
Roger-Luc Chayer
Avec les redoux de plus en plus nombreux à Montréal et surtout avec celui de la fin décembre au début janvier de cette année, la couverture de neige fond parfois totalement, laissant voir le terrible état de saleté du Village gai de Montréal. Comme le démontre la photo plus haut, prise sur la rue Ste-Catherine Est le 2 janvier 2023, rien ne va plus côté entretien.
Non seulement on ne ramasse plus les déchets éparpillés un peu partout au gré des vents, on ne fait même pas l’effort de punir par des amendes ceux qui en sont les principaux responsables. Conséquence: ce qui aura été un des plus beaux villages gai au monde est devenu une sorte de décharge publique dont personne ne veut assumer la responsabilité.
Une des explications qui peut expliquer le terrible laisser-aller face à l’entretien du Village gai découle certainement du fait que le Village est situé dans l’arrondissement Ville-Marie et qu’il s’agit du seul arrondissement de Montréal qui n’a pas de maire élu. De facto, le maire de la ville-centre devient automatiquement maire de Ville-Marie et c’est actuellement le cas de Valérie Plante. Elle n’a jamais été élue mairesse de Ville-Marie et peut-être qu’elle ne se sent pas obligée de rendre des comptes à la population.
Le déficit démocratique de l’arrondissement ne se limite pas qu’à la nomination d’un maire « de facto », il s’agit aussi du seul arrondissement à Montréal où deux des conseillers ne sont pas non plus élus, ils sont nommés par la mairesse Plante. Sur cinq conseillers, la mairesse en nomme deux, ce qui fait qu’au total, trois personnes sur six occupent un poste n’ayant fait l’objet d’aucune élection. Les trois autres postes de conseillers sont aussi du même parti que la mairesse Valérie Plante, Projet Montréal. Évidemment, comme tout l’arrondissement est dirigé par Projet Montréal, sans la moindre opposition, ça donne ce que l’on voit dans le Village. Un quartier abandonné, souillé, non entretenu, où l’on réunit immigration en attente de statut, troubles sociaux, itinérance et j’en passe. En août 2020, avec l’aide de la députée libérale Jennifer Maccarone, un citoyen de Ville-Marie a déposé une pétition à l’Assemblée nationale pour supprimer l’alinéa 2 de l’article 17 de la Charte de la Ville de Montréal, qui stipule que le maire de Montréal est automatiquement désigné maire de Ville-Marie, mais le ministre des affaires municipales de l’époque avait répondu qu’une réforme de la loi ne serait faite que si la Ville en faisait la demande, ce qui n’a jamais été fait. Il serait effectivement illogique politiquement de demander une modification qui enlèverait le pouvoir total qu’a Madame Plante sur l’arrondissement du centre-ville de Montréal.
La démocratisation de l’arrondissement serait une solution à long terme puisque si tous les conseillers étaient élus, ils auraient évidemment des comptes à rendre à la population. Mais le plus urgent serait peut-être, lors des redoux du moins, de permettre aux balais mécaniques de passer sur les rues et trottoirs pour ramasser la crasse et les déchets qui apparaissent, d’engager aussi des équipes de nettoyage dans le cadre de programmes s’adressant aux assistés sociaux désirant améliorer leurs conditions financières ou dans le cadre de travaux communautaires. Ça ne me semble pas si sorcier que ça!