LES 400 MOTS DE RÉJEAN THOMAS

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Avec l’autorisation du Dr Réjean Thomas, Directeur général de la clinique l’Actuel à Montréal

 Image: Générée électroniquement ©Gay Globe

Depuis quelques mois, une situation de santé publique suscite de nombreuses inquiétudes auprès des autorités médicales et des autorités de santé publique au pays, y compris au Québec. Par exemple, un premier constat catastrophique est que le taux de nouvelles infections du VIH a explosé de 120 % rien que pour Montréal. Alors que 310 cas de nouvelles infections au VIH ont été notés à Montréal en 2022, d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) sont aussi en hausse. La syphilis est en hausse de 100 %. «Des enfants naissent au Canada et meurent de la syphilis en 2023-2024, c’est quand même hallucinant», a déclaré le Docteur Réjean Thomas de la Clinique l’Actuel à l’Agence QMI.

La syphilis est une maladie grave, potentiellement mortelle, causée par une infection bactérienne, le Treponema pallidum. Non traitée, elle passe par diverses phases neurologiques et cardiovasculaires. À la fin, elle s’attaque à plusieurs organes internes comme le cerveau, le cœur, le foie, les os ou la peau. En l’absence de traitement antibiotique, la syphilis peut entraîner la mort. C’est également le cas pour le VIH. Si les infections se multiplient, c’est que les causes ne sont pas contrôlées et que l’éducation se heurte à un mur par manque de moyens. Plusieurs spécialistes mentionnent que la forte présence du crystal meth tue littéralement la communauté gaie et que le chemsex est un vecteur important des nouvelles infections. Ils dénoncent également l’absence de réponse de la santé publique face à cette crise. «On parle beaucoup de la lutte contre les opioïdes, mais très peu des ravages du crystal meth, qui est encore plus dévastateur. Ce sont les ONG et les cliniques dans le Village qui font le travail, mais avec peu de ressources», explique le Dr Réjean Thomas. « Quant aux immigrants et aux réfugiés, il est essentiel de les accueillir et de leur fournir les soins nécessaires rapidement, si besoin est. En effet, eux et leurs familles peuvent parfois être confrontés à des nouvelles terribles, telles qu’un diagnostic de VIH. » ajoute le Dr Thomas.

Un autre obstacle face au VIH est l’accès parfois difficile à un traitement, la PrEP, qui est pourtant très efficace et s’améliore constamment, notamment avec la possibilité de recevoir une injection tous les six mois, dont l’efficacité a été mesurée à près de 100%. Or, au Québec, contrairement à de nombreux autres pays, la PrEP n’est couverte que partiellement par l’assurance médicament. Le traitement peut donc coûter entre 100 $ et 250 $ par mois selon la couverture. Les communautés LGBTQ+ sont relativement bien informées de l’existence de la PrEP, mais le reste de la population souffre du manque d’information ce qui contribue à faire avancer le cas de transmission du virus.

Selon la Docteure Marina Klein, du Centre universitaire de santé McGill, les obstacles à l’accès aux soins de santé et les changements dans les infections elles-mêmes expliquent aussi ces augmentations. C’est pour cette raison que le Réseau canadien pour les essais VIH/Sida étendra ses recherches pour inclure les infections transmises sexuellement afin de trouver de nouvelles pistes de traitement. La Dre Klein ajoute que des essais cliniques se tiendront partout au pays sur la Mpox (variole du singe), la syphilis et l’hépatite B.

Le manque de médecins est également une cause de la difficulté à accéder aux traitements. Les délais pour une consultation sont plus longs, donc les infections se propagent plus facilement. Selon le Dr Réjean Thomas, l’État ne met pas assez de ressources dans le dépistage et l’accès aux traitements, ce qui met en péril l’objectif d’éradiquer le VIH à Montréal d’ici 2030, un objectif auquel s’étaient engagés les principaux acteurs économiques et sociaux montréalais.

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