
Roger-Luc Chayer (Photo: par Millie Pilkington 2024)
À la suite de l’élection du nouveau premier ministre du Canada, le très honorable Mark Carney, un geste d’une grande rareté historique a été posé : le roi Charles III du Canada a été invité à prononcer le discours du Trône, prévu pour la fin mai.
Cette annonce a suscité des réactions négatives de la part de certains individus et politiciens, qui ont dénoncé la présence du souverain en tenant des propos fracassants. Il m’a donc semblé important de revenir sur cette invitation et d’en rappeler le contexte historique, surtout à un moment où Donald Trump, depuis sa réélection, attaque systématiquement la souveraineté du Canada en traitant notre pays comme s’il s’agissait d’un simple État américain dirigé par un gouverneur, à l’instar des autres États de l’Union.
Au Canada, le chef de l’État, c’est le Roi !
Dans tous les pays souverains du monde, on trouve un chef de l’État et, bien souvent, un chef du gouvernement. En France, le chef de l’État est le président Emmanuel Macron, tandis que le chef du gouvernement est son premier ministre.
Aux États-Unis, le chef du gouvernement est le président des États-Unis. Contrairement à d’autres systèmes politiques, où le chef de l’État (le roi ou le président) est distinct du chef du gouvernement (le premier ministre), le président américain cumule les deux fonctions :
- Chef de l’État : il représente le pays sur la scène internationale.
- Chef du gouvernement : il dirige l’exécutif, nomme les ministres (appelés « secrétaires »), signe les lois, supervise les agences fédérales et peut opposer son veto aux projets de loi.
Au Canada, le chef de l’État est le roi Charles III du Canada, et le chef du gouvernement est le premier ministre Carney. Ainsi est rédigée la Constitution canadienne, et tant qu’elle ne sera pas révisée selon les modalités prévues, le roi demeurera le chef de l’État canadien, qu’on l’accepte ou non.
Ce qui m’indigne profondément, c’est le manque de respect affiché par certains individus à l’égard du souverain, un manque de respect qu’ils cultivent ouvertement envers celui qui est pourtant le garant de notre souveraineté.
Selo Noovo Info, Pour le Parti québécois (PQ) et le Bloc québécois, la venue du roi Charles III au Canada à la suite de la victoire de Mark Carney ne passe pas. «Je dois avouer que même moi, j’ai de la difficulté à y croire», a renchéri le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon.
Dans une publication sur X, M. St-Pierre Plamondon s’est attaqué aux propos du premier ministre canadien, qui a déclaré que la visite du monarque est «un honneur historique», qui «montre clairement la souveraineté de notre pays».
Le chef du Parti québécois commet une grave erreur politique en s’insurgeant contre son propre chef de l’État, d’autant plus que son parti ne compte que cinq députés sur un total de 125. Le roi Charles III est aussi le chef de l’État du Québec, et le premier ministre Legault est son premier ministre.
Un roi face à un président : deux visions du pouvoir et de la souveraineté
En ces temps difficiles et incertains, tant sur le plan économique que politique, il est crucial de faire face à un président des États-Unis plus dangereux que jamais. Avec ses visées destructrices et ses aspirations de conquête, seule l’union — et surtout la détermination — peut réellement faire la différence.
On évoque souvent la différence entre le roi du Canada et le président des États-Unis. Aujourd’hui plus que jamais, cette distinction prend tout son sens : un roi peut être un symbole protecteur et rassembleur, alors qu’un président instable, présentant des traits de personnalité frôlant l’autoritarisme, représente à lui seul un péril bien plus grave.
Quelle est l’importance du discours du Trône au Canada?
Il sera particulièrement important que le roi Charles III prononce le discours du Trône de la fin mai directement depuis la capitale canadienne en raison du contexte géopolitique actuel marqué par les attaques répétées de Donald Trump contre la souveraineté du Canada.
En agissant ainsi, le souverain réaffirme physiquement et symboliquement son rôle de chef de l’État du Canada, dans un moment où cette fonction est remise en question par des forces extérieures et parfois même par certains acteurs politiques internes.
Alors que Trump cherche à réduire le Canada à une simple extension des États-Unis, allant jusqu’à évoquer notre pays comme s’il n’était qu’un autre État de l’Union américaine, la présence du roi en sol canadien envoie un message clair : le Canada est une monarchie parlementaire indépendante, dotée de ses propres institutions, de son histoire et de sa Constitution.
Le discours du Trône, en tant qu’acte fondateur de chaque session parlementaire, prend donc une dimension exceptionnelle. Ce geste royal rappelle que la souveraineté canadienne n’est pas une illusion, mais une réalité enracinée dans le droit, incarnée par un monarque dont l’autorité est distincte et respectée. C’est un moment de cohésion nationale face aux pressions extérieures.
J’ai très hâte, personnellement, de découvrir le contenu du discours du Trône, rédigé par le premier ministre à l’intention du roi. J’ai le pressentiment que nous y vivrons un moment historique, et je ne serais pas surpris que le président Donald Trump lui-même tende l’oreille, puisque c’est en grande partie de lui qu’il sera question.
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