À TRAVERS TEMPS ET ESPACE

Par: Peggy Sastre / Slate.fr

Une étude passant au peigne fin la plus grande base de données ethnographique disponible au monde conclut que l’homosexualité masculine est bien un phénomène qui traverse les frontières, les époques et les cultures.

Ses trois auteurs, anthropologues aux universités du Nebraska à Lincoln et de Washington-Vancouver, estiment que l’androphilie – le fait pour un homme d’être sexuellement attiré par ses semblables se retrouve a minima dans 57,5% des sociétés et dans 83,6% si on ne considère que son versant pratique – le fait pour des hommes d’avoir des relations sexuelles entre eux.

Dans tous les États actuels, on sait que les homosexuels représentent en moyenne entre 2 et 4% de la population, et ce selon une dispersion assez faible –on n’observe pas des écarts très marqués dans la distribution de ces proportions, mêmes dans les États qui répriment très violemment les rapports sexuels entre hommes.

Ce qu’appuient plusieurs dizaines d’années de recherche sur les fondements biologiques de l’homosexualité masculine, qui soulignent son caractère fortement héréditaire et dès lors indifférent aux idiosyncrasies sociales, culturelles ou même politiques.

Pour autant, l’universalité de l’homosexualité est une notion régulièrement remise en question. L’un des derniers avatars de ce point de vue s’incarne dans l’idée, de plus en plus répandue, faisant de l’homosexualité une «invention» historiquement récente, disséminée dans le monde, notamment arabe, à dos d’impérialisme occidental.

Ce qu’infirme très sérieusement l’étude de Raymond Hames, Zachary Garfield et Melissa Garfield. De fait, leur travail n’isole qu’une poignée de sociétés où l’homosexualité masculine serait réellement et totalement absente –comme les pygmées Akas d’Afrique centrale, qui ne semblent pas non plus connaître la masturbation ou les Hadzas d’Afrique de l’Est, l’un des plus anciens peuples de chasseurs-cueilleurs au monde.

Reste qu’il est toujours possible, sur la base de ces exemples, de considérer l’homosexualité masculine comme récente, à condition de sacrément étendre le concept, vu que ces tribus avoisinent les 130.000 ans d’âge.

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