(Rabat) – Une Cour d’appel marocaine a confirmé, le 2 juillet 2014, des verdicts de culpabilité prononcés en première instance à l’encontre d’hommes accusés de s’être livrés à des actes homosexuels, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Au moins quatre des six accusés dans cette affaire, jugée dans la région du centre du Maroc, avaient été déclarés coupables de chefs d’accusation qui incluaient la commission « d’un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe », aux termes de l’article 489 du code pénal marocain. Outre que cette affaire repose sur des chefs d’accusation qui sont discriminatoires à l’égard de l’orientation sexuelle, elle pourrait également soulever des questions quant à l’équité des procédures, a affirmé Human Rights Watch. La Cour d’appel de la ville de Beni Mellal a confirmé les verdicts prononcés contre ces hommes sur la seule base de déclarations faites par eux alors qu’ils étaient aux mains de la police. Les six hommes sont par la suite revenus sur ces déclarations lors du procès, affirmant les avoir signées sous la menace des policiers, selon le témoignage d’une avocate de la défense, Hadda Maidar, recueilli par Human Rights Watch. La cour d’appel n’a appelé aucun témoin à la barre et n’a examiné aucun autre élément de preuve, et lors de l’audience, tous les accusés ont nié être homosexuels, a ajouté cette avocate. « Les autorités marocaines devraient cesser de poursuivre en justice et d’emprisonner des personnes en raison de leur comportement dans l’intimité avec d’autres adultes consentants », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Quelle que soit l’orientation sexuelle de ces six accusés, elle ne devrait pas les rendre passibles de sanctions pénales. » Il s’est avéré difficile d’obtenir des détails sur cette affaire, du fait qu’elle s’est déroulée dans une région reculée du pays, et en raison de la réticence de nombreuses personnes liées à des procès au pénal relatifs à des activités homosexuelles à en discuter publiquement. Les six hommes ont été arrêtés par la police en avril à Fqih Ben Salah, une petite ville de l’intérieur du Maroc située à 200 kilomètres au sud de Rabat. Le 12 mai, le tribunal de première instance de Fqih Ben Salah les a déclarés coupables d’actes homosexuels, d’incitation à la prostitution, ainsi que d’ivresse publique ou de conduite en état d’ivresse. Il a condamné l’un d’eux à trois ans de prison, un autre à deux ans et demi de prison et les quatre autres à des peines plus courtes. Le tribunal a également banni plusieurs des accusés, et peut-être tous les six, de la région, punition prévue par l’article 504 du code pénal pour des crimes contre « la moralité ». Dans sa décision du 2 juillet, la cour d’appel a réduit les deux peines de prison les plus longues, a assorti du sursis les autres peines de prison et a annulé les mesures de bannissement. Les deux accusés condamnés à la prison ferme sont incarcérés à la Prison rurale de Fqih Ben Salah. L’un des accusés a affirmé à la cour qu’alors qu’il était en état d’ivresse, il avait fait monter dans sa voiture une personne qu’il croyait de sexe féminin mais qui, en fait, était un homme, selon les déclarations de Hadda Maidar à Human Rights Watch. À l’exception de cet aveu, les accusés ont clamé leur innocence concernant tous les chefs d’accusation. Que les autres chefs d’accusation retenus dans cette affaire soient fondés ou non, et que les six hommes aient bénéficié ou non d’un procès équitable, le gouvernement marocain devrait cesser de poursuivre des personnes en justice pour homosexualité, a déclaré Human Rights Watch. L’article 489 du code pénal punit les actes homosexuels d’une peine de six mois à trois ans de prison et d’une amende de 200 à 1 000 dirhams (24 à 120 dollars). En 2007, un tribunal de la ville de Ksar el-Kbir, dans le nord du Maroc, a condamné six hommes à des peines de prison en vertu de cet article 489. La police les avait arrêtés après l’apparition sur YouTube d’une vidéo censée montrer une réunion privée, à laquelle les accusés auraient assisté, et que les médias avaient décrite comme un « mariage gay ». Criminaliser les relations homosexuelles consensuelles entre adultes constitue une violation de droits humains fondamentaux qui sont protégés par le droit international. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que le Maroc a ratifié en 1979, interdit les ingérences dans le droit à la protection de la vie privée. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a condamné les lois réprimant les relations homosexuelles consensuelles comme étant en contravention avec le PIDCP. Le Groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires a affirmé que les arrestations pour relations homosexuelles consensuelles constituaient, par définition, des violations des droits humains. La constitution marocaine de 2011 affirme, dans son préambule, que le Maroc s’engage à « bannir et combattre toute discrimination à l’encontre de quiconque, en raison du sexe, de la couleur, des croyances, de la culture, de l’origine sociales ou régionale, de la langue, de l’handicap ou de quelque circonstance personnelle que ce soit ». « Si le Maroc aspire à devenir un leader régional en matière de droits humains, il devrait prendre l’initiative d’abolir certaines de ses lois qui établissent une discrimination à l’égard de certaines activités entre adultes consentants pour la seule raison qu’ils sont de même sexe », a conclu Sarah Leah Whitson.

Agoravox.fr

L’Église Unie accueille la communauté LGBT

Diversité identitaire et sexuelle

L’Église Unie du Canada, est l’une des plus importantes Églises protestantes du pays. Gary Paterson, le Modérateur (équivalent au Pape), ouvertement homosexuel appuie notamment l’égalité des sexes et prend en compte les droits sociopolitiques de la communauté LGBT. L’Église Unie célèbre des mariages entre conjoints de même sexe et elle ouvre ses portes à tout le monde, peu importe l’orientation sexuelle. Les pasteurs peuvent être des hommes ou des femmes et être en couple hétérosexuel ou homosexuel.

Sophie Laisney. Dossier HomosexualitéSexualité

Le Pasteur Marco, qui représente l’Église Unie à Montréal, dans l’arrondissement de Verdun, nous en dit plus sur son Église et sa relation avec la communauté lesbiennes, gays, bisexuels et trans (LGBT). 

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Sophie Laisney : Sur quel principe se fonde l’Église Unie ?

Pasteur Marco : L’Église Unie a toujours été très orientée vers la justice sociale. Par exemple, les femmes ont été ordonnées dans cette Église en 1936, avant même qu’elles aient le droit de vote au Canada. Nous sommes une église chrétienne et nous accueillons les personnes qui sont en cheminement de foi. Nous n’avons aucun problème avec l’accueil de personnes de tous horizons confondus. En 1988, l’Église Unie a fait une déclaration, accueillant les gens de toutes les diversités et identités sexuelles. Cela nous a posé quelques problèmes avec d’autres dénominations (sous-groupe d’une religion), il y a eu des réticences et certaines tensions.

S.L : Êtes-vous critiqués par d’autres Églises ?

P.M : En tant qu’Église « à contre-courant », on s’est fait harceler par beaucoup d’autres Églises. On s’est fait envoyer en enfer ! Ce qui est assez particulier, car Jésus se serait certainement associé à la cause LGBT, car il a toujours approché dans son ministère les marginalisés de son époque pour enlever le stigmatisme social qui entoure ces exclus (les lépreux, les malades, les femmes ou les samaritains -les musulmans de nos jours-). Donc, il aurait selon moi, sans doute voulu démystifier les exclus de la communauté LGBT. Concernant cette communauté, il y a en effet des dénominations plus conservatrices dans les Églises baptistes ou les Églises évangélistes. Nous n’avons aucun contact avec eux et je pense que nous n’en aurons jamais. Et ils n’auront probablement pas d’ouverture à la communauté LGBT, en tout cas pas dans les prochaines décennies. Par contre, nous avons de bien meilleures relations avec l’Église anglicane qui est aussi très ouverte sur la justice sociale. Nos Églises sont en communion.

S.L : Globalement, est-ce que vous constatez une ouverture des religions face aux diversités sexuelles ?

église et homosexualité  religion homosexuel lesbienneP.M : Oui, absolument. L’Église anglicane, par exemple, est ouverte au mariage de conjoints de même sexe, c’est une chose que l’on n’aurait pas vue il y a une dizaine d’années. D’autres religions sont en train de s’ouvrir sur cette question. Il y a un an, pratiquement jour pour jour, j’ai marié deux hommes : un musulman et un chrétien. C’était un mariage inter-foi et c’était important pour moi d’unir ces deux traditions au sein de mon église. Nous avons lu le Coran et la Bible durant le mariage. Nous avons aussi des contacts très étroits avec la synagogue Emanu-El-Beth Sholom, qui est ouverte à la communauté LGBT.

S.L : Le public a très peu d’échos des ouvertures religieuses. Pourquoi ?

P.M : On ne veut pas entendre parler de religions libérales. On veut entendre parler des sectes, de la femme qui est emprisonnée chez elle par son mari. On ne veut pas entendre ce que l’Église Unie fait, mais de ce que l’Église catholique ne fait pas. Les prêtres ne peuvent pas se marier, les femmes ne peuvent pas être ordonnées dans l’Église catholique, mais cela, l’Église Unie le fait, et on n’en entend pas parler. Ça ne fait pas vendre les journaux.

S.L : Vous utilisez beaucoup les nouveaux médias (YoutubeFacebook) pour faire passer le message de l’Église. Pour quelles raisons ?

P.M : Il faut utiliser les médias de notre temps pour être capable de rejoindre les gens. Les réseaux sociaux apportent l’opportunité de rejoindre le plus grand nombre. Cela apporte une vision plus saine et plus libre de vivre sa foi.

Mais on gère ces réseaux sociaux de très près, car il peut y avoir facilement des débordements. Nous avons dû « supprimer » beaucoup de personnes de nos pages, car elles revenaient continuellement sur Facebook et sur Youtube pour nous démolir complètement avec des propos ancrés dans l’ignorance. Sur la plupart de nos vidéosYoutube, l’option des commentaires est désactivée parce qu’on a eu notre lot de commentaires négatifs.

Au Québec et de façon plus générale, actuellement, il y a une forte ignorance religieuse. On ne connait pas l’Islam, le Christianisme ou le Judaïsme. Tout est mis dans le même panier, et une sorte de propagande « pleut » sur les réseaux sociaux. Par exemple, il y en a beaucoup qui croient que la foi, c’est juste des rituels à faire. Mais la foi, c’est bien plus profond que ça. Mes vidéos sont des entrevues qui veulent montrer différentes facettes d’un aspect méconnu de la religion pour diminuer les préjugés. Le plus gros de mon travail c’est la démystification. Il faut informer les gens qui sont « désinformés ».

S.L : Est-ce que l’Église Unie a créé des partenariats avec les organismes LGBT ?

P.M : Il y a une dynamique de méfiance des gens à l’encontre de l’Église, y compris des organismes LGBT. L’Église Unie a tenté de s’unir avec des associations, mais il n’y avait jamais de suite. Les partenariats n’ont pas abouti. Il ne faut pas oublier que l’Église a été très « instrumentale » dans l’homophobie.

Dans mon Église (l’Église Unie la Passerelle) et de façon plus générale, on essaie de créer une démystification de l’homosexualité. Pour l’instant, il n y a pas de partenariat et ça me surprendrait que ça arrive. Sur la page de l’Église La Passerelle, on fait malgré tout la promotion de l’association GRIS-Montréal (Ndlr :Groupe de recherche et d’intervention sociale), par exemple. On essaie d’être un soutien dans les actions ou les levées de fonds, autant qu’on peut le faire et avec les moyens qu’on a. Mais ce n’est pas parce qu’on ne crée pas de partenariat que nous ne sommes pas unis par le même but : la diminution des discriminations.

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