventive du VIH qui consiste à traiter une personne saine à l’aide d’une trithérapie quotidienne afin qu’elle soit mieux protégée contre le VIH si elle devait y être exposée.

La prophylaxie pré-exposition sexuelle (PrEP) est donc une thérapie qui consiste à donner à un patient séronégatif deux antirétroviraux afin de constituer une sorte de protection de base en cas d’infection. En théorie, si le patient est exposé au virus lors d’une relation sexuelle ou d’un échange de seringue, par exemple, le médicament déjà présent dans le sang pourrait immédiatement empêcher le virus de se reproduire et sauver la vie du patient.

«La PrEP n’est pas un vaccin immunitaire et ne peut être invoqué comme protection absolue»

Il existe toutefois une nouvelle mode au sein de la communauté qui consiste à se déclarer «sous PrEP», directement sur des sites de rencontres ou lorsque les personnes se rencontrent pour la première fois dans des lieux de drague, et cela faussement, simplement pour donner une impression de protection. Certaines personnes vont même jusqu’à se déclarer sous PrEP pour pouvoir se passer de l’usage du condom. Rien n’est plus crapuleux que de faire de telles affirmations et en plus d’être fausses, elles engagent la responsabilité criminelle des personnes qui utilisent cet argument pour obtenir des relations sexuelles sous de fausses représentations. D’une part, pour que la PrEP soit efficace à la base, elle doit être prise depuis plus de 3 mois, le patient doit prendre son médicament sans manquer de doses et doit avoir un contrôle sanguin régulier. Même en présence d’une observance parfaite au traitement, la PrEP n’est pas un vaccin ou un traitement efficace à 100%.

Au mieux, les statistiques démontrent un taux d’efficacité de près de 96% dans des conditions parfaites, le taux baisses dramatiquement en cas de prise partielle et le traitement est d’aucune utilité si le patient manque une ou deux doses par semaine.

Il est d’ailleurs recommandé de toujours continuer à utiliser le condom même sous PrEP si on souhaite obtenir une protection relativement parfaite.

Mais cela ne règle en rien la question de ceux qui se prétendent sous PrEP alors qu’il n’en est rien, et cela afin d’obtenir des relations sexuelles non protégées. Les chiffres au Québec montrent que dans les faits, très peu de personnes, quelques centaines de personnes au total, seraient actuellement traitées par la PrEP alors que sur les réseaux sociaux, un nombre effarant de québécois gais âgée entre 18 et 45 ans mentionnent être sous PrEP dans leur profil. La seule conclusion possible est que des individus se prétendent faussement sous PrEP et, la prudence étant de mise et en l’absence de quelque moyen de contrôle officiel, la bonne vieille protection du condom est encore nécessaire.