« Je voulais que la chenille devienne un papillon en plein contrôle de son épanouissement, je ne suis devenu qu’une sorte de manne qui ne peut sortir que la nuit pour éviter cette société qui me rejette.»
Sasha voulait me rencontrer pour me parler de sa transformation récente d’un jeune garçon mulâtre originaire des Bahamas et vivant à Montréal, vers une jeune fille, une transsexuelle, totalement opérée, et pour raconter le terrible drame qu’elle vit depuis 6 mois, date de son opération permanente.
«Je me sentais fille depuis toujours, je le savais et je ne m’en cachais pas. Arrivée à Montréal, j’ai été en mesure de commencer la prise de médication qui me permettait de neutraliser la production de testostérone, de préparer mon corps à devenir un beau papillon et surtout à me permettre de procéder au retrait définitif de mes organes masculins. Mais ce qui s’est produit était loin d’être ce qui avait été prévu. 6 mois après l’opération, un terrible sentiment s’est emparé de moi, le regret, la fatalité que ce qui a été fait ne pourra jamais être renversé».
Si Sasha réagit ainsi, c’est que le nouvel organe qu’on lui a créé n’a rien à voir avec les formes habituelles, les cicatrices sont si profondes qu’elle sont visibles même par dessus son sous-vêtement. Ce qui a été construit par chirurgie n’a rien à voir avec l’organe féminin et, pire, l’opération la laisse sans la moindre sensation sexuelle. «Je suis devenue une zombie sans capacité de plaisir sexuel et je vis dans la contemplation du suicide au quotidien, car ce qui a été retiré, y compris mon âme, ne pourra jamais être replacé.» Sasha est quand même une belle jeune fille de 24 ans, mais, depuis son opération, aucun homme ne veut la fréquenter, elle ne peut avoir aucune relation sexuelle vu la difformité de son attribut féminin et elle dit avec conviction que la plus belle partie de cette expérience aura été de vivre en femme avant l’opération. Elle pouvait alors fréquenter des hommes bisexuels qui la respectaient dans sa transitude et elle conclut qu’elle aurait dû éviter la dernière étape, l’opération fatale.
Selon une étude de l’Université de Chicago datant de 2009, les statistiques supportent les prétentions de Sasha. 74% des trans opérés souffrent de dépression morbide ou sévère, 30% tentent de se suicider dans les trois premières années suivant l’opération, 80% se disent rejetés par la société et 40% regrettent la transformation.
Bien que ce sentiment suicidaire ait pu être présent avant la transformation chirurgicale – Sasha l’admet d’ailleurs – elle considère que sa souffrance actuelle n’en valait pas la peine et que le papillon qu’elle croyait voir naître de la belle chenille, à ses yeux, n’est plus qu’une manne, sans saveur. Nous attendons les opinions des lecteurs pour suivre ce dossier.