1997- Un chien québécois de 4000 ans!

Avec le livre et le film « Le Parc Jurassique », l’engouement pour l’archéologie animale a atteint des sommets. Probablement sont-ils nombreux ceux qui, en prenant une marche avec leur chien, se sont mis à rêver qu’ils devenaient, eux aussi, de grands découvreurs d’ossements. En fait, le rêve américain avait déjà commencé il y a de cela 30 000 ans lorsqu’une poignée de bipèdes affamés (lire, des hommes), en provenance d’Asie, franchissait le détroit de Béring. S’ils cherchaient des dinosaures à se mettre sous la dent, il allaient être déçus, car ces derniers étaient déjà disparus depuis plus de 65 millions d’années. Malgré tout, il leur restait encore quelques mastodontes (Mammut americanum) pour satisfaire leur appétit.

Comme la mer de Champlain recouvrait à l’époque une certaine partie du Québec, ces premiers habitants n’ont eu d’autre choix que de descendre plus au sud du continent. C’est seulement il y a environ 7000 ans que les descendants de ces premiers voyageurs purent s’installer par ici. Ce fut le début de la période dite archaïque qui s’étendra jusqu’à environ 3 000 ans avant aujourd’hui. Ces hommes vivaient dans des huttes faites de branches recouvertes d’écorces ou de peaux et enterraient leurs morts avec différents objets pour les aider à faire un meilleur voyage dans l’au-delà. Ils se nourrissaient principalement de chasse au caribou qu’ils tuaient à l’aide de javelots tenus à la main.

Rapidement, les chiens sauvages du coin (puisqu’il en existait), se rendirent compte de l’utilité que pouvaient leur apporter ces drôles d’animaux à deux pattes. Un abri, de la chaleur et des restes à volonté! Il leur suffisait seulement de donner un coup de patte à la chasse des bipèdes en courant les proies de ces derniers. Après tout, leurs cousins canins du Croissant fertile (Irak, Iran…) travaillaient en collaboration avec les hommes depuis déjà 5 000 ans. À l’époque archaïque, trois types de chiens vivaient en toute liberté. Le Grand chien commun appelé ainsi parce qu’il avait de grandes patte, le Chien à membres courts (il avait, vous l’avez deviné, de petites pattes) et le Petit chien (museau allongé et pattes longues et grêles).

On sait maintenant, que les Amérindiens possédaient des chiens. De petite taille, avec les oreilles droites comme des renards ou des chacals, le nez long et la denture forte, ils hurlaient beaucoup plus qu’ils n’aboyaient. Ils étaient très utiles pour la chasse à l’ours, au raton laveur et autres petits gibiers. Chez les Hurons, lorsque la chasse n’était pas bonne, ils constituaient une excellente viande de rechange! Quels maîtres ingrats ils faisaient!

Nonobstant la qualité de sa chair, le chien était très cher aux Amérindiens car il servait également d’avertisseur à l’approche de l’ennemi. De manière assez amusante, le chien servait aussi d’essuie-mains après les repas et de réveille-matin puisqu’il ne tenait généralement pas en place dès le lever du soleil! De plus, l’enterrement de chiens dans des sépultures humaines était, semble-t-il, coutumier.

Comme on peut le constater, un respect mutuel entre l’homme et la bête s’était donc installé au Québec et ce, bien longtemps avant la naissance du Christ. C’est sans doute ce respect qui nous a valu, en 1983, cette incroyable découverte archéologique québécoise dans le comté de Vaudreuil, sur l’ile Cadieux, située à l’embouchure du Lac Saint-François en amont de Montréal: il s’agit de la mise à jour d’un squelette de chien, en position anatomique quasi foetale (couché sur son flanc droit), au fond d’une grande fosse servant de dépotoir. En soit, il n’y a rien d’extraordinaire me direz-vous, sauf si je vous apprends que ce chien a été déposé dans cette fosse il y a de cela 4000 ans, alors qu’Alain Bouchard n’avait que 20 ans.

En plus du chien, le site Cadieux contenait près de 30 000 autres témoins archéologiques répartis sur 10 000 mètres carrés. Le squelette de ce chien, âgé entre 12 et 15 mois, fut découvert à un niveau de 40cm. Vingt centimètres au dessus de l’animal, il y avait une cinquantaine de tessons de poterie de facture iroquoise. Cent quarante-et-un os ou fragments du chien ont ainsi été découverts. Il s’agirait d’un chien à membres courts ou d’un petit chien ou même d’un mélange probable des deux. Même s’il n’est pas jeune, notre chien Cadieux est loin d’être le plus vieux squelette découvert, puisque dans une caverne de l’Idaho, on a trouvé un chien vieux de 10 500 ans, qui serait une variété asiatique de loup. Cela prouverait que lors de la grande marche vers l’Amérique, l’homme était, volontairement ou non, déjà accompagné!

Aussi, si lors de votre prochaine marche avec votre chien, celui-ci se met à creuser la terre pour y trouver un os, laissez le donc faire. Il est sans doute à la recherche de ses ancêtres!

R.L.C.

Remerciements à Vetérinet et à Ani-mots.

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