Par: Roger-Luc Chayer / Photo: Dekkoo.blog
Le débat sur la viabilité et la pertinence des couples intergénérationnels suscite des passions depuis toujours, mais jamais autant que depuis la publication, en octobre dernier, d’une photo sur les réseaux sociaux montrant un couple gai composé d’un jeune homme de 21 ans et d’un homme de 62 ans. Les réactions ont été très virulentes, empreintes de préjugés quasi homophobes. Mais pourquoi l’amour entre deux personnes d’âges très différents dérange-t-il tant, alors que cela ne concerne en rien les autres ?
Cela m’est personnellement arrivé à deux reprises dans ma vie. La première fois, il y avait 10 ans de différence entre nous; la seconde, 30 ans. Ce n’est pas rien… Et pourtant, ces deux relations m’ont été très bénéfiques, et je suis persuadé qu’elles l’ont été également pour mes partenaires.
Malgré de nombreuses recherches, il n’existe pas véritablement de ressources abordant la question des couples gais intergénérationnels, et les défis auxquels ces couples font face sont loin d’être communs. Entre le jugement des autres sur les relations de même sexe, les inégalités financières, et les critiques morales liées à la différence d’âge, les couples intergénérationnels de même sexe doivent affronter une multitude de réalités complexes.
Cela dit, lorsqu’on interroge ces couples, les réponses sont souvent similaires, et jamais la différence d’âge n’a été un motif de séparation. Au contraire… Les points positifs soulignés par la personne plus jeune du couple incluent la sécurité affective et émotionnelle, parfois la sécurité financière, ce qui est tout à fait compréhensible si l’un des partenaires est à l’université tandis que l’autre cumule possiblement 40 ans de salaire et de travail. La maturité est également un facteur important pour les plus jeunes, qui peuvent compter sur l’expérience de leur partenaire plus âgé pour faire face à certaines situations.
De la même manière, les partenaires plus âgés disent souvent que la jeunesse de leur compagnon leur permet de revivre des sentiments parfois oubliés et leur redonne même un regain de vitalité, notamment à travers le sport et la découverte de nouveautés propres aux jeunes générations. C’est un peu comme si les deux membres du couple se complétaient mutuellement, et c’est magique…
En matière de sexualité, la question est beaucoup plus délicate et souvent les couples homosexuals intergénérationnels sont plus réticents à en parler.
Les couples gais intergénérationnels hésitent souvent à parler de leur sexualité en raison du jugement social et des stéréotypes qui entourent leur relation. La pression sociale, combinée aux préjugés sur la différence d’âge, peut rendre ce sujet délicat. Les partenaires peuvent aussi ressentir le besoin de protéger l’intimité de leur relation face à une curiosité parfois intrusive et c’est très bien comme ça.
J’en ai toutefois parlé à un couple d’amis, dont l’un est médecin et l’autre étudiant universitaire, et leurs réponses, ouvertes et franches, ont été à la fois rafraîchissantes et surprenantes. Selon eux, la sexualité est quelque chose de très valorisant, et contrairement aux idées reçues, la plupart des couples LGBT intergénérationnels ne vivent pas un simple amour platonique.
Ils vivent leur amour avec beaucoup d’affection, trouvant chez l’autre ce qu’ils ne pourraient pas obtenir avec une personne du même âge. Quel plaisir d’en discuter avec eux, et surtout de le faire sans gêne.