Philippe Lague
Pour les automobilistes, se préparer à l’hiver ne se limite pas à installer des pneus d’hiver ; il faut aussi adapter sa conduite et, comme pour les pneus, il vaut mieux le faire le plus tôt possible. Autrement dit, n’attendez pas la première tempête avant de réagir. Michelin donne quelques conseils que vous pouvez consulter en ligne. Afin de nous montrer concrètement comment adapter notre conduite, le fabricant de pneus français a convoqué les représentants des médias à une petite séance d’exercices de conduite hivernale. D’abord, la base : avoir la bonne position de conduite et regarder le plus loin possible.
Si vous suivez un cours de pilotage, de conduite avancée ou de conduite hivernale, ce sont les deux premières choses qu’on vous montre, immanquablement. Contrairement à la croyance populaire (et à ce qu’on enseignait dans les cours de conduite de ma jeunesse), les mains ne doivent pas être en position 10 h et 2 h sur le volant, mais bien à 9 h et 3 h, avec les pouces à l’intérieur du volant. Même chose pour la flexion des bras.
Il faut éviter d’avoir les bras tendus. Avec les épaules collées sur le dossier, le conducteur ou la conductrice doit être capable de plier son poignet sur le dessus du volant, tout en ayant une légère flexion dans les bras. Comme le dit si bien le pilote et instructeur Carl Nadeau, « si un ours te court après, tu ne regardes pas tes pieds, mais où tu veux aller ». Bonne analogie.
Lors de cette séance de conduite hivernale, les instructeurs de Michelin nous faisaient faire quatre courts exercices sur un parcours spécialement conçu, avec cônes et glace artificielle. Le premier consistait à nous faire freiner à fond sur une surface glacée, et ce, à trois reprises : à 35, puis 40 et 50 kilomètres-heure. But de l’exercice : montrer comment une variation de seulement 5 ou 10 kilomètres-heure peut faire une énorme différence sur la distance de freinage.
Exercice suivant : l’évitement d’obstacle. Dès qu’on brusque la voiture, on se prive d’adhérence. L’important est d’être le plus détendu au volant et, surtout, le moins brusque possible. Si vos jointures sont blanches, c’est parce que vous serrez beaucoup trop le volant… Nuisible. Dans le même ordre d’idées, le troisième exercice est celui dit « de l’orignal » qui consiste à vous montrer comment réagir lorsqu’un obstacle surgit devant vous à la sortie d’un virage. Encore une fois, la vision joue un rôle-clé. Cet exercice vous servira par ailleurs en toute saison, pas seulement sur la neige ou la glace.
Le dernier exercice se déroulait sur une aire de dérapage (skidpad) avec une surface mixte (asphalte et glace). Cette fois, le but était d’apprendre à contrôler un dérapage. Lorsque l’arrière de la voiture commence à décrocher, que faire ?
Il ne faut pas freiner et, encore une fois, la vision joue un rôle-clé, comme l’explique Carl Nadeau : « Si vous regardez au mauvais endroit, vous allez au mauvais endroit. »
Pour améliorer sa conduite hivernale d’un autre cran et apprendre à contrôler son véhicule sur une surface glacée, pourquoi pas un cours de conduite… sur la glace ? C’est ce que propose depuis quelques années déjà le coureur automobile Claude Bourbonnais.
Celui qui a été un des meilleurs pilotes au pays enseigne les rudiments du pilotage depuis plusieurs années, notamment à la célèbre école Jim Russell, et il se spécialise dans la conduite hivernale (neige et glace).
Ce qui n’étonne guère quand on connaît aussi sa passion pour la motoneige, comme un certain Gilles Villeneuve avant lui… Chaque année, lorsque la glace est assez épaisse (généralement vers la fin janvier), Claude Bourbonnais installe sa « Clinique de contrôle automobile hivernale » directement sur le lac des Deux-Montagnes, à Vaudreuil. Le prix est de 200 $ pour la journée, ce qui est une aubaine dans le créneau des cours de pilotage. À ce prix, vous bénéficiez des conseils d’un des meilleurs instructeurs de pilotage au pays et vous apprenez à contrôler votre véhicule en toute situation, sur la neige et sur la glace.
De plus, et c’est là le principal avantage de la glace, votre véhicule souffre beaucoup moins que sur un circuit. En fait, il ne souffre pas du tout ! L’auteur de ces lignes a suivi ce cours l’hiver dernier et il en a été quitte pour une bonne dose d’humilité. Rien de tel qu’un cours de ce genre pour nous ramener les deux pieds sur terre.