«J’AI HONTE DE MOURIR»

Il y a 20 ans ce mois-ci, nous quittait Christian B., l’ami d’un ami, des suites du SIDA. Il avait souhaité me rencontrer dans sa chambre à l’hôpital Notre-Dame de Montréal pour me raconter son histoire, pour ne pas sombrer dans l’oubli. Si je vous raconte son histoire, 20 ans plus tard, c’est qu’elle est encore d’actualité et qu’elle mérite d’être racontée.

Lors de notre rencontre, Christian était très faible et amaigri, il était sous oxygène et on m’avait dit qu’il n’en avait plus que pour quelques moments. Son récit était d’autant plus émouvant qu’il allait chercher ses dernières énergies pour le raconter.

Âgé de 21 ans, Christian était un jeune universitaire en commerce et un athlète de natation. Toujours en forme et actif, il vivait plei- nement sa vie et ses amours. Il n’avait rencontré que deux gar- çons dans sa vie et avait décidé de se laisser aller avec un beau travailleur de la construction de 25 ans, qui avait l’air évidemment très en santé, et qui lui a largué un VIH. Choc, traumatisme moral et panique alors qu’à cette époque, la trithérapie n’en était qu’à ses débuts. Malchance, les médicaments disponibles alors étaient sans effets sur lui, il semblait être porteur d’une souche très vi- rulente. Six mois après sa première pneumonie et de multiples autres infections, il s’est retrouvé à l’hôpital Notre-Dame, devant moi, sachant qu’il ne lui restait que quelques heures.

Il voulait me dire que sa plus grande déception n’était pas d’avoir contracté cette maladie, même de façon stupide et imprudente comme il disait, c’était plutôt d’avoir sacrifié l’avenir qu’il s’était tracé toute sa vie. Il avait tout prévu. Devenir PDG de sa petite en-

treprise de services Internet, s’entraîner pour des compétitions de haut niveau, avoir son condo avec son chum et son chien et profiter de SA vie. Il avait le sentiment d’avoir tout gâché pour un instant de jouissance qui lui aura coûté trop cher. Christian est décédé avec un bénévole à ses côtés la nuit suivante. Il n’a plus souhaité parler à personne après notre entretien.

Ce qui m’a le plus touché de cette rencontre, ce sont ses derniers mots avant que je ne quitte la chambre: «Pouvez-vous fermer le rideau SVP, j’ai honte de mourir et je ne veux pas qu’on me re- garde!». Parce que jusqu’à la fin, Christian avait sa fierté!

Nouvelle séance de signature de l’auteur

Jean-Philippe Bernié à la Mie Matinale!

(Gay Globe Magazine)

Suite au succès de la première expérience l’hiver dernier, voici que l’auteur et journaliste Jean-Philippe Bernié récidive et invite le pu- blic à venir se procurer ses romans «Quand j’en aurai fini avec toi» et «J’attendrai le temps qu’il faudra» à 50% de rabais (9,95$ plu- tôt que 21,95$ au prix régulier) au bistro La Mie Matinale, mieux connu sous le nom «Aux deux divas» (mini musée de Dalida et de Céline sur place), le samedi 19 août 2017 de 14 à 16h, lors de la journée communautaire de Fierté Montréal. Pour chaque achat d’un roman, l’auteur fera une dédicace personnalisée, et Disques A Tempo, la division culture de Gay Globe, offrira en cadeau deux CD dont un de musique classique et l’autre du Biodôme de Montréal, tout à fait gratuitement. La Mie Matinale est située au 1654, Ste-Ca- therine Est, coin Champlain, à Montréal. Venez en grand nombre!!!