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Christophe Mathias a 26 ans, en 1990, lorsqu’il découvre qu’il est séropositif. A l’époque, son médecin lui annonce qu’il lui reste trois ans à vivre. Vingt-sept ans plus tard, Christophe Mathias est toujours vivant et a une charge virale indétectable. Grâce aux médicaments antirétroviraux, le virus, toujours présent dans son organisme, est en sommeil. « Quand j’ai été dépisté, la moitié de mes amants étaient malades, les autres étaient morts. Je fais partie de la génération sida qui pensait ne pas dépasser la trentaine », résume ce militant historique d’Act Up.
Vieillir avec le VIH ? Une perspective inimaginable avant l’arrivée des trithérapies, en 1996, et qui est désormais une réalité. En France, entre 10 000 et 11 000 séropositifs ont plus de 60 ans, selon une enquête de la direction générale de la santé (DGS) datant de 2013. Soit environ 10 % des patients traités. Une proportion amenée à augmenter grâce aux traitements. Selon une étude publiée en mai, l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH a quasiment rattrapé celle de la population générale.
« Je suis en grande forme », s’enthousiasme Anastasia (le prénom a été modifié), séropositive depuis vingt-huit ans et mère de quatre enfants. A 69 ans, cette mordue de gymnastique mesure l’étendue des progrès thérapeutiques : son traitement est passé de vingt à quatre comprimés par jour. « Je me suis habituée à ces bonbons, dit-elle en souriant. Grâce à eux, j’ai eu la chance de voir naître mes huit petits-enfants. » Anastasia souligne également le bond qualitatif des soins. Elle ne souffre plus des effets secondaires provoqués chez elle par les médicaments de première génération, comme le diabète ou la lipodystrophie (anomalie de la répartition des graisses).
« Des traitements bricolés »
Le cas d’Anastasia est loin, toutefois, d’illustrer le quotidien vécu par de nombreuses personnes séropositives. « Les traitements provoquent toujours…