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L’incidence de certaines infections sexuellement transmissibles (IST – les « maladies vénériennes ») a augmenté de façon exponentielle depuis 2010. Aujourd’hui, tous les signes d’épidémies sont bel et bien là pour certaines d’entre elles, comme la chlamydiose, la gonorrhée (aussi appelée gonococcie ou blennorragie), et la syphilis. Or, ces IST ne sont pas anodines. Elles peuvent laisser des séquelles irréversibles et la réapparition de formes sévères est suffisamment préoccupante pour en faire un problème de santé publique et lancer l’alerte. Comment s’en protéger?
Qu’il s’agisse de bactéries, de virus ou de parasites, la liste des agents infectieux qui peuvent se transmettre lors de relations sexuelles est longue. Les plus connus sont probablement le virus du sida (VIH) ou la bactérie à l’origine de la syphilis (Treponema pallidum), mais il en existe bien d’autres comme les gonocoques, les chlamydiae (dont les lymphogranulomatoses vénériennes − LGV), certains mycoplasmes, les virus de l’herpès, des condylomes (papilloma) ou encore certains virus d’hépatites…
Si ces IST ne nécessitent habituellement pas de médicament au long cours, elles ne sont pas anodines pour autant du fait de leurs complications souvent irréversibles : stérilité, cancers, complications neurologiques ou ophtalmologiques sévères et invalidantes… Sans compter que certaines d’entre elles comme la syphilis ou l’herpès augmentent le risque de contracter le VIH.
Or certaines de ces infections sont en recrudescence partout dans le monde. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte que 357 millions de personnes contractent chaque année l’une des quatre IST suivantes : chlamydiose, gonorrhée, syphilis ou trichomonose.
En France, trois maladies font la course en tête l’augmentation de ces trois IST touche toutes les catégories de la population avec une part importante de jeunes. La flambée est spectaculaire chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) : +100 % de gonorrhées, + 92 % de rectites à Chlamydia et + 56 % de syphilis précoces ont été observés dans cette population entre 2013 et 2015. La syphilis n’est pas moins problématique. Cette IST ne cesse de progresser depuis deux décennies, tout particulièrement dans les métropoles et chez les HSH. Les médecins se retrouvent confrontés à des complications et à des séquelles invalidantes, ophtalmologiques (cécité) ou neurologiques (accident vasculaire cérébral, surdité, paralysie faciale…), qu’ils avaient oubliées.
Même s’il faudrait mieux les prévenir, traiter les IST doit rester une priorité de santé publique. La prévention et l’encouragement au dépistage ont en effet leurs limites, comme le montre le cas du VIH: chaque année, plus de 6 000 nouvelles contaminations ont encore lieu en France. Mais les traitements, même efficaces, ne suffisent pas à freiner la progression des épidémies d’IST en l’état actuel de la situation, et ont de nombreux inconvénients, encore plus lorsqu’ils sont répétés (ou se cumulent). La situation des gonocoques inquiète particulièrement l’OMS. Moins connu, Mycoplama genitalium devient multirésistant. Or, il infecterait 1 à 2 % des adultes, et jusqu’à 40 % des personnes consultant pour des IST à répétition.
Par ailleurs, traiter n’est pas toujours possible. Ainsi, si elles ne constituent pas des IST classiques, certaines maladies infectieuses émergentes, comme Ebola, Zika, voire la fièvre de la vallée du Rift, peuvent se transmettre par voie sexuelle, ont une mortalité élevée (pour Ebola) et n’ont pas de traitement.