PROSTITUTION La nouvelle loi qui criminalise encore plus!

Par: Roger-Luc Chayer

C’est donc le 6 décembre dernier qu’entrait officiellement en fonction la nouvelle loi anti-prostitution au Canada, sur l’ensemble du pays, incluant toutes les provinces et territoires. Mais qu’est-ce qu’impliquent exactement les articles de cette loi?

La plupart des personnes croient, à tort, que la nouvelle loi criminalise d’une nouvelle manière les travailleurs du milieu, les escortes, prostitués, masseurs érotiques et autres, mais dans les faits, c’est faux. Les travailleurs du sexe se voient reconnaître une certaine immunité, à condition de respecter quelques règles élémentaires de prudence comme ne pas profiter de l’occasion pour posséder ou faire le commerce de drogues, ne pas commettre de la fraude sur les clients ou du chantage et ne pas impliquer des mineurs dans ces mêmes actes. Au-delà de ces règles, les travailleurs du sexe sont relativement protégés.

Là où la nouvelle loi change le monde de la prostitution, c’est dans le traitement accordé aux clients comme aux individus et sociétés qui en font la promotion. La Loi C-36 interdit donc toute forme de publicité imprimée,  télévisée, radiodiffusée ou virtuelle (Internet) pour la vente de services sexuels pour d’autres personnes. Prenons par exemple un magazine qui a l’habitude de publier 12 pages d’escortes, de massages érotiques ou de dizaines d’agences d’escortes. En continuant à publier de tels services, les propriétaires d’un tel magazine s’exposeraient à de lourdes pénalités qui, selon la nouvelle loi, vont de 2 ans à 14 ans de prison, ce à quoi s’ajoute une déclaration de délinquants à contrôler.

Il devient donc périlleux pour les médias et les sites Internet d’annoncer quelque service sexuel que ce soit dans un cadre rémunérateur, en échange d’argent donc, et les mêmes services impliquant des mineurs seront considérés comme des facteurs aggravants pour les tribunaux.

Il est certain que le paysage des services pour adultes va changer autant pour les prostitués que pour les entreprises et sites qui choisiront de ne pas respecter la loi. D’une part, en criminalisant les clients, les autorités viendront jouer directement dans les revenus des travailleurs du sexe, puisque les peines sont devenues très sévères. En même temps, en effaçant de la surface de la nation canadienne toute possibilité de marketing, de publicité, de promotion, en utilisant les vrais mots ou en tentant de jouer avec les termes pour en diminuer l’aspect sexuel, là encore ce sont les prostitués qui vont perdre leurs moyens de se faire connaître. Ultimement, quand le fédéral invoque la protection des travailleurs du sexe comme motif de la loi C-36, c’est en leur coupant les vivres qu’il pense les éloigner du milieu. À voir!!!