Roger-Luc Chayer
Il existe au Québec un programme important de lutte contre l’homophobie
qui est géré par le Ministère de la Justice et qui n’existe
à peu près nulle part ailleurs dans le monde. Ce programme, qui
découle du Plan d’action gouvernemental de la lutte contre l’homophobie
2011-2016, consiste à aider financièrement des projets qui
visent à prévenir ou à combattre les préjugés, la discrimination
fondée sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression
de genre. Il vise aussi à favoriser la pleine reconnaissance des
personnes faisant partie des minorités sexuelles au Québec.
Pour être admissible à une subvention, l’activité ou le projet doit
être ponctuel, être réalisé en 12 mois ou moins et contribuer à l’atteinte,
de façon significative, de l’un des objectifs du programme.
L’aide financière peut atteindre 50 000$ et elle est versée une
seule fois pour une période maximale de 12 mois.
Gay Globe a obtenu la liste des projets retenus pour les années
2016-2017 et pour un montant total de 550,500$ de subventions,
ces sommes sont essentiellement consacrées à des projets visant
à démystifier l’homosexualité auprès de populations éloignées ou
pour mieux expliquer la réalité des communautés gaies dans les
écoles, etc. Un fait important qu’on peut observer dans le choix
des organismes et projets retenus par le bureau chargé d’évaluer
les demandes est qu’on a principalement retenu des projets dont
les résultats peuvent difficilement être évalués.
En effet, si on doit attribuer des fonds publics à des projets, le contribuable
est certainement en droit d’en connaître les retombées. Pour
la plupart des activités retenues, nous sommes loin de pouvoir en
apprécier les résultats, l’efficacité, l’efficience et c’est ce dernier
mot qu’il faut expliquer… L’efficience, selon Wikipédia, «est un
composant important de la mesure de la performance. C’est l’optimisation
de la consommation des ressources utilisées (intrants)
dans la production d’un résultat (extrant). Elle se mesure à partir
de rapports entre les résultats obtenus et les ressources utilisées.»
Pour y aller plus concrètement, prenons l’exemple de Jeunesse
Idem, un «milieu de vie dynamique pour la jeunesse allosexuelle+»
en Outaouais, subventionné pour la réalisation d’activités dans le
cadre d’un milieu de vie pour jeunes allosexuels de Gatineau qui a
reçu 12 500$. Peu importe le nombre de participants, de soirées,
l’impact de ces activités non définies, on accorde une somme tout
de même substantielle alors que les résultats sont totalement abstraits.
On peut toutefois lire dans le rapport obtenu par Gay Globe
de nombreuses activités très concrètes qui auront certainement
des retombées positives pour la société en général.
MAINS Bas-St-Laurent: 18,000$, Toxic-Actions: 15,000$, Escale
Centre-Ville du secteur Saint-Félicien: 10,000$, GRIS-Québec:
20,000$, Alliance Arc-en-ciel de Québec: 20,000$, GRIS-Estrie:
20,000$, IRIS Estrie: 15,000$, Corporation de développement
communautaire du Haut-Saint-François: 9,000$, Coalition des familles
LGBT: 25,000$, Fondation Jasmin Roy: 21,000$, Centre de
solidarité lesbienne: 10,000$ (pour l’organisation d’une seule journée
de visibilité lesbienne!!!), Centre communautaire des gais et
lesbiennes de Montréal: 10,000$. La plus importante subvention,
près de 10% du budget total, a été attribuée à la Coalition d’aide à
la diversité sexuelle de l’Abitibi-Témiscamingue: 49,000$.