VIH: diminuer l’inflammation

Salle de presse de l’Université de Montréal

La metformine, employée pour traiter le diabète de type 2, pourrait réduire l’inflammation chronique chez les personnes sous trithérapie, selon une équipe du CRCHUM.

Si les personnes séropositives ont vu leur santé s’améliorer grâce à la thérapie antirétrovirale, elles ont cependant plus de risques de souffrir de complications associées à la chronicité de l’inflammation, comme les maladies cardiovasculaires. Ces problèmes de santé sont notamment dus aux réservoirs viraux dans lesquels le VIH persiste et à l’activation constante du système immunitaire.

Dans une étude pilote publiée récemment dans EBioMedicine, la chercheuse Petronela Ancuta, professeure à l’Université de Montréal, et la doctorante Delphine Planas, première auteure de l’étude, évaluent la capacité de la metformine à améliorer la fonction immunitaire et à réduire la taille des réservoirs viraux. Actuellement, les thérapies antirétrovirales bloquent la réplication du VIH en agissant à l’entrée et à la sortie des virions. Il reste toutefois une étape qui n’est pas ciblée par ces thérapies: la multiplication du génome viral à l’intérieur même de la cellule infectée. En dépit de la trithérapie, cette multiplication virale intracellulaire cause une inflammation et une activation immunitaire chroniques qui conduisent à l’apparition de comorbidités telles que les maladies cardiovasculaires.

L’idée d’utiliser la metformine chez les personnes vivant avec le VIH est venue du Dr Jean-Pierre Routy [Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill], notre collaborateur dans cette étude. Largement employé en médecine, ce médicament stimule ou freine les réactions du système immunitaire. Dans notre étude, nous avons donné de la metformine à 22 patients non diabétiques sous trithérapie – 13 à Montréal et 9 à Ottawa – en gardant à l’esprit que ce médicament interfère avec l’activité de la molécule mTOR [Mechanistic Target of Rapamycin], en jeu dans la transcription du VIH. In vitro, il a déjà été montré que l’inhibition de mTOR par des médicaments permet de ralentir considérablement la réplication du VIH dans les cellules de patients infectés par le virus.

Nous avons été enthousiasmés par les résultats positifs de cette étude pilote. Le médicament a été extrêmement bien toléré par les patients et nous avons constaté les effets biologiques bénéfiques de la metformine dans les biopsies de côlon.

Pour mémoire, le VIH se terre dans les cellules T CD4, des cellules du système immunitaire qui lui servent d’abri et qui forment des réservoirs viraux dans différents tissus périphériques, notamment dans l’intestin. Dans ces réservoirs, le virus continue de se multiplier et entraîne un état d’inflammation.

Dans l’étude, nous avons observé une réduction de l’activation de mTOR dans les cellules T CD4 présentes dans le côlon, ainsi qu’une diminution de certains marqueurs d’inflammation et de dommage intestinal dans le plasma. La metformine aurait donc un effet intestinal, mais aussi systémique.

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