Roger-Luc Chayer
Le chanteur américain Jussie Smollett s’est particulièrement fait connaître jusqu’ici pour sa participation à une série télévisée (Empire) et en se disant ouvertement homosexuel. Il y a quelques semaines, il aurait été attaqué, selon lui, par deux hommes masqués qui lui auraient mis une corde au cou tout en l’aspergeant d’un liquide ressemblant à de l’eau de Javel et en l’injuriant du fait qu’il est noir et homosexuel. Toujours selon lui, les propos tenus par les assaillants étaient apparentés aux discours haineux de Donald Trump.
Or, voilà que le 16 février dernier, les policiers de Chigaco, responsables de l’enquête, déclaraient aux médias que le chanteur aurait lui-même organisé cette attaque et que les deux «assaillants» avaient été libérés sans accusations. Qu’est-ce qui peut mener un individu à fomenter sa propre agression? Trois théories peuvent expliquer ce comportement:
La première pourrait être directement liée à sa popularité et à l’émission de télé à laquelle il participe. Faire monter les cotes d’écoute par un scandale, une agression ou susciter l’empathie du public sur son sort et, du coup, détourner l’attention de ce même public des autres participants peut être une stratégie efficace.
La seconde explication pourrait impliquer sa soeur, une chanteuse américaine très populaire. Smollett, désirant percer dans le même domaine, a peut-être senti qu’il n’arriverait pas à se distinguer de sa soeur et que le seul moyen de se créer une identité était de se poser en victime d’une sauvage agression.
La troisième explication pourrait résider dans une rhétorique de la survictimisation, souvent constatée auprès de personnes voulant faire avancer une cause en créant des conditions artificielles pour, encore une fois, provoquer un sentiment de compassion auprès du public. Cette théorie est celle qui semble être la plus pertinente à la situation actuelle. D’ailleurs, l’entrevue qu’il accordait à la chaîne télé ABC le 14 février démontre certains aspects de cette survictimisation. En conversation avec la journaliste Robin Roberts, Smollett fond en larmes en déclarant qu’il souhaite avoir été un exemple de résilience pour les jeunes LGBT en affrontant ses agresseurs et en ne se laissant pas intimider par la corde et les propos tenus. Smollett est d’ailleurs un militant de longue date des droits des LGBT et avec cette affaire de fausse agression, il est fort possible, voire probable qu’il aura voulu faire un cas de survictimisation pour gagner l’admiration et le respect d’un public qui ne lui en donnait pas assez selon lui. Il pourrait par contre passer trois ans en prison à cause de cette fausse plainte à la police!