Réponse à Trump: Pourquoi le Canada ne sera jamais américain – Et pourquoi des millions d’Américains rêvent de devenir Canadiens

Image Canada USA en guerre

Roger-Luc Chayer (Image: IA / Gay Globe)

Dans la guerre que mène le président élu Donald Trump contre le Canada — marquée par des insultes, des menaces tarifaires et des suppositions irresponsables sur une entrée fictive du Canada comme 51e État des États-Unis —, plusieurs Canadiens ont riposté en proposant de lancer une pétition invitant les États-Unis à devenir la 11e province canadienne ou, à tout le moins, un territoire sans statut provincial jusqu’à ce qu’ils aient fait leurs preuves. Donald Trump, maître de la mémoire courte et de l’ingratitude historique, semble avoir oublié les nombreuses contributions canadiennes à son pays, lesquelles ont parfois permis de sauver la mise à notre puissant voisin du Sud.

Quelle est la distinction entre une province et un territoire canadien?

La distinction entre une province et un territoire canadien repose sur la manière dont leurs pouvoirs sont établis et exercés. Les provinces tirent leur autorité directement de la Constitution canadienne, ce qui leur confère une plus grande autonomie dans des domaines clés comme l’éducation, la santé et les ressources naturelles. Elles ont une souveraineté inhérente, ce qui signifie qu’elles peuvent légiférer indépendamment dans les sphères qui leur sont attribuées.

En revanche, les territoires dépendent davantage du gouvernement fédéral, qui délègue les pouvoirs qu’ils exercent. Cette relation entraîne une moindre autonomie politique et administrative, bien que des efforts aient été faits pour renforcer leur gouvernance locale au fil du temps. Les territoires disposent donc de pouvoirs plus limités et leur fonctionnement est souvent ajusté selon les directives fédérales, reflétant leur statut distinct dans la fédération canadienne.

Toute nouvelle acquisition de territoire devenant canadien serait théoriquement soumise à la gestion directe du gouvernement fédéral, conformément au statut territorial. Ce n’est qu’après une intégration complète et réussie dans le système canadien que les États-Unis, ou des États spécifiques souhaitant faire sécession pour devenir des provinces canadiennes, pourraient déposer une demande pour obtenir les pleins pouvoirs provinciaux. Cependant, bien que cette information aide à contextualiser cet article, il s’agit évidemment d’une hypothèse purement théorique, car une telle situation ne se produira jamais.

Contributions historiques du Canada envers les États-Unis

Plus concrètement, les contributions du Canada au bien-être des États-Unis sont significatives, mais Trump semble l’avoir oublié. Voici quelques exemples marquants :

Tout d’abord, on ne peut passer sous silence la grande contribution de la France (Nouvelle-France) à l’indépendance des États-Unis. La France a joué un rôle crucial, offrant un soutien militaire, financier et diplomatique décisif. Après la victoire américaine à Saratoga en 1777, la France a reconnu officiellement les colonies en rébellion et a signé le traité d’alliance de 1778. Elle a fourni des armes, des soldats, des navires et des fonds essentiels pour soutenir l’effort de guerre contre la Grande-Bretagne. Le général Rochambeau et la flotte française, sous le commandement de l’amiral de Grasse, ont été déterminants dans la victoire de Yorktown en 1781, qui a scellé l’indépendance des États-Unis.

1. La guerre de 1812

Pendant la guerre de 1812, bien que le conflit ait opposé les forces britanniques (incluant celles du Canada à l’époque) aux États-Unis, il est important de noter que la paix conclue en 1814 a permis de poser les bases d’une relation pacifique et d’une coopération stable entre les deux pays.

2. La Seconde Guerre mondiale

Le Canada (et l’Empire Britannique du coup) a été un allié clé des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, même avant l’entrée des Américains dans le conflit. En collaborant au plan d’entraînement aérien du Commonwealth, le Canada a contribué à former des pilotes alliés, y compris américains. De plus, le Canada a soutenu les efforts de défense continentale à travers le Commandement de la défense aérienne de l’Amérique du Nord (NORAD), une initiative cruciale pour la sécurité des deux nations encore aujourd’hui.

3. Le pont aérien pendant le 11 septembre 2001 et l’invocation de l’article 5 de l’OTAN par les États-Unis

Lors des attaques du 11 septembre 2001, le Canada a apporté une aide directe et immédiate aux États-Unis en accueillant des centaines d’avions détournés dans le cadre de l’opération Yellow Ribbon. Les petites communautés canadiennes, notamment Gander à Terre-Neuve, ont hébergé et nourri des milliers de passagers américains, témoignant d’une solidarité sans faille. Je m’en souviens très bien : j’ai contribué directement à aider les personnes bloquées à l’aéroport Trudeau de Montréal en remplissant mon camion de bouteilles d’eau et de couches pour bébés, des articles qui manquaient cruellement sur place.

Mais l’élément le plus marquant demeure que, pour la première fois dans l’histoire de l’OTAN, les États-Unis ont invoqué l’article 5 de la Charte de l’Alliance, qui stipule qu’une attaque contre un pays membre doit être considérée comme une attaque contre tous. Le Canada a assuré plus de 90 % des mesures visant à protéger les États-Unis, permettant ainsi à leurs autorités de se concentrer sur la gestion de leur situation intérieure sans craindre de menaces internationales. Les États-Unis sont le seul pays à avoir bénéficié de l’article 5, se retrouvant sous la protection du Canada. De rien, Monsieur Trump!

4. La guerre froide et le NORAD

Le partenariat entre le Canada et les États-Unis a été essentiel durant la guerre froide qui s’est étirée de 1945 à 1991. Le Canada a cofondé le NORAD, une organisation qui a joué un rôle clé dans la défense contre les menaces aériennes soviétiques. Cette coopération en matière de défense a protégé le continent nord-américain et renforcé la sécurité des deux pays. Elle représente un exemple unique de coopération militaire et stratégique, qui n’a pas d’équivalent ailleurs dans le monde.

5. Contributions économiques et énergétiques

Le Canada a longtemps été un partenaire économique crucial des États-Unis, leur fournissant des ressources naturelles stratégiques comme le pétrole, le gaz naturel, et des minéraux essentiels. Par ailleurs, le commerce bilatéral, facilité par des accords comme l’ALENA (aujourd’hui l’ACEUM), a soutenu des millions d’emplois des deux côtés de la frontière.

Ces exemples montrent que le Canada a souvent agi dans un esprit de coopération, contribuant à la sécurité, à l’économie et au bien-être des États-Unis, tout en renforçant les liens entre les deux pays.

Quels seraient les avantages de devenir canadiens pour les américains?

Le président Trump, en attaquant le Canada avec sa théorie farfelue selon laquelle le Canada pourrait devenir le 51e État des États-Unis, affirme que les Canadiens bénéficieraient d’avantages tels qu’une armée plus puissante et des impôts moins élevés. Cependant, il ne mentionne évidemment jamais les avantages que les Américains pourraient tirer d’un éventuel statut canadien, en voici quelques-uns :

Les avantages pour les Américains à devenir Canadiens couvriraient plusieurs domaines. Ils auraient un accès universel et gratuit à un système de santé public et bien intégré, offrant des soins de qualité sans la préoccupation des coûts médicaux élevés, ce qui n’existe pas aux USA!

Ils auraient accès à de meilleurs indicateurs de qualité de vie, avec un système éducatif et des services sociaux solides, un faible taux de criminalité et un environnement plus inclusif.

Ils auraient accès à un système fiscal moins lourd, avec des impôts progressifs mais globalement moins élevés qu’aux États-Unis, tout en offrant des services publics étendus, le président Trump, sur ce point, préfère mentir au peuple américain qui ne connaît évidemment pas le système fiscal canadien et celui des provinces.

Ils auraient accès à une meilleure protection de l’environnement grâce à des réglementations plus strictes sur les industries polluantes et un engagement fort envers les énergies renouvelables.

Ils auraient un accès élargi au marché nord-américain via des accords commerciaux tels que l’ACEUM, tout en bénéficiant d’une plus grande influence sur les décisions internationales en tant que pays avec un rôle mondial reconnu et non belliqueux.

Enfin ils auraient accès à une protection accrue des droits civiques, avec des normes sociales et politiques progressistes sur des questions telles que les droits LGBTQ+, les droits des minorités, et l’immigration.

Devenir Canadiens offrirait aux Américains une qualité de vie plus élevée, une sécurité sociale étendue, et un rôle mondial renforcé. C’est pourquoi le Canada ne sera jamais américain, et pourquoi des millions d’Américains souhaiteraient plutôt l’inverse : devenir Canadiens. Un rêve utopique, certes, mais qu’il est important de souligner en ces temps troublés avec notre voisin du sud.

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